A quelques semaines du mois de Ramadan, la production locale destinée aux chaines de télévision s’active à des cadences soutenues. C’est une aubaine pour les artistes marocains de se faire un peu d’argent. Une opportunité également pour les téléspectateurs de se détendre et se distraire, après une longue journée de jeûne et de chauds bols de harira épicée.
Cependant, les années passent et les médiocrités subsistent ! A la veille de chaque carême, on foudroie les citoyens d’une nomenclature
d’extraits de sitcoms à couper le souffle. On s’impatiente, on salive,
on s’ouvre les appétits des sens. Sous l’effet de la grande déception qui se prépare encore, on ne se rend même pas compte des précédents navets.
Et puis voilà, on se presse de «savourer» les beaux menus promis. Quelle sornette ! Encore une fois, on déçoit, comme à l’accoutumée. Des débilités qui déferlent sous nos yeux agressés. Devant une grande audience, puisque c’est l’heure de pointe par excellence, les foyers sont matraqués, pendant des heures. Les tambouilles télévisuelles sont telles qu’on a envie, par moments, de
conspuer à tue-tête ce maudit écran.
On se demande si les auteurs de ces fariboles ne se paient la tête du peuple marocain. Ils se contentent sans scrupule,d’afficher un satisfecit sournois, alors qu’ils savent pertinemment que les productions sont d’une nullité irritante. Les exécuteurs ne se posent pas de questions, non sans incivisme non plus, sur la qualité de leur
interprétation. Une vilaine complicité qui se répète, chaque année, sans qu’on n’y mette un terme, en dépit des désapprobations de toutes parts. Force est de constater que la bassesse fait,désormais, partie de notre vécu quotidien.
On cherche par tous le moyens de forcer le rire, à travers des histoires sans la moindre recherche créative ni respect des goûts. Les décideurs des boîtes télévisuelles,ont-ils le droit de continuer à tolérer des petitesses, sous prétexte que l’audience est forte? Certainement pas, car même si les citoyens collent à leur petit écran, c’est qu’on les a habitués à ces stupidités délibérées, des années durant.On ne saurait se satisfaire de ce qu’on a l’habitude
de procréer avec redondance, au détriment des valeurs de l’innovation,afin de contribuer efficacement au relèvement de la conscience collective.
La gravité des émissions vides qu’on s’acharne à injecter sans relâche, réside, effectivement, en cette aliénation coutumière aux platitudes. La chaîne publique n’est pas l’apanage de la nullité. Bien au contraire, elle appartient au peuple et personne n’a le droit de se l’accaparer pour y déverser les idioties. La rigueur de la qualité des textes, des mises en scènes et des interprétations devrait être de mise.
Pour ce faire,il convient de faire appel à des compétences nationales en la matière. Dieu sait que notre pays renferme des flammes bourrées d’imagination et de novation !
Saoudi El Amalki