A en croire la une du quotidien suisse «La Tribune de Genève » du 4 mars dernier, l’ex-souverain espagnol Juan Carlos aurait «caché» dans un compte genevois, en 2008 et alors qu’il était encore chef de l’Etat, 100 millions de dollars après que cette importante somme lui ait été versée – à titre de « cadeau » d’après le journal – par le roi Abdallah d’Arabie Saoudite.
Les révélations ainsi faites sur la fortune secrète de l’ancien monarque espagnole ont immédiatement provoqué des remous au sud des Pyrénées. Aussi, pour en connaître un peu plus sur les raisons de ce généreux virement, le parquet espagnol a immédiatement dépêché une commission rogatoire à Genève alors que la justice suisse a ouvert une enquête de son côté.
Or, si au moment des faits, l’Espagne venait de décrocher un contrat de 6 milliards d’euros pour la construction de la ligne du TGV entre Médine et la Mecque, c’est donc dans l’autre sens que ce versement aurait dû être effectué pour qu’il puisse être considéré comme «corruption».
C’est pour cette raison d’ailleurs que l’enquête ouverte pour «soupçon de blanchiment d’argent» par le procureur suisse Yves Bertossa s’est limité à ne poursuivre que la banque «Mirabaud» qui ne s’est pas intéressée à la provenance de l’argent ainsi que deux personnes considérées comme étant des hommes de confiance de l’ancien monarque espagnol; à savoir un avocat et un dirigeant de la société Rhône Gestion.
Mais que cet argent ait été attribué à l’ancien roi d’Espagne à titre de «Cadeau» ou en guise de «Corruption», la nouvelle dévoilée par la presse genevoise a fait l’effet d’une bombe et entraîné une levée de boucliers à l’intérieur du pays allant même jusqu’à déstabiliser l’alliance gouvernementale qui regroupe les socialistes du PSOE, la gauche radicale de Podemos et les catalans.
Or, si les socialistes s’opposent à toute enquête parlementaire qui serait diligentée contre l’ancien monarque en invoquant l’immunité parlementaire dont il jouissait à l’époque des faits, les autres composantes du gouvernement sont d’un autre avis. Si la gauche catalane dénonce «l’opacité d’une famille payée 8 millions d’euros par an juste pour son nom et qui, en plus, fait des affaires avec les satrapes d’Arabie Saoudite», pour Pablo Echenique, le porte-parole Podemos, «il faudrait lever tous les doutes sur le comportement corrompu prétendu de l’ancien chef de l’Etat».
Etant déjà âgé de 82 ans, l’ancien monarque espagnol ne risquerait pas grand-chose notamment après que l’Arabie Saoudite ait fait savoir qu’il ne s’agissait là que d’un cadeau fait au souverain espagnol par le roi Abdallah, «réputé pour sa générosité» et que c’était le Ministère saoudien des Finances lui-même qui s’était chargé du versement de l’intégralité de la somme aujourd’hui pointée du doigt.
Enfin, en saisissant là l’occasion de ternir davantage l’image d’une monarchie espagnol déjà bien mal en point depuis 2010 et la mise en examen, dans le cadre de l’affaire «Noos», de l’infante Cristina et de son époux pour appropriation illicite de fonds publics, certains en profitent pour rappeler qu’à l’époque des faits, l’Espagne subissait une grave crise financière et qu’à ce titre il appartenait à l’ancien roi Juan Carlos 1er de reverser ce pactole au Trésor public. Quelles seront les suites de ce nouveau «feuilleton» dont le héros principal est l’ancien roi d’Espagne ? Attendons pour voir…
Nabil Bousaadi