«Je suis venu de nouveau pour l’Iran. Je suis venu pour l’Islam. Je suis venu pour plus de liberté, plus de sécurité et plus de progrès» C’est en ces termes que le Président iranien Hassan Rohani s’est adressé à ses concitoyens ce vendredi quand il s’est officiellement porté candidat à sa propre succession aux élections présidentielles du 19 Mai prochain.
Rohani espère que le succès diplomatique qu’il a obtenu en signant l’accord nucléaire avec les grandes puissances et en arrachant la levée en Janvier dernier d’une grande partie des sanctions économiques infligées à son pays durant plus de douze années, lui permettront de barrer la route aux conservateurs.
Mais s’il avait été élu facilement en 2013 en obtenant dès le premier tour plus de 50% des suffrages fort du soutien des partis modérés et des réformateurs qui voyaient en lui un dirigeant pragmatique capable de s’entendre avec l’Occident, la donne n’est plus la même aujourd’hui car s’il peut s’énorgueillir d’avoir doublé les exportations pétrolières et ramené l’inflation de plus de 40% à près de 8%, il n’est parvenu ni à relancer l’économie ni à réduire le chômage qui s’est accru en passant de 10,5% à 12,4%
Considérant que «la préservation du Plan global conjoint constitue la principale question de politique intérieure et la principale question économique» intéressant le peuple iranien, le candidat Rohani rappelle que l’économie du pays marche mieux que les années précédentes du fait de la mise en marche des centrifugeuses, que «l’ombre néfaste de la guerre s’est dissipée» et que le pays évolue dans la sécurité même en se trouvant «au sein même de la région cahotique du Moyen-Orient».
Or, il convient de rappeler, néanmoins, que l’arrivée d’un nouveau président à la tête des Etats-Unis n’est pas pour faciliter la tâche au président iranien sortant puisque Donald Trump conteste aussi bien l’accord nucléaire signé par son prédécesseur que la situation des droits de l’Homme en Iran.
Aussi, pour alléger les difficultés rencontrées par les classes populaires iraniennes et les rallier à sa cause à la veille des prochaines échéances électorales, le Président Rohani a décidé de tripler le montant de l’aide directe accordée par l’Etat à près de 10 millions d’iraniens.
Enfin, si la liste des candidats au scrutin présidentiel du 19 Mai 2017 ne sera rendue publique que le 27 Avril prochain, le principal concurrent du président iranien sortant devrait être le religieux conservateur Ebrahim Raissi, arrivé en tête des cinq personnalités qui avaient été choisies par près de 3.000 conservateurs regroupés au sein du «Front Populaire des Forces de la Révolution Islamique». Ce candidat est réputé proche du guide suprême l’Ayatollah Ali Kamenei qui, l’année dernière, lui avait remis entre les mains les rênes de la puissante fondation «Astan Qods Razavi» à la tête d’un grand nombre de sociétés de construction et de services et d’une multitude d’usines et de terrains répartis à travers l’ensemble du territoire.
Se disant «candidat de tous les iraniens et de tous ceux qui veulent la grandeur de ce pays», Raissi, 56 ans, entend mettre l’accent sur le soutien à accorder aux classes populaires et joue la modération en se proclamant partisan de «l’interaction avec tous les pays, avec respect» à l’exception de l’Etat d’Israël, ennemi juré de l’Iran.
Nabil El Bousaadi