C’est un retour aux origines et aux sources que fait Kamal Moummad! L’acteur international prépare un court métrage sur le mariage traditionnel amazigh. Fasciné par la culture de son pays d’origine, Kamal nourrit le désir de présenter la beauté, la pureté et la poésie des noces dans les régions du Sud marocain à travers le 7e art.
Al Bayane : On a entendu dire que vous préparez un film sur la culture amazighe. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce projet cinématographique ?
Kamal Moummad : Quand je suis venu à Zagora pour la première fois, dans le cadre du Festival international du film transsaharien qui m’a rendu hommage l’année dernière, j’ai été touché par la culture amazighe. Mes parents sont issus de la région et j’ai voulu écrire un scénario sur les «Imawayens». Dans un mariage traditionnel amazigh, les «Imawayens» sont ceux qui accompagnent la mariée jusqu’au village du marié. C’est le moment où la femme quitte sa sphère d’intimité et sa maison familiale pour rejoindre sa famille adoptive et d’accueil. Dans ce processus, il y a beaucoup de traditions qui sont respectées. J’ai voulu mettre en avant cette tradition, ses costumes. C’est un scénario très minimaliste. Il y a peu de dialogue, mais la musique, les chants traditionnels et les couleurs sont plus valorisés. Toute cette transition est filmée à travers le regard de la mariée. Dans le film, les émotions du père qui donne la main de sa fille unique seront également dévoilées. C’est très important pour moi que l’acteur révèle les émotions du père, à la fois sa fragilité, mais aussi sa force tranquille. Dans le film, le mariage sera vu à travers différents optiques, lunettes et objectifs (celui de la mariée, du petit frère et du père).
Dans le film, il sera également question d’un mélange entre la culture amazighe et la culture Touareg. Je veux également évoquer la culture ancestrale : comment les coutumes amazighes sont transmises de générations aux générations. Ce qui est magnifique avec la culture amazighe, c’est que le peuple amazigh au Maroc a su préserver cette culture et quelque fois, l’imposer. Malheureusement, c’est une culture qui a subi à travers les décennies une certaine pression. La culture amazighe a su s’imprégner des autres cultures avec le temps. L’intention que j’ai, c’est de tourner à Zagora avec des gens de la région. Pour vous dire, il a fallu que je fasse des recherches pour écrire le scénario parce que je voulais que le travail soit précis, profond et bien fait.
Sera-ce un documentaire ou une fiction ?
C’est une fiction. Il s’agit d’un court métrage.
Pourquoi avoir choisi de parler des «Imawayens»?
Pour une simple raison, vue de l’extérieur, la question du mariage et de la nuit de noces dans la culture amazighe est souvent l’objet de préjugés. Ce regard d’ailleurs est souvent négatif et porteur de clichés et de stéréotypes. Je voudrais présenter la beauté et la pureté de cette coutume sans rentrer dans le jugement et la censure. Ce qui fait notre force, c’est le traditionnel. Ces nuits de noce sont plus qu’un simple mariage. En fait, ce sont deux villages et deux familles qui se marient.
En tant qu’acteur international, vous avez à la fois un regard interne et externe. Comment transmettrez-vous ce pan de la culture amazighe à travers le cinéma ?
Il y a un amour pour la culture, mais un amour un peu aveugle. J’ai envie de réparer cette image et montrer la beauté et l’ampleur de cette culture à travers le 7e art et surtout être à la hauteur de la splendeur de cette culture. Il va y avoir des grands plans, des plans moyens et des plans larges pour établir l’ambiance. J’aimerais que la personne qui regarde ce film ait l’impression d’être un membre de la famille ou un invité. C’est l’intimité que je veux créer dans ce film.
Mohamed Nait Youssef