L’éloge de la lecture et la puissance de l’écriture

Entretien avec Gaëtan Brulotte

Propos recueillis par Noureddine Mhakkak

Gaëtan Brulotte a publié plus de 300 articles et une quinzaine de livres, couronnés d’autant de prix littéraires, dont des recueils de nouvelles (Le surveillant, Ce qui nous tient, Épreuves, La vie de biais, La contagion du réel), un roman (L’emprise), une pièce de théâtre (Le client, créée au Festival d’Avignon), à quoi s’ajoutentla première histoire critique de La nouvelle québécoise des origines à nos jours, ainsi que des essais remarqués sur la peinture (L’univers de Jean Paul Lemieux), sur des genres marginaux qui explorent le désir (comme notamment dans Œuvres de chair et Encyclopedia of Erotic Literature), sur la littérature française contemporaine (Les cahiers de Limentinus) et sur la création littéraire (La chambre des lucidités, Nulle part qu’en haut désir). Traduites en plusieurs langues, ses écrits figurent dans une trentaine d’anthologies et ont fait l’objet de nombreuses études, de numéros spéciaux de revues (comme dans The American Review of Canadian Studies en 2021) ainsi que de monographies, elles-mêmes primées (à Strasbourg et Montréal), dont la plus récente est de Margareta Gyurcsik, Gaëtan Brulotte ou la lucidité en partage (Nota Bene, 2018, 316p.), qui a reçu la Mention d’Excellence du Prix de la Société des Écrivains francophones d’Amérique. Il est aussi Fubrighter (États-Unis)et Chevalier dans l’Ordre des Palmes académiques (France). Entretien.

Que représentent les Arts et les Lettres pour vous ?

Les deux sont le sens même de ma vie, avec l’amour (que j’enseigne depuis des décennies via la littérature et l’art), car les trois ont toujours fait bon ménage. J’ai étudié les lettres et l’esthétique jusqu’au bout du parcours universitaire et je n’ai enseigné que cela jusqu’ici. Je ne sais plus qui disait que « la littérature est la première des sciences humaines. » C’est peut-être Todorov. J’y ajouterais volontiers aussi l’art. L’art et la littérature nous ont donné assurément la première organisation symbolique de l’histoire, avec du matériel non verbal pour l’un et l’outil fabuleux du langage pour l’autre. De l’initiale mouture des peintures rupestres et des récits primordiaux, sont nés les mythes, la philosophie, les concepts scientifiques et la transmission des valeurs et des connaissances. D’un mot, art et littérature, en combinant leurs forces, ont précédé la science et même tout le savoir organisé. Avant les sciences et la philosophie, ils ont défriché le terrain, ouvert les principaux chemins, recueilli les perceptions de la sensibilité, colligé les émotions fondamentales, contribué à la structuration sociale, archivé le pas-à-pas de l’histoire.

L’essentiel de mon travail et de mes publications a été jusqu’ici porté par ces deux activités, les plus grandes de toutes les activités humaines à mes yeux, que je considère comme indispensables. J’ai consacré ma vie à la création littéraire (romans, nouvelles, théâtre, essais critiques) ainsi qu’à la lecture car je m’intéresse intensément aux œuvres des autres écrivains. La littérature et l’art sont une fenêtre sur le monde et sur l’imaginaire. Ils offrent un partage du sensible, un compendium de manières de vivre qui débouche sur le général, est réappropriable et honore toutes les singularités humaines. Ils mettent en scène une forme de transcendance profane du réel, ils nous transportent dans la relativité des points de vue sur la condition humaine. J’y vois une sorte de spiritualité bien humaine qui n’a rien à voir avec l’absolutisme. Comme l’art, la littérature implique un attrait fort pour le « comment » infiniment varié de la vie jusque dans ses manifestations les plus ordinaires, les plus modestes, les plus éparses.

