Avez-vous vraiment un bon médecin?

De l’importance du diagnostic en médecine

Chacun de nous a une relation particulière avec la maladie, il y a celles et ceux qui arrivent a prendre leur mal en patience, qui se contentent de remèdes de grands-mères, ceux qui se dirigent directement à la première pharmacie pour demander conseil et ressortir avec un produit médicamenteux sensé les soulager, et puis il y a les autres, tous les autre qui préfèrent l’avis d’un médecin.

La question qui se pose est de savoir si celui-ci est un bon médecin? Difficile de répondre à ce genre de question, tant il est vrai que nous ne connaissons pas très bien quels sont les critères qui font que tel ou tel médecin est un bon docteur. Pour vous aider à choisir un bon praticien, Al Bayane est allé à la  rencontre le professeur Phillip Umbert.

C’est quoi un bon médecin ?

Quand on est malade, la première chose a laquelle on pense, c’est de consulter un médecin. Oui, mais pas n’importe quel médecin, nous recherchons tous celui qui a des compétences avérées, celui qui ne prescrit pas de médicaments inutiles, des analyses, ou des radios qui ne sont pas du tout nécessaire.  Bref un médecin Quelque part un bon médecin c’est celui qui arrive a concilier satisfaction du patient  et satisfaction de son travail accompli, c’est-à-dire le temps que passe le médecin avec ses malades, les rapports qu’ils entretient avec chaque patient , la pose d’un bon diagnostic, la logique de la prescription médicale, l’ amélioration des symptômes ou la guérison du malade, et bien entendu le bon médecin c’est aussi celui qui va intégrer dans l’exercice de ses fonctions, dans l’exercice du noble art une certaine logique de Santé Publique du pays et une logique financière pour les caisses.

Mais dans les faits de tous les jours, il en va autrement, et pour nombre de nos concitoyens malades, qui s’adressent au médecin, la compétence est souvent subjective, et pour eux  le bon médecin c’est celui qui prescrit beaucoup de médicaments, des bilans biologiques et radiologiques, des explorations fonctionnelles qui n’hésite pas à leur donner un arrêt maladie ou à les envoyer chez un ou même plusieurs spécialistes.

Des agissements pénalisants

Quand le médecin fait son travail comme le lui dicte sa conscience, respectueux de l’éthique  et ne répond pas au désir de son patient, ce dernier n’hésite pas partir chez un autre médecin, plus compréhensif.

Ce que nous écrivons ici n’est pas une vue de l’esprit, mais la réalité qui est vécue sur le terrain eu égard a notre expérience. C’est là un des effets pervers les plus graves de notre système de santé. Il suffit pour s’en rendre compte de voir le nombre de certificats médicaux de complaisances, qui permettent a un grand nombre de fonctionnaires et autres, de ne pas travailler pendant des jours, voire même des semaines, surtout au niveau de l’éducation nationale, ce qui du reste a été dénoncé par le département de tutelle, et les associations des parents d’élèves .

En outre beaucoup de praticiens sont aujourd’hui unanimes pour reconnaitre qu’il y a trop de prescriptions non justifiées. Que penser par exemple d’un dentiste qui voudrait à chaque fois vous passer aux rayons X?

Que penser aussi de celui qui prescrit un scanner ou IRM  pour une crise hémorroïdaire ?

Certains médecins n’hésitent pas a dénoncer ouvertement  ces agissements qui pénalisent une profession noble dont les  mission  sont d’écouter, de soulager, de soigner, de soutenir et de guérir les malades sans chercher la rentabilité…

Etre a l’écoute du patient

Il est clair que ce n’est pas une règle générale, mais Il faut reconnaître que tous les médecins n’ont pas la même approche dès lors qu’ils ont  en face d’eux un patient. Certains vont se contenter  de regarder le malade, d’écouter  plus ou moins ce qu’il raconte, et de prescrire rapidement une ordonnance, et dans ces conditions la consultation médicale n’aura durée en tout et pour tout  que 5 ou 10 minutes. Et au suivant.

D’autres  docteurs, vont prendre tout le temps nécessaire,  pour bien écouter ce que leur patient tient à leur  dire sans négliger aucun détail. Ils prennent  en compte les souffrances morales et événements douloureux de leurs patients et ils ont l’humilité de ne pas  tout savoir, ils cherchent à savoir toujours plus et accordent le temps nécessaire aux malades.

Cette capacité d’écoute est très importante, elle témoigne de l’intérêt que porte le médecin a son patient, et de la confiance qui doit prévaloir entre soignant et soigné. Au delà de cette capacité d’écoute,  des nombreuses questions que pose le médecin,  et de l’examen clinique approfondi  qui s’en suit, chercher là ou ca fait vraiment mal,  l’objectif c’est  de  poser  un bon diagnostic.

Dans son dernier ouvrage le professeur Phillip Umbert au travers d’une quarantaine de récits de consultations et d’histoires vraies de malades en quête d’une réponse, Philippe Humbert, le «Docteur House français », démontre comment des signes insoupçonnés peuvent se révéler la clé du problème.

Après la lecture de ce livre, vous ne serez plus le même patient, vous saurez qu’il y a toujours quelque chose à faire, et que la cause, l’origine de vos troubles n’est pas forcément là où vous le pensiez.

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Entretien avec le professeur Phillip Umbert

Al Bayane : Vous venez de publier un livre très passionnant  dans lequel vous relatez  40 histoires issues de votre propre expérience de praticien  et dans lesquelles vous  dites que de nombreux patients sont déçus de leur prise en charge et  comment certains médecins passent  a coté du bon diagnostic. Expliquez nous un peu tout cela.

Permettez-moi tout d’abord de vous remercier et de remercier votre Journal AlBayane qui me fait l’honneur et le plaisir de m’interviewer autour d’un rhème très important, à savoir : avez-vous un bon médecin ? Qui a fait comme vous le savez  l’objet de mon dernier ouvrage.

Alors pour répondre a votre question, je dirai tout simplement  qu’aujourd’hui en France il y a un paradoxe, nous avons une excellente médecine, nous disposons  de technologie  tés pointue, mais il y a toute la période qui conduit au diagnostic qui peut  parfois être très longue. Il s’agit dans la majorité des cas de malades présentant des symptômes banaux, des démangeaisons, des douleurs abdominales et autres, qui font l’objet de traitements symptomatiques  et ce au moment ou le médecin devait aller chercher la varie cause.

Vous dites  que le médecin prescrit des traitements symptomatiques, en quoi consistent ces traitements?

Le traitement symptomatique va servir uniquement a soulager la douleur, exemple le  mal de tête par du paracétamol, dans le cas d’une sensation de grattage de la peau, le médecin  prescrit des anti- histaminique, alors que si cette démangeaison persiste chez le malade, c’est qu’il y a autre chose qu’il faut chercher, et le bon  médecin, doit tout mette en œuvre pour  poser le diagnostic.

Alors justement, selon vous c’est quoi un bon médecin et un mauvais médecin ?

Je ne saurais répondre a une telle question, je n’en ai pas les capacités, mais Osler, un médecin Canadien du siècle dernier  disait qu’un bon médecin, c’est celui qui traite la maladie et le grand médecin, c’est celui qui traite le malade.

Oui, mais encore ?

Alors d’une manière générale, je dirais qu’il y a deux aspects importants, le patient doit faire confiance a son médecin, mais être exigent. C’est-à-dire que lors d’une consultation médicale, il doit y avoir un certains nombre de questions qui sont posées par le médecin, tout dépend du ou des symptômes. Ensuite il y a l’examen général, au cours duquel le médecin va examiner tout le corps de son patient, a la recherche de ganglions, voir les reflexes ostéo-tendineux, voir si il y a des les signes d’une phlébite …

Ensuite le médecin cherchera a savoir ce qu’il en est de la souffrance morale v de son patient, des événements douloureux de la vie qui ont pu souvenir et qui sont la réelle cause des problèmes de santé du malade… Quand tout cela est réuni, lev malade est en droit d’exiger un diagnostic, on ne peut pas répondre au malade que ce n’est rien. Cette réponse n’est pas un diagnostic.

Qui de la responsabilité du malade ?

Concernant le malade, celui-ci doit garder toutes ses ordonnances, les prescriptions des différents examens avec les résultats, le malade ne doit rien jeter. Son dossier doit être présenté chaque fois qu’il consultera un autre médecin, qui pourra examiner lui aussi les bilans réalisés, et qui donnera son avis et pourra en tant que spécialiste plus expérimenté voir, constater, repéré des choses très discrètes ce que un autre praticien n’a pas vu ou remarqué et partant poser un bon diagnostic.

A ce propos dans mon livre que j’ai écris, il est clairement notifié que le malade a une responsabilité très importante dans le sens ou il doit préparer sa consultation, réfléchir a ce qu’il va dire au médecin, ne pas rester fixé uniquement sur ses douleurs, par exemple douleurs articulaires, mais informer le médecin s’il a mal à la tête, mal au ventre v, s’il a eu des chocs psychologiques dans sa vie, s’il ne dort pas bien, le patient doit informer le médecin sur tous ces éléments sur lesquels il s’appuiera pour trouver la cause interne de ces douleurs articulaires.

Quand le médecin a le dossier du malade, et  tous ces éléments en main, celui-ci à une exigence de diagnostic et le choix du bon traitement.

Donc cet ouvrage : «Avez- vous un bon médecin» est un récit de 40 histoires réelles pour ne plus passer à coté d’un diagnostic, des histoires vécues par des patients, que je raconte.

Ouardirhi Abdelaziz

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