La France s’offre l’Angleterre et rêve tout haut

Increvable et courageuse, l’équipe de France a triomphé d’un « Crunch » d’une immense intensité contre l’Angleterre, samedi (2-1), pour accéder aux demi-finales du Mondial et continuer de rêver, dès mercredi contre le Maroc, à une nouvelle finale planétaire, dernière marche vers un improbable doublé.

L’appétit des champions du monde est sans limite: pour leur premier grand rendez-vous du tournoi, les Bleus ont vaincu une Angleterre malheureuse, avec la jeunesse d’Aurélien Tchouaméni et l’expérience d’Olivier Giroud. Jeunesse et expérience, c’est l’alliage parfait des Bleus version 2022, assurément plus fébriles qu’en 2018 mais peut-être un peu plus insouciants.

« L’état d’esprit me rappelle vraiment celui de 2018. Ces sourires, cette joie sur les visages, ça rappelle de belles choses », a savouré Giroud.

Le festin se prolongera-t-il face aux Marocains, mercredi ? Présente dans le dernier carré pour la deuxième fois d’affilée au Mondial, comme en 1982 et 1986, la France de Kylian Mbappé ne peut plus se cacher. Elle est favorite pour atteindre une seconde finale mondiale en quatre ans et demi.

Une grisaille toute britannique avait pourtant enveloppé Doha dans la journée de samedi, la moins chaude de ce Mondial, et quelques gouttes de pluie s’étaient même mélangées à la poussière sablonneuse de l’émirat, dans la matinée.

Mais les Bleus ont balayé ce mauvais présage d’un revers de manche, ou plutôt d’un boulet de canon autoritaire de Tchouaméni, auteur d’un but précieux d’entrée (17e), et d’une célébration digne de Paul Pogba, son modèle.

Harry Kane a bien égalisé sur penalty (54e), mais il en a raté un deuxième (84e) face à son ami Hugo Lloris, observant son ballon s’envoler avec les rêves de trophée de l’Angleterre, 16 mois après l’Euro perdu à domicile en finale… aux tirs au but.

Les rêves de la France, en revanche, restent intacts, presque autant que la rage de vaincre de Giroud, imperturbable pour inscrire son 53e but en Bleu, de la tête.

Ce n’est pas le but du record en Bleu – il le détient depuis les huitièmes -, mais c’est sans doute le plus important de sa carrière, à 36 ans (78e). « C’était une émotion indescriptible », a-t-il raconté.

La France est insubmersible. Malgré les nombreux blessés, les déséquilibres défensifs et deux grossières erreurs de Tchouaméni et Theo Hernandez, fautifs sur les deux penalties, l’équipe de Didier Deschamps est encore là, pour une 7e demi-finale mondiale dans son histoire.

« La qualité ne suffit pas, il faut aussi le mental, peut-être un peu l’expérience », a souri Deschamps, soulignant « une force collective qui se dégage ».

Cette place dans le dernier carré, l’objectif fixé par la Fédération, assurera sans doute une prolongation de contrat à Deschamps, mais ce n’est pas la priorité du moment.

Le rêve de doublé approche, en effet, avant un duel face aux Marocains, soutenus au Qatar par une marée de supporters, et de plus loin par l’Afrique toute entière et le monde arabe dans son ensemble.

Cette opposition surprise, inédite en grande compétition, est une occasion pour Mbappé de croiser son meilleur ami du Paris SG, Achraf Hakimi. Mais pour la star des Bleus, le défi sera surtout de se remettre la tête à l’endroit, après une prestation insignifiante, sa première dans le tournoi.

Dans le même stade al-Bayt d’al-Khor, mercredi soir, les Bleus auront leurs repères, mais aussi un lourd statut à porter avec vue sur la finale du 18 décembre, contre l’Argentine de Lionel Messi ou la Croatie de Luka Modric, deux remakes potentiels de l’épopée russe de 2018.

Les Three Lions et leur capitaine Kane, inconsolable, regretteront de n’avoir su conclure leurs occasions, nombreuses, dans ce duel de voisins irrespirable, premier acte d’une rivalité naissante.

La jeune génération des Bukayo Saka, Phil Foden, Jude Bellingham ou Marcus Rashford se heurte encore à son plafond de verre, cette incapacité à signer une victoire référence en grande compétition, face à un cador mondial, sous le mandat de Gareth Southgate.

Ils devront s’incliner bien bas devant Lloris, « point faible » des Bleus selon la presse anglaise, mais auteur samedi de six arrêts. Une sacrée réponse, le soir de sa 143e sélection, un record sous le maillot aux deux étoiles. Mais le capitaine échangerait tous ces records contre une troisième étoile…

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