Le droit à la littérature et à l’art devrait être intégré à toute déclaration des droits de l’Homme. Que nous resterait-il aujourd’hui si les Anciens ne nous avaient laissé, à l’aube de la pensée, un immense fond artistique et culturel qui constitue notre mémoire commune et nous relie tous en tant qu’êtres humains sensibles et nous aide à nous rêver, à nous construire, à échanger, à vivre ensemble, à nous remettre en question, à éprouver, à désirer, à évoluer en société. Sans arts et sans littérature pour nous imaginer en toute liberté, nous porter, nous améliorer, nous réinventer sans cesse, nous serions dénués de sens collectif et nous irions vers la destruction de ce que nous appelons l’humain.

Que représentent l’écriture et la lecture   pour vous ?

J’ai fait deux livres sur ce que représente l’écriture, La chambre des lucidités et Nulle part qu’en haut désir. Écrire permet de ralentir sa vie, d’habiter plus intensément en profondeur chaque instant et, en même temps, de se détacher du monde des habitudes, mais le produit de cette activité dans sa finalité est entièrement tourné vers les autres, le lectorat. C’est dans cette position de lecteur comme destinataire de cette activité que j’en tire le plein bénéfice.

Les grandes œuvres nous éloignent de la culture de masse et nous plongent dans une réflexion éthique qui exige lenteur et introspection, ainsi que la capacité de saisir et d’être saisi.  Je parle ici, non pas de la lecture à haute voix qui est plus une expérience publique de nos jours (après qu’elle a été la seule forme possible de lecture individuelle pendant longtemps jusqu’à la Renaissance), mais je parle de la lecture silencieuse qui est devenue notre mode actuel de lire, un mode de présence intime à l’écriture des autres, qui crée une situation de solitude recluse et ménage une sorte de confinement agréable qui est ressourcement. Chacun peut y trouver un réservoir de possibles existentiels, des repères de manières d’être, des esquisses de façonnement de soi, un bouquet de nuances, une force d’appel à l’élucidation poétique du monde. La lecture est un moteur existentiel, une plongée dans l’amplitude de l’humanité. Elle participe aux mouvements souterrains de l’être. Elle apprête des désirs (car sans livre, pas de Désir, disait Barthes), elle enrichit l’attention, enregistre des intensités, médiatise des expériences, aiguise l’intelligence des émotions, affûte la conscience, circonscrit des singularités, nous accroche aux aspérités du monde, nous aide à l’épucer de ses travers, éclaire des zones d’ombre, induit des comportements à suivre ou à éviter, suggère des rythmes à adopter ou à fuir, interroge nos façons de penser et d’agir, invite à nous réconcilier avec le temps, imprime une vitalité, fait rêver à des destins possibles, pénètre dans des intimités secrètes, invite à mieux s’ouvrir à autrui, permet de franchir des frontières, donne des leçons d’empathie, éveille des ressources endormies en soi, nous enseigne à habiter, nous apprend à sentir, met à distance les problèmes, questionne le statut du réel, renforce l’esprit critique, nous essore des préjugés, soutient la résilience, soigne parfois et bouleverse par moments, nous confronte à d’autres styles, confère une grammaire à notre monde intérieur, teinte notre perception du donné, cosigne des visions avec ma coopération  et contribue à la stylisation de la vie. Combien de fois se souvient-on d’un passage lu quand on regarde un paysage, tout comme on l’artialise en se remémorant une peinture : combien de fois devant mon lac de Floride quand j’y habitais me suis-je extasié des nymphéas en me disant : c’est vraiment comme un Monet ou une page de Proust. Le réel devient une réalité enrichie quand il est timbré du tampon esthétique de la littérature et de l’art. Ce serait fabuleux si on pouvait un jour mesurer tout ce qui reste en nous des livres lus, des personnages frappants qui nous ont transformés ou repoussés, de leurs traces dans notre imaginaire, dans notre conscience, dans notre rapport au réel et aux autres, dans le tissu de nos expériences quotidiennes. On aboutirait peut-être ainsi, de lecture en lecture, à une « littéralisation » du monde.

