Israël-Hezbollah : Un très fragile cessez-le-feu

Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi 

Le cessez-le feu qui a été signé, après plus d’une année d’hostilités transfrontalières et deux mois d’une guerre ouverte entre Israël et le Hezbollah, et qui a été accueilli avec un grand Ouf de soulagement par la communauté internationale, n’aurait-il d’existence réelle que « sur le papier » ?

C’est ce que l’on pourrait croire car bien qu’étant entré en vigueur à l’aube de ce mercredi 27 novembre et que des colonnes de blindés des Forces Armées du Liban (FAL), l’armée régulière libanaise, aient été aperçues faisant route vers le sud du pays, montrant, par-là, l’engagement des autorités du Pays du Cèdre à respecter les dispositions de cet accord afférentes au redéploiement des FAL à la frontière israélo-libanaise aux cotés des Casques Bleus de la Force Intérimaire des Nations-Unies au Liban (FINUL) et au retrait progressif, dans un délai de 60 jours, des soldats de Tsahal et des combattants du Hezbollah, dès le lendemain, les deux parties se sont mutuellement accusées de violations de la trêve après le raid aérien, lancée par Israël, contre un entrepôt de roquettes de la milice chiite libanaise dans le sud du pays et l’annonce, par Israël, de la localisation et la confiscation, par ses soldats, « d’armes qui étaient dissimulées dans une mosquée par des éléments du Hezbollah ».

Mais tout en prévoyant un repli de la milice chiite libanaise du Hezbollah jusqu’au nord du fleuve Litani, à près de 30 kilomètres de la frontière israélo-libanaise, et un démantèlement de ses infrastructures militaires dans le sud du Liban, l’accord signé, par les deux parties autorise, néanmoins, les forces israéliennes à se réserver « une totale liberté d’action militaire » dans la région si, en violation des dispositions arrêtées, le Hezbollah « tente de se réarmer ».

Et si, par ailleurs, le ministère Libanais de la Santé a fait état, dans un communiqué, de trois blessés, dont un enfant de 7 ans, lors d’une frappe lancée, ce samedi, par les forces israéliennes contre un véhicule, et que Tsahal a annoncé, de son côté, qu’un navire de la marine israélienne a intercepté un drone qui s’approchait du territoire israélien, l’Agence Européenne de Sécurité Aérienne (AESA) a sommé les belligérants d’éviter de survoler l’Iran et le Liban et d’appliquer un « processus de surveillance rigoureux » lors du survol de l’Etat hébreu. 

Tel Aviv ne faisant pas confiance aux Casques Bleus de la FINUL du fait de leur incapacité à désarmer le Hezbollah comme l’avait prévu l’accord de cessez-le-feu qui avait été signé, par les deux parties, en 2006, un mécanisme de surveillance du cessez-le-feu va donc être mis en place.

Comprenant les représentants des armées israélienne et libanaise, de la FINUL et de la France, ce mécanisme sera coprésidé, provisoirement, par le général américain Jasper Jeffers et l’émissaire américain Amos Hochstein, en tant que coprésident civil, dans l’attente de la nomination d’un président à titre permanent.

Mais en étant particulièrement méfiant quant à la capacité de ce mécanisme de faire respecter le cessez-le-feu, l’Etat israélien a tenu à ajouter, dans le texte y afférent, une clause lui octroyant le droit d’intervenir unilatéralement en cas de menace directe sur sa sécurité même si, comme l’a précisé, Filippo Dionigi, spécialiste du Hezbollah à l’Université de Bristol en Angleterre, cela ne convient aucunement au Liban car attentatoire à son « intégrité et à sa souveraineté nationale ».

Au vu de tout cela, il est à craindre que ce nouveau cessez-le-feu signé par Israël et le Hezbollah ne soit pas là pour durer, mais attendons pour voir…

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