Pour sa première séance mensuelle des questions de politiques publiques à la Chambre des conseillers, le chef du gouvernement, Saad Eddine El Othmani, a été interpellé sur l’épineux dossier de l’emploi.
Au moment où les parlementaires s’attendaient à de grandes annonces, en l’occurrence des mesures d’urgence pour réduire le chômage qui continue de sévir, le chef du gouvernement s’est limité à rappeler les actions prévues dans le programme gouvernement. Il considère que les 42 premiers jours du gouvernement ne permettaient pas d’élaborer de nouveaux programmes d’emploi. Cela est dû au « caractère complexe de ce dossier, qui nécessite une politique publique de long terme». Ainsi, le chef du gouvernement ne s’est pas aventuré à chiffrer le nombre de postes qui pourraient être crées au cours de son mandat. En fait, la priorité sera surtout donnée à l’évaluation des programmes d’emploi «Taehil» et «Tahfiz». Même la stratégie d’emploi 2015-2025 sera revue. L’idée est d’adopter une nouvelle politique afin de faire progresser le Maroc dans le classement « Doing Business ». La nouvelle feuille de route entend améliorer les mesures d’incitation sectorielles en les reliant à la création d’emplois, tout en renforçant les programmes d’auto-emploi. Le but est également d’encourager les entreprises à organiser des formations au profit des lauréats et à promouvoir la création de pépinières intégrées à la disposition des porteurs de projets et des chercheurs.
Par ailleurs, le code du travail sera réformé afin de l’adapter aux normes internationales et assurer un travail décent à toutes les catégories. Le chef du gouvernement a également annoncé l’activation de la commission interministérielle de l’emploi. Son plan d’attaque n’a toutefois pas convaincu les parlementaires. Abdellatif Ouammou, conseiller PPS à la deuxième chambre, est resté sur sa faim quant aux mesures permettant de créer de créer des emplois. «Nous ne pouvons plus poursuivre les stratégies classiques, mais comment lutter contre le chômage ?», s’est-il interrogé. Et c’est une véritable thérapie de choc qu’il faut pour lutter contre le chômage, estime-t-il. Pour Abdellatif Ouammou, le gouvernement doit développer un système économique organisé. Le chef du gouvernement reconnait d’ailleurs que la dépendance économique au secteur agricole ne permet pas d’enregistrer une croissance régulière. Or, «l’irrégularité de la croissance économique ne permet pas de réduire le chômage», a-t-il dit.
Les parlementaires ont émis quelques propositions pour lutter contre le chômage. Les avis sont unanimes : «la problématique de l’emploi doit être géré au niveau régional et non pas central». Ainsi, «une caisse de garantie de l’emploi, financé par l’Etat et les collectivités territoriales devrait être mise en place pour soutenir les chercheurs d’emploi».
Les conseillers restent aussi convaincus de la nécessité de réorienter les investissements vers de nouvelles régions. Ils veulent notamment cibler les populations rurales pour réduire les disparités entre milieu rural et milieu urbain. L’offre ne cadre pas non plus avec les besoins du marché, comme l’a souligné Abdellatif Ouammou.
Au-delà de l’approche classique, la problématique du chômage nécessite des solutions exceptionnelles, notamment le ciblage des grands secteurs économiques, l’élargissement du domaine des professions libérales réglementées, ont-ils estimé, ajoutant que le développement demeure tributaire de la réduction du taux de chômage, de pauvreté et de précarité, ainsi que le renforcement de la stabilité sociale.
Hajar Benezha