A l’issue du premier tour des élections présidentielles qui ont eu lieu ce dimanche 27 Octobre en Argentine et alors que le pays est miné par la récession et l’inflation, Alberto Fernandez, le candidat péroniste de centre gauche, avocat, 60 ans, a raflé la mise en recueillant 48% des suffrages devançant largement le candidat libéral et président sortant Mauricio Macri qui n’a été soutenu que par 40,44% des électeurs.
A noter qu’en Argentine le seuil établi pour prendre les rênes du pays n’est pas la majorité absolue mais 45%.
Représentant la mouvance «Péroniste», d’inspiration populiste fondée par Juan Domingo Peron dans les années quarante du siècle dernier et resté fidèle à l’ancienne présidente Cristina Kirchner (2007-2015), dont il a même fait sa colistière durant la campagne électorale, Alberto Fernandez semble avoir largement profité, lors du scrutin de ce dimanche, du rejet par les argentins de la politique d’austérité initiée par le président Macri.
En prenant la parole devant plusieurs milliers de partisans dès la proclamation officielle des résultats, Alberto Fernandez, qui reconnait que «les temps qui viennent ne seront pas faciles » a déclaré que sa seule préoccupation «c’est que les Argentins arrêtent de souffrir».
Mais si de nombreux observateurs s’accordent à dire qu’avec Alberto Fernandez l’Argentine va connaître un retour au «péronisme», qu’est-ce que le Péronisme?
Le 17 Octobre 1945, des ouvriers se faisant appeler «descamisados» c’est-à-dire des «sans chemises» – qui appartiendraient donc au petit peuple – s’étaient rassemblés sur la Place de Mai située à Buenos-Aires, devant le siège de la présidence de la république, pour dénoncer l’arrestation, par le pouvoir militaire de l’époque, du colonel et secrétaire au Travail Juan Peron qui était soutenu par de larges franges de la population dès lors qu’il récusait ouvertement les fraudes électorales, l’abus du patronat ou encore les accords commerciaux qui avaient été conclus avec l’Angleterre et qui avaient faits de l’Argentine un fournisseur de matières premières en échange d’importantes concessions économiques. Ainsi, une année après ces évènements, celui que les ouvriers idolâtraient dès lors qu’il était parvenu à arracher le contrôle des syndicats des mains des socialistes et des communistes sera élu président (1946-1952) puis réélu à deux reprises (1952-1955 puis 1973-1974).
Or, après avoir été porté à la tête de l’Argentine pour la troisième fois en 1973, il mourra un an plus tard en laissant derrière lui un pays tellement divisé qu’une dictature sanglante en prendra possession de 1976 à 1983.
Mais pourquoi donc les argentins ont-ils sanctionné ce dimanche un président qui avait, tout de même réussi à redresser le budget alors même qu’il avait hérité d’un déficit proche de 4% et qui laisse, aujourd’hui, des comptes «proches de l’équilibre» ? Tout simplement à cause de son incapacité à relancer une économie en profonde récession, à enrayer une inflation qui, cette année, frôlerait les 60% et de sa politique d’endettement qui a suscité un grande crainte chez les argentins qui craignent un défaut de paiement et une résurgence de la crise économique de 2001.
Alberto Fernandez parviendra-t-il à redonner la confiance à ses compatriotes ? Attendons, pour voir…
Nabil El Bousaadi