Industrie
Romuald Djabioh
La Coalition pour la Valorisation des Déchets (COVAD) a organisé, le mardi 10 décembre, une conférence scientifique placée sous le thème « Transition vers une économie circulaire et bas carbone ». Cet événement a rassemblé plusieurs acteurs majeurs issus des secteurs public et privé, des ONG et des institutions internationales. Il témoigne de l’engagement croissant du Maroc à relever les défis environnementaux tout en favorisant des opportunités économiques durables pour soutenir son développement.
Le Maroc s’engage en effet dans la transition vers une économie circulaire et bas carbone. À cet égard, de nombreuses initiatives sont mises en place pour atteindre cet objectif. Mounir El Bari, président de la COVAD, a ainsi souligné, lors d’un entretien en marge de l’événement, la prise de conscience du Maroc quant à l’importance de renforcer sa souveraineté industrielle, un processus accéléré par la pandémie de Covid-19.
« Depuis la pandémie de Covid, le Maroc a pris conscience de l’importance de la souveraineté industrielle. La crise a révélé les pénuries de matières premières dues aux confinements et à la fermeture des frontières, notamment en Chine. Cela souligne la nécessité de développer la production locale en valorisant les déchets pour remplacer certaines importations. »
Dans le même ordre d’idées, il a indiqué la quantité importante de produits jetés qui pourraient être réutilisés. « Aujourd’hui, une grande partie des déchets est incinérée sans valorisation. C’est dans ce contexte que COVAD intervient. Le Maroc génère près de 26 millions de tonnes de déchets, dont 7 à 8 millions de tonnes industriels peuvent être traités en BtoB. Ces déchets, comme le plastique, le carton, le verre, le caoutchouc et la ferraille, peuvent être réutilisés, réduisant ainsi la dépendance aux importations. »
« Certaines industries, comme celle du caoutchouc, importent près de 300 000 tonnes par an depuis l’UE, alors que des ressources locales existent, notamment via le recyclage du caoutchouc usagé. Ce processus, en phase avec la politique bas carbone, consomme moins d’énergie et réduit les coûts. En développant une industrie du recyclage, le Maroc favorisera l’économie circulaire et progressera vers ses objectifs de décarbonation », a-t-il argumenté.
Dans le même esprit, il a abordé la volonté du Maroc d’atteindre ses objectifs en énergies renouvelables d’ici 2030 et les mesures juridiques adoptées en ce sens. « Pour favoriser la réutilisation, il est essentiel d’intégrer les énergies renouvelables. Le Maroc vise 50 % de renouvelables dans son mix énergétique d’ici 2030 grâce à l’éolien, le solaire et la biomasse. Plusieurs projets sont en cours, et une nouvelle législation est en préparation pour soutenir cette transition. »
« Si nous structurons efficacement les filières et augmentons le taux de collecte, cela marquera un réel progrès. Actuellement, le Maroc affiche un faible taux de collecte comparé à des pays comme la Turquie (29 %) ou les Pays-Bas (36 %). Beaucoup reste à faire pour améliorer la collecte et la valorisation des déchets. C’est un défi majeur, mais aussi une opportunité pour renforcer l’économie circulaire et réduire notre dépendance aux importations », a-t-il conclu, soulignant les retombées économiques et sociales attendues de cette transition.
Cet événement a été marqué par la présence de personnalités de premier plan, notamment Leila Benali, ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, Youssef Fadil, directeur général de l’Industrie, Said El Hadi, président de l’APC, Hanane Mourchid, Membre du Strategic Committee – Chief Sustainability & Innovation Officer et présidente du conseil d’administration d’OCP Green Water au sein du groupe OCP, ainsi que Samia Terhzaz, directrice à la CGEM, parmi d’autres intervenants.