Attendons pour voir…
Alors que, depuis le lancement de l’offensive militaire du Hamas contre l’Etat hébreu, il était attendu, par les chancelleries du monde entier, pour savoir si le pays du cèdre va être entrainé dans la guerre en cours dans la région, du moment que, dès le lendemain, les combattants du Hizbollah libanais, mouvement chiite pro-iranien, s’étaient opposés aux forces israéliennes à la frontière séparant leurs deux pays, le discours de leur leader Hassan Nassrallah a bien eu lieu, ce vendredi 3 novembre.
En déclarant, d’emblée, qu’« Israël n’est qu’un instrument », le chef du mouvement libanais, a directement accusé les Etats-Unis d’être « responsables de la guerre en cours » car ce sont eux qui « empêchent le cessez-le-feu et l’arrêt de l’agression » ; une assertion difficile à contredire quand, dès son arrivée à Tel Aviv, le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken, qui était attendu pour éteindre l’incendie, a, au contraire, jeté de l’huile sur le feu en déclarant qu’Israël a, non seulement, « le droit » mais, également, « l’obligation de se défendre » comme si l’attaque du 7 Octobre n’avait pas pour raison d’être cette colonisation et cette répression du peuple Palestinien qui durent depuis 75 ans.
En se contentant de plaider pour des « pauses humanitaires », le chef de la diplomatie américaine n’a rien fait d’autre qu’appeler à « faire plus » pour protéger la population de Gaza.
Comment ? Parole, parole, comme dit la chanson…
Mais en saluant, de son côté, la bataille « héroïque » que le Hamas a lancé sans aucun appui extérieur et sans prévenir personne, Hassan Nassrallah a déclaré que son mouvement se prépare à « toutes les options » en cas de dégradation de la situation et d’une intervention américaine et mis en garde les Etats-Unis contre toute tentative d’ « attaquer le Liban » ou de « mener une opération préventive ».
En agissant ainsi, les Etats-Unis feraient « la plus grande bêtise de (leur) existence du moment que leur « flotte en Méditerranée » ne fait pas peur au Hizbollah et que leurs « intérêts », leurs « soldats » et leur « flotte » seront les « victimes » et les « plus grands perdants ».
En réponse au leader libanais qui, pour toutes ces raisons, a invité Washington à se préparer à l’éventualité d’une « escalade additionnelle ou une guerre totale » à la frontière libanaise, les Etats-Unis ont, immédiatement, mis en garde ce dernier contre toute tentative de « profiter » de la guerre entre Israël et le Hamas pour ouvrir un nouveau front.
Or, en évoquant ce front libanais « ouvert pour soutenir Gaza » qui « mobilise le tiers de l’armée israélienne, et en saluant les formations irakiennes et yéménites qui sont « entrées dans cette bataille bénie » en effectuant des tirs en direction du territoire israélien, Hassan Nassrallah a tenu à préciser que son mouvement, qui est « entré dans la bataille dès le 8 Octobre », a déjà perdu 54 combattants dans des affrontements avec Tsahal dans les zones frontalières. Va-t-il s’arrêter là ? Rien n’est moins sûr…
Mais, bien que, pour Samy Gemayel, le chef des Kataëb, la décision de faire entrer le Liban dans le conflit en cours est « entre les mains de Hassan Nassrallah », il ne faudrait pas oublier que « le Hizbollah agit dans son propre intérêt (et que) l’intérêt de l’Iran aujourd’hui est de ne pas entrer en guerre » même si cette situation est appelée à évoluer en fonction des circonstances. Alors, attendons pour voir…
Nabil El Bousaadi