Le Sultanat de Brunei applique la Chari’a…

Au Brunei, petite monarchie de 430.000 habitants dont 67% sont de confession musulmane, située au nord de l’île de Bornéo et dirigée d’une main de fer depuis 1967 par le sultan Hassanal Bolkiah, 72 ans, à partir de ce mercredi 3 Avril 2019, l’homosexualité et l’adultère seront punis par lapidation et le vol passible de l’amputation d’une main.

L’application de la loi coranique et des châtiments y afférents n’est pas une surprise puisqu’en 2014 le sultan de Brunei avait déjà signalé son intention de la mettre en œuvre par étapes.

Et justement, la dernière phase qui entre en application ce mercredi concerne l’imposition complète des «hudud» c’est-à-dire cet arsenal juridique qui prévoit les peines contre ces «crimes» allant à l’encontre de la «loi de Dieu» que sont la fornication, les rapports sexuels entre personnes du même sexe, la consommation d’alcool et des autres substances interdites.

Et même si l’annonce de l’application de la loi coranique à partir du 3 Avril 2019 avait été déjà publiée en début d’année au «journal officiel», les autorités du sultanat ont, tout de même, observé le silence à la veille de son entrée en vigueur.

Mais, en relayant, dès la semaine dernière, l’information sur son site, la Brunei Project, une ONG de défense des droits humains a provoqué un tollé. Ainsi, pour Michelle Bachelet, la Haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, l’application de cette nouvelle législation «marquerait un sérieux recul pour la protection des droits humains».

Considérant que «le fait de rendre légales ces peines cruelles et inhumaines est, en soi, consternant» et que des «relations consenties entre adultes» même étant du même sexe ne devraient pas être assimilées à des infractions, Rachel Chloa-Howard, chercheuse auprès d’Amnesty International, rappelle que l’ONG qu’elle représente avait déjà condamné en 2014 «ces dispositions abusives». Aussi, somme-t-elle le Sultanat de Brunei de surseoir à l’exécution d’un projet de loi comportant des «sanctions odieuses».

En rappelant que la législation de Brunei comporte «des dispositions contraires aux droits humains», Amnesty International appelle, par ailleurs, la communauté internationale à condamner avec force la mise en œuvre du projet de loi incriminé.

Lui emboitant le pas, l’acteur américain George Clooney a lancé, dans une tribune publiée par le site internet «Deadline», un appel au boycott de neuf hôtels de luxe appartenant au sultanat arguant que «chaque fois que nous prenons une chambre ou organisons une réunion ou dînons dans l’un de ces neuf hôtels, nous mettons de l’argent directement dans la poche d’hommes qui choisissent de lapider et de fouetter à mort leurs concitoyens homosexuels ou accusés d’adultère».

Convaincu, tout de même, que ce n’est pas avec un boycott que les lois vont changer au sultanat de Brunei, le célèbre cinéaste ajoutera que, pour ne point «contribuer financièrement à ces violations des droits humains», il est possible «de faire honte aux banques, aux financiers et aux institutions qui font des affaires avec eux en choisissant de détourner le regard».

Mais serait-ce suffisant pour pousser le vieux monarque à revoir sa copie? Rien n’est moins sûr alors attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

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