Créée il y a 7 mois, la jeune association Achabar basée à El Hajeb a organisé, du 06 au 11 Décembre 2016, la première édition du festival international de l’art de Boughanime, une expression artistique ancienne en voie de disparition. Cette édition, qui a été marquée par la participation des pays en l’occurrence de la France, le Yémen, l’Irak et la Mauritanie, a pour but la sauvegarde de ce patrimoine musical à travers l’archivage, la documentation, ainsi que la garantie d’une nouvelle relève, pérennisant cet héritage de la musique marocaine.
Al bayane: Pourquoi avoir placé ce festival sous le signe de l’art du Boughanime?
Abdelmalek Hamzaoui: Tout simplement parce qu’il est en voie de disparition. D’où l’organisation de cette première édition qui a pour but de sauvegarder cet art authentique. D’ailleurs, il ne reste que quatre vétérans en la matière dont le plus jeune Adi Hammou, 65 ans dans la région de Tounfit et le grand Lhacen Oubaqdi, qui est très malade et qui portait le nom de cette édition. Il y’a également Lahcen Ouril de Ait Bougmaz (84 ans), Muhend Oulhou dans la région de Imilchil (66ans). Nous voulions sauver à travers ce festival ce patrimoine artistique et l’enregistrer comme patrimoine mondial immatériel de l’Unesco. Cette manifestation artistique et culturelle se veut internationale parce que nous avons invité d’autres pays comme le Yémen, l’Irak, la France, la Mauritanie. Le programme de cette édition était riche et diversifié. Le festival a été organisé par l’association Achabar avec une enveloppe budgétaire de 74.000 Dh. Un budget modeste, mais la volonté était là. Plusieurs membres de l’alliance marocaine des écrivains amazighs ainsi que d’autres partenaires y ont participé.
Quid de la conservation de l’art de Boughanim? Y a-t-il des initiatives ou encore des projets à venir pour conserver cet art et expression artistique et poétique?
Quand on a diffusé l’information sur la tenue d’un festival consacré à l’art de Boughanime, à travers mes relations et mes connaissances, nous avons pu rassembler 12 jeunes qui pratiquent cet art, mais en tant qu’amateurs. Ces 12 jeunes seront parrainés par l’association Achabar et l’alliance marocaine des écrivains amazighs en partenariat avec l’Institut Royal de la Culture Amazighe (IRCAM) ou avec le Ministère de la Culture dans le but d’assurer la relève. Aujourd’hui, nous avons au total 16 personnes. Nous avons essayé d’inviter d’autres vétérans de cet art dont Moha Ouqiza. L’année prochaine, grâce à un grand budget, nous essayerons d’élargir notre champ d’action et d’organiser un grand événement digne de cet art.
Des recherches ont-elles été faites en matière d’archivage et de sauvegarde?
Autrement dit, pourquoi un tel évènement pour cet art ? Parce qu’il y a une recherche que j’avais faite dans un ouvrage paru en 2014 intitulé «les trésors du Moyen Atlas». J’avais découvert que sur le terrain, il ne restait que 4 maitres de cet art. Un constat qui m’avait interpelé ! Dans ce cadre, on a eu le privilège d’organiser cette édition, dont une table ronde qui a connu la participation des figures de proue de l’art de Boughanime et au cours de laquelle les chercheurs ont braqué les lumières sur les difficultés auxquelles fait face cet art, pour chercher des sources de revenus pour ces artistes, leur assurer la couverture médicale et leur octroyer la carte d’artiste.
Par ailleurs les activités, les colloques, et les soirées seront enregistrés et sauvegardés pour servir de documentation à l’adresse des chercheurs, universitaires, ainsi que des passionnés de cet art.
Nous souhaitons que la ville d’El Hajeb soit une destination reconnue pour les artistes, les penseurs et que les opportunités naturelles et touristiques de cette région soient promues.
Mohamed Nait Youssef
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