Semaine cruciale en Israël
Une semaine critique s’ouvre lundi en Israël où le nouveau gouvernement attend avec fébrilité le vote de confiance, une coalition dont sera exclu pour la première fois en 12 ans Benjamin Netanyahu, accusé de pratiquer la politique de la « terre brûlée ».
Ce vote au Parlement est la dernière étape avant l’installation au pouvoir de la coalition hétéroclite formée in extremis le 2 juin par le chef de l’opposition Yaïr Lapid avec deux partis de gauche, deux du centre, trois de droite dont Yamina (radicale nationaliste) et la formation arabe israélienne Raam (islamiste).
Selon les médias israéliens, la consultation formelle des députés pourrait intervenir soit mercredi soit le lundi 14 juin.
La décision est aux mains du président de la Knesset, Yariv Levin, qui doit s’exprimer sur ce calendrier à 16H00 locales (13H00 GMT) à l’ouverture d’une session parlementaire, à indiqué à l’AFP un porte-parole du Parlement.
Le futur Premier ministre désigné, le chef de Yamina Naftali Bennett, avait appelé dimanche M. Levin, membre du parti de droite Likoud de M. Netanyahu et un fidèle de ce dernier, à ne pas jouer la montre.
« Nous savons que Netanyahu met la pression pour retarder ce vote afin de tenter de trouver des déserteurs mais vous devez agir pour le bien de l’Etat d’Israël pas pour celui de M. Netanyahu », a plaidé dimanche M. Bennett.
La nouvelle coalition, censée mettre un terme à plus de deux ans de crise politique marquée par quatre élections législatives, a été formée pour évincer M. Netanyahu, au pouvoir pendant 15 ans, un record.
Acculé, le Premier ministre sortant Benjamin Netanyahu multiplie les mises en garde et les formules de dénigrement contre la nouvelle équipe, jusqu’à en inquiéter les services de sécurité locaux.
Lundi, le dirigeant de 71 ans a de nouveau qualifié sur Twitter de « gouvernement de gauche dangereux » la nouvelle coalition.
« Les tentatives pour défier ou empêcher la mise en place du nouveau gouvernement franchissent toutes les lignes rouges », s’est inquiété dans un éditorial le quotidien le plus lu du pays, Yediot Aharonot.
Aux cris de « traîtres », les soutiens de Benjamin Netanyahu ont multiplié les menaces en ligne ou lors de rassemblements devant les domiciles des dirigeants de la nouvelle coalition.
Un climat qui « rappelle les jours ayant précédé la mort de Yitzhak Rabin », relève le Yediot Aharonot, en référence à l’assassinat du Premier ministre travailliste israélien en 1995 par un extrémiste juif à la suite des accords d’Oslo sur une autonomie palestinienne.
Nadav Argaman, le patron du Shin Beth, le service de sécurité intérieure, est sorti samedi de son habituelle réserve pour mettre en garde tous les responsables politiques contre « une augmentation des discours incitant à la violence, notamment sur les réseaux sociaux ».
Des discours, selon lui, qui peuvent être « compris par certaines personnes ou certains groupes comme un permis pour commettre des violences » pouvant aller jusqu’à entraîner des « blessures mortelles ».
Signe d’une inquiétude de plus en plus vive faisant redouter des violences, la commission des affaires sécuritaires du Parlement s’est réunie en urgence le matin.
Parmi les questions à l’ordre du jour de la réunion, une controversée « marche des drapeaux » initialement prévue jeudi à Jérusalem-Est, secteur palestinien occupé par Israël, à l’appel de figures de l’extrême droite.
La manifestation a finalement été annulée lundi par les organisateurs, après le refus de la police d’approuver son tracé.
Le mouvement islamiste palestinien Hamas a lui menacé d’une nouvelle escalade si la marche était maintenue. « Nous espérons que la journée de jeudi ne devienne pas » un nouveau 10 mai, a lancé un ténor du Hamas, Khalil al-Hayya, en référence au début de l’escalade entre le Hamas et Israël qui a mené à une guerre de 11 jours.
Dans ce climat de tensions faisant redouter des rebondissements sécuritaires, le nouveau gouvernement, que tout oppose sur le papier, a eu dimanche sa première réunion de travail autour du centriste Yaïr Lapid et de Naftali Bennett.
Selon l’accord de coalition, Naftali Bennett devra diriger en premier le gouvernement jusqu’en 2023 puis sera remplacé Yaïr Lapid jusqu’en 2025.
Dans une allocution solennelle dimanche, M. Bennett a appelé M. Netanyahu, son ancien mentor, à cesser de pratiquer la politique de « la terre brûlée ».
« Toute la nation veut se souvenir du bien que vous avez fait à ce pays, pas de ce genre d’état d’esprit. »