Contre la politique antipopulaire et l’inaction du gouvernement
Par Jamal Eddine Felhi
Cinq organisations syndicales ont lancé un appel à une grève générale nationale dans les secteurs public et privé, afin de dénoncer « la politique antipopulaire » et “l’inaction du gouvernement” face à la dégradation continue du pouvoir d’achat des travailleurs et les atteintes aux acquis des travailleurs. L’Union marocaine du travail (UMT) prévoit une grève de deux jours, les mercredi 5 et jeudi 6 février, tandis que la Confédération démocratique du travail (CDT), l’Union nationale du travail au Maroc (UNTM), l’Organisation démocratique du travail (ODT) et la Fédération des syndicats démocratiques (FSD) appellent à une journée de grève générale le mercredi 5 février.
Pouvoir d’achat, retraites, droit de grève… l’UMT souligne l’urgence sociale
A l’issue d’une réunion de son secrétariat national, dimanche, l’UMT dénonce l’atteinte portée au pouvoir d’achat des travailleurs et des masses populaires, “le gel, sans raison valable,du dialogue social national pendant deux sessions consécutives, en violation flagrante des engagements signés entre le chef du gouvernement, le mouvement syndical et le patronat, le blocage des dialogues sectoriels, ainsi que la tentative du gouvernement de forcer l’adoption du projet de loi organique relatif à l’exercice du droit de grève, en dehors de l’institution du dialogue social, et ce de manière détournée grâce à sa majorité numérique à la Chambre des représentants et à la Chambre des conseillers ». Elle dénonce également « la détermination de l’exécutif à porter atteinte aux régimes de retraite et aux acquis des travailleurs sous prétexte de la faillite des caisses de retraite”, son alignement sur les positions du patronat, “les violations des libertés syndicales, la marginalisation des jeunes au chômage et les attaques contre les services publics sociaux, notamment l’éducation et la santé”.
La centrale syndicale souligne qu’elle appelle à cette grève de deux jours, mercredi et jeudi, après avoir épuisé « toutes les voies de persuasion, des avertissements et des appels pour que le gouvernement revienne à la raison et abandonne ses décisions et politiques antipopulaires ».
L’UMT, qui appelle tous les fonctionnaires des administrations publiques, des établissements publics et semi-publics, des collectivités territoriales, ainsi que tous les travailleurs du secteur privé, les commerçants, les professionnels et les artisans à participer massivement à la grève générale nationale, tient ainsi le gouvernement pour seul responsable de la tension sociale et de ses répercussions sur la paix sociale.
La centrale syndicale invite également toutes les forces vives du pays, partis politiques militants et société civile, à exprimer leur solidarité active avec la classe ouvrière marocaine et le mouvement syndical face aux politiques gouvernementales, demandant au gouvernement de mettre un terme à la flambée des prix en les plafonnant et à lutter contre la spéculation afin de préserver le pouvoir d’achat des travailleurs et des citoyens en général.
Elle appelle également le gouvernement à suspendre la discussion et le vote sur le projet de la loi organique relative au droit de grève, prévus lors de la session plénière de la Chambre des conseillers de lundi 3 février 2025, exigeant l’ouverture immédiate de « négociations sérieuses et responsables concernant cette loi sociétale majeure ».
L’UMT demande aussi l’ouverture d’un « véritable dialogue social, sincère et responsable, qui aboutisse à des accords concrets » répondant aux attentes de la classe ouvrière, notamment en matière d’augmentation des salaires et des pensions, tout en respectant les engagements signés par le Chef du gouvernement, les syndicats et les employeurs.
Enfin, l’UMT souligne que cette grève nationale des 5 et 6 février 2025 n’est qu’une étape dans un long processus de lutte, tant que le gouvernement persiste dans son inaction et refuse de répondre aux revendications justes et légitimes de la classe ouvrière marocaine.
La CDT pour une participation massive à la grève
De son côté, la CDT dénonce, dans un communiqué de son union locale à Casablanca, « la persistance du gouvernement à ignorer la voix des masses populaires, durement touchées par la flambée des prix, et son reniement des engagements pris dans les accords sociaux d’avril 2022 et d’avril 2024 ».
La centrale syndicale relève également « la légalisation des restrictions du droit de grève, le démantèlement des systèmes de retraite et de couverture médicale, en dehors de tout consensus sociétal garantissant les droits de la classe ouvrière et de l’ensemble des Marocains ainsi que la préservation de leurs acquis ».
La Confédération appelle ainsi à une participation massive des travailleurs à la grève générale de mercredi 5 février pour « défendre les droits et la dignité de la classe ouvrière et de l’ensemble des travailleurs face aux politiques antisociales du gouvernement, qui visent à démanteler tous les acquis sociaux et les droits de diverses catégories du peuple marocain ». Il s’agit aussi pour la CDT de défendre le droit de grève, d’agir pour la ratification de la Convention internationale relative à la liberté syndicale et à la protection du droit syndical et l’abolition de l’article 288 du Code pénal réprimant les activités syndicales ainsi que pour une véritable réforme des régimes de retraites qui garantisse des conditions de vie dignes pour les retraités, un travail décent, un enseignement public de qualité et gratuit, une véritable protection sociale, et pour l’amélioration des salaires et des pensions de retraite, à travers l’adoption d’un système d’échelle mobile des salaires.
Les cinq organisations syndicales, souligne-t-on, ont prévu de tenir des conférences de presse, hier lundi, pour expliquer davantage les raisons de leurs appels respectifs à une grève générale nationale. Nous y reviendrons mercredi.