La lecture permet de s’approprier, de se devancer, de s’inventer, de se redécouvrir, de se reconnaître, de se réconforter, de faire le tri dans ce qui nous appète, et elle fabrique des liens. Une vie sans lecture est une vie appauvrie, au ras du quotidien. Lire n’est pas perdre son temps, mais c’est au contraire injecter de la qualité et du pluriel dans son parcours existentiel. En ne lisant pas on n’a qu’une seule vie, alors que par la lecture on en a 5000, disait Umberto Eco (je paraphrase), parce qu’ainsi on accède, par exemple, aux Mémoires d’Hadrien, cet empereur romain évoqué par Yourcenar qui le saisit dans son intimité en face de son destin, autant qu’aux désirs les plus inavouables du vieil Eguchi dans Les belles endormies de Kawabata ou au massacre des hommes bleus du désert dont Le Cézio a poétiquement retracé l’itinéraire ou encore à la vie d’un boy camerounais avec Ferdinand Oyono ou à celle d’un enfant noir guinéen grâce à Camara Laye.

C’est une activité globalement intégratrice. J’ai foncièrement besoin de la lecture pour ma constante relance intérieure. C’est une de mes assises dans le monde. « Ordonnateur de l’univers » : ainsi nommait-on les premiers catalogueurs des anciennes bibliothèques dont on trouve des vestiges chez les Sumériens, classeurs et ficheurs qui devaient forcément être de grands lecteurs. La lecture contribue effectivement à l’organisation de son propre univers.

Cependant, point n’est besoin de boire tout le tonneau pour apprécier la qualité d’un vin. Il en est de même parfois avec certains livres qui tombent des mains et auxquels on n’arrive pas à adhérer. La théorie littéraire s’est-elle jamais intéressée aux abandons de lecture? Barthes a pu parler des lectures qu’on ne fait pas et Scarpetta de lectures sautillantes en quête des scènes érotiques. Mais existe-t-il une théorie de l’abandon lectoriel qui dépasserait les contingences circonstancielles? On fait souvent des recueils d’articles sur les livres lus. Je caresse, quant à moi, depuis longtemps le projet d’écrire un livre sur les livres dont j’ai abandonné la lecture ou dont je n’ai lu, un peu perversement, que des passages qui n’ont rien à voir avec la fin. Pierre Bayard a publié un ouvrage séduisant sur la question, Comment parler des livres que l’on n’a pas lus? (Minuit, 2007), qui débouche sur une théorie de la lecture en passant en revue les livres inconnus, parcourus, évoqués, oubliés, mais il laisse de côté les abandons de lecture, c’est-à-dire ces textes qu’on laisse à mi-chemin pour diverses raisons. Ils sont révélateurs car ils représentent d’une manière forte, condensée, ce qui ne m’inspire pas dans mes efforts de stylisation de la vie quotidienne et de mon existence. Heureusement, la liste de mes lectures achevées est bien plus substantielle que celle des abandons!

Parlez-nous des villes que vous avez visitées et qui ont laissé une remarquable trace dans votre parcours artistique.

C’est banal, mais je suis fortement attaché à ma région natale, autour de la ville de Québec au Canada, où j’ai grandi et fait une partie de mes études, avant de les terminer à Paris à l’École des hautes études en sciences sociales. J’ai effectué mes premiers pas dans le monde de l’enseignement à une heure de Québec en voiture, à Trois-Rivières, Capitale de la poésie, qui a placardé des vers partout dans la ville et qui tient un Festival international de poésie très couru chaque année. Cette ville m’a beaucoup apporté et j’y ai gardé la même résidence au bord du fleuve Saint-Laurent depuis cinquante ans, c’est donc dire que je lui suis fidèle, car j’y ai écrit nombre de mes livres. Le gros de ma bibliothèque s’y trouve d’ailleurs.

J’ai passé de nombreuses années près du Golfe du Mexique, à Tampa en Floride, pour mon gagne-pain, parce que l’université qui s’y trouve m’y avait invité tôt dans ma carrière et m’avait accueilli à bras ouverts. J’y ai produit plusieurs de mes essais critiques. La ville de mon cœur reste Paris, où j’ai fait mes études et où je me suis endetté pour y acquérir un appartement. J’aime y retourner régulièrement et le plus souvent possible. C’est une ville où on vit plus intensément qu’ailleurs, où chaque instant est comme un trou noir de sensations, où le désir circule dans l’air comme un parfum enivrant.

Les villes du Maroc que j’ai pu visiter lors d’une tournée de conférences m’ont aussi marqué : Fez, Rabat, Kenitra, Casablanca, Mohammedia, Marrakech. J’y ai eu des échanges intellectuels passionnants et noué des amitiés durables. À Venise, Florence et Rome, j’ai retrouvé les racines de mes ancêtres maternels, ce qui fait que j’adore tout ce qui est italien, dont au premier chef les écrivains et les artistes. Maintenant je réside en Louisiane une partie de l’année pour y occuper la Chaire de sciences humaines qu’on m’a confiée il y a cinq ans, et où je découvre une culture originale marquée par son passé colonial et une certaine douceur de vivre.

Ma mère me disait que ce qui me caractérisait déjà très jeune était que je ne savais pas rester tranquille dans un seul lieu très longtemps et qu’il me fallait bouger sans arrêt. C’était un peu exagéré, mais il y avait une part de vérité. Voyager m’a toujours paru fondamental au renouvellement de soi et j’ai commencé dès l’âge de 16 ans pour un travail d’été.

Que représente la beauté pour vous ?

L’homo sapiens est aussi, et je dirais presque surtout, homo sitiens, autant qu’homo narrans : le goût, on ne le dit jamais, a été au sens premier, gustatif, du terme, un dispositif puissant pour le développement de la civilisation, en ce qu’il a d’abord motivé les premières explorations de la Terre à la recherche d’épices, ce qui, du coup, a conduit à des découvertes collatérales gigantesques comme le caractère sphérique de la planète et inspiré le passage du modèle géocentrique à l’héliocentrique, avec tous les bouleversements épistémologiques, éthiques et esthétiques qui en ont résulté, liés aux récits fabuleux de contrées et de peuplades lointaines qu’on en a rapportés et aux échantillons d’humanité inconnue qui en ont été révélés.

La quête de la beauté est comme innée à l’homo sitiens, car c’est une pratique esthétique dynamique et dynamisante qui met en appétit d’être plus, qui invite au dépassement continuel, qui offre l’occasion d’augmenter les modalités de la conscience, qui guide vers des raffinements de tous ordres, des subtilités spirituelles, des valeurs morales mélioratives et des pistes sensibles de réfection de soi et du monde que l’art et la littérature déposent dans notre substrat mental, c’est-à-dire ce surplus de sens qui fait le sel même de l’existence. La beauté est le fruit d’une capacité à saisir l’intérêt d’un objet, l’importance d’un être, la pertinence d’un désir, l’appel d’un horizon. En tant que médiatrice de formes, de directions et de fantasmes transformateurs, elle incite à entamer un procès de soi, à répondre aux pressions plastiques qu’elle exerce sur le devenir, à céder à des propositions esthétiques. Elle nous entraîne vers des allants autres. Elle inspire des initiatives, elle fait faire. En écriture, elle confère à une phrase son poids d’impact. Si un livre peut arrimer un wagon au train narratif qu’est toute vie, la beauté qui le porte y ajoute une locomotive. Comment résister au chant des sirènes? C’est la beauté qui m’encourage à donner un coup d’épaule à la grande roue des travaux collectifs pour étayer et soulager la condition humaine dans nos efforts de dépassement. C’est une incitation perpétuelle à styliser son existence selon cet esprit d’élévation qui est au cœur de tout homo sitiens. Elle ne sauvera peut-être pas le monde comme le croyait Dostoïevski, mais tout de même aussi bien en faire une de nos valeurs de base et un droit fondamental pour tous puisqu’elle permet de transcender l’aliénation humaine. Je la conçois comme une force de traction fondamentale. Qu’avons-nous à gagner à la mépriser comme on le fait parfois avec une provocation écervelée ou par ignorance, fainéantise, impuissance ou affectation, en la considérant inutile ou passéiste? Ce n’est pourtant pas pour rien que certains médecins avertis la prescrivent comme remède : visite au musée, écoute de musique, lecture d’un bon livre… Au contraire, nous avons tout à gagner à la maintenir non pas comme un modèle en cage à vénérer, mais comme une source vive et flexible de motivation profonde à tout programme de bien-être qui comporte des occasions de sentir, de penser, de désirer, d’aimer, de se ressourcer. Comme je l’ai écrit dans La contagion du réel, l’essentiel reste l’épiphanie de ce qui nous fait humain et qui pourrait se résumer en un mot: dépassement. Du moins, susciter des scintillances de formes d’être, j’en ai fait mon projet de vie en tant qu’écrivain.

Parlez-nous des livres /films que vous avez déjà lus/vus et qui ont marqué vos pensées.

J’ai publié un livre qui fait justement l’éloge de la lecture : Les cahiers de Limentinus. Lectures fin de siècle, où j’analyse une cinquantaine d’auteurs qui m’ont marqué. Je m’intéresse beaucoup aux œuvres des autres, je vous le disais. Elles me marquent différemment selon leur écriture et leur univers. J’ai pourtant grandi dans un foyer sans livres et grâce à l’éducation je suis devenu un liseur professionnel. Dans une librairie ou une bibliothèque, je suis comme un enfant dans un magasin de jouets. Les livres, ce sont des amis qui m’aident à vivre et m’entraînent à écrire.

Nombre d’univers et de styles m’ont influencé, car la lecture est un acquiescement aux influences, un consentement à se laisser emporter par l’autre, conquérir par ses désirs, conduire vers la novation. Je m’accommode de plusieurs souffles. Au sommet Proust (j’ai lu La Recherche trois fois en entier), Beckett, Calvino, Cortazar, Tchékhov, Pinter, Kafka, mais aussi Saint-John Perse (que j’ai d’ailleurs enseigné à plusieurs reprises), Guillevic, puis dans le désordre, Flaubert, Faulkner, Roth, Ghelderode, Tanizaki, Oé, Horowitz, Garcia Marquès, Ben Jelloun, Memmi, Serhane, Delerme, Bobin, Mann, Handke, Zweig, Cioran, sans oublier Le Clézio avec qui j’ai beaucoup sympathisé au Nouveau-Mexique, ainsi qu’une panoplie d’auteurs québécois comme Anne Hébert et d’œuvres de femmes comme Nathalie Sarraute, Andrée Chedid (nous étions amis également), Marguerite Duras, Luce Irigaray (que j’ai interviewée), etc. et sur lesquelles j’ai publié des études. Bref, les livres lus se mesurent en univers d’auteurs, et ils sont nombreux, délibérément variés.

Je fréquente aussi les livres des philosophes, dont Pascal, Camus, Sartre, Heidegger, Merleau-Ponty, Nietzsche, Compte-Sponville, Onfray, BHL, Bruckner, etc. Je ne suis pas d’accord avec tous, mais ils m’apportent une dimension réflexive, malgré des idées parfois trop tranchées, voire polémiques. Ajoutons-y Barthes (grand amoureux du Maroc) qui a dirigé ma thèse, Bachelard, J.-P. Richard et les théoriciens de la littérature qui nourrissent mon travail critique, car j’enseigne depuis des décennies la théorie littéraire. Ceux qui m’ont le plus attiré sont ceux qui ont cultivé au premier rang la puissance de l’écriture.

Je suis aussi très séduit par la nouvelle historiographie inspirