La mise en œuvre de la constitutionalité de tamazight est le grand défi en perspective. Une phase cruciale, car entamer est toujours bon, mais aboutir est encore meilleur. En fait, il convient de rappeler le parcours laborieux de ce mouvement qui s’est déclenché au moment où les droits dont celui de l’identité et la langue amazighes, étaient littéralement bafoués par un système constamment panarabique. Depuis, la cause amazighe s’est érigée en une marque identitaire de premier plan, jusqu’à l’instant où la reconnaissance déclarée ne fut qu’une question de temps, au regard des insistances accrues des forces éclairées de la Nation.
Son officialisation au niveau de la nouvelle Constitution s’est insérée dans la série de générations de réformes, car, en effet, le combat que les progressistes et les démocrates authentiques ont mené pour la réhabilitation de ce droit légitime, au côté des intervenants associatifs amazighs, toutes sensibilités confondues, est indissociablement lié aux multiples luttes à caractère institutionnel, social, économique, culturel… On ne saurait alors concevoir une expression de démocratisation d’un volet vital et sensible, tel que l’amazighité, en dehors de tous les autres axes de la vie active, dans une nation aux expressions plurielles.
A ce propos, le département de l’éducation nationale s’avère très concerné par la mise en application de l’amazighité, aussi bien en aval qu’en amont, simultanément au scolaire et au supérieur. Il est alors convenant de constater l’éminence de la constitution qui considère comme une révolution nationale, cette démarche, malgré quelques faiblesses de ce texte. Mais, on retiendra des répliques, non sans intérêt fustigeant le système scolaire marocain, profondément miné et, de ce fait, il serait insensé de s’attendre à une meilleure prestation de l’incorporation généralisée de tamazight, face à de tels déficits structurels de l’enseignement.
D’autre part, le Domaine de la communication et de l’information a été, pareillement, longuement débattu, en mettant en évidence l’acuité de ce volet en tant qu’outil véhiculaire de la culture et de la civilisation amazighe, au même titre que l’enseignement. Tout en insistant sur le fait que le discours sur l’amazighité se devrait de passer du stade protestataire à une phase beaucoup plus technique et rationnelle pour permettre la matérialisation des enjeux de tamazight, d’une manière équitable et fluide.
On appréciera, dans ce sens, la rencontre initiée par l’association de l’université d’Agadir, tenue, il y a quelques temps. Cette activité qui a revêtu un caractère national, de par la présence des intervenants et la problématique mise sous orbite, s’inscrit, effectivement, dans une volonté manifeste de mettre à contribution des textes constitutionnels pour une mise en pratique sereine et collective.
C’est également et avant tout le rôle de l’Etat qui devrait s’assumer pleinement sur cette ébauche nationale.
Saoudi El Amalki