Crise migratoire en Europe orientale :La Russie et Turquie nient toute implication

Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

Accusé, par plusieurs capitales occidentales, d’avoir orchestré, avec le régime d’Alexandre Loukachenko, l’envoi de migrants à la frontière orientale de l’Union européenne séparant la Biélorussie de la Pologne, le président russe Vladimir Poutine s’en est défendu, avec force, lors d’une interview diffusée, ce samedi, par la chaîne « Vesti » en déclarant : « Je veux que tout le monde sache que nous n’avons rien à voir là-dedans ».

Au cours de cette interview, le président russe que le premier ministre polonais avait accusé d’être le « commanditaire » de « l’attaque » migratoire attribuée à Alexandre Loukachenko, a affirmé que les dirigeants européens devraient s’adresser directement au chef de l’Etat biélorusse pour résoudre cette crise. Il ajoutera : « D’après ce que j’ai compris, Alexandre Loukachenko et Angela Merkel sont prêts à se parler.  J’espère que cela arrivera dans un futur proche ».

La veille, le président américain Joe Biden avait affirmé avoir fait part de sa « préoccupation à la Russie et à la Biélorussie » et la chancelière allemande Angela Merkel avait, de son côté, demandé au président russe « d’agir » auprès de Minsk pour stopper cet afflux de migrants qui, pour l’Union européenne n’est rien d’autre qu’une réponse aux sanctions que cette dernière a infligé au régime du vieux Loukachenko après la réélection contestée de ce dernier en 2020.

En abondant dans le même sens, Svetlana Tsikhanovskaïa, la cheffe de l’opposition biélorusse, a appelé, sur son compte Twitter, les pays de l’UE qui se sont efforcés, depuis plusieurs jours, d’enrayer ces mouvements en stoppant les vols à destination de Minsk, à rejeter toute discussion avec la Biélorussie au motif qu’« il ne peut pas y avoir de dialogue avec le dictateur qui tente d’exercer un chantage sur les pays démocratiques ».

Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, a menacé, de son côté, de « sanctionner tous ceux qui participent au trafic ciblé de migrants » au départ de Biélorussie vers l’Union européenne ; faisant allusion, par-là, à la Turquie du moment que la compagnie nationale turque « Turkish Airlines » est la principale compagnie aérienne reliant les pays du Moyen-Orient et l’Europe.

Fustigeant les accusations relatives à l’implication de la Turquie dans l’arrivée de migrants en Biélorussie, Ibrahim Kalin, le porte-parole de la présidence turque,  a tenu à préciser que cette crise migratoire « n’a rien à voir avec la Turquie ». Interrogé, par l’AFP, il répondra : « Il semble qu’un nombre important de migrants et de voyageurs se rendent en Biélorussie pour, ensuite, gagner la Lituanie, la Pologne et d’autres Etats européens : en rendre responsable la Turquie, ou Turkish Airlines, est tout simplement malavisé et déplacé ».

Rappelant, par ailleurs, que les candidats au voyage vers Minsk en provenance d’Irak, notamment, disposent, en général, de « billets, passeports et visas », Ibrahim Kalin a rappelé que « tout se fait selon les règles établies » et que, dans ce cas, « Turkish Airlines n’a pas contrevenu » à la règlementation en vigueur  dans la mesure où ce que font ces voyageurs « une fois arrivés sur place n’est pas de la responsabilité de la Turquie ».

D’ailleurs, pour prouver sa bonne foi, Ankara a, dès vendredi, interdit aux ressortissants de Syrie, d’Irak et du Yémen d’emprunter les vols en direction de Minsk à partir des aéroports turcs et donné  ses instructions à la compagnie nationale « Turkish Airlines » pour que celle-ci ne les accepte plus à son bord pour cette destination.

Lui emboitant le pas, la compagnie aérienne syrienne « Cham Wings » a annoncé, samedi, avoir arrêté ses vols en direction de la capitale biélorusse « en raison de la situation difficile à la frontière entre la Biélorussie et la Pologne et du fait que la plupart des passagers des vols pour Minsk sont des citoyens syriens et qu’il est compliqué d’identifier qui a pour destination finale la Biélorussie et qui est un migrant ».

En niant toute responsabilité dans cette crise migratoire, Moscou et Ankara entendraient-elles la faire endosser au seul régime d’Alexandre Loukachenko ?

Tout porte à le croire mais attendons pour voir…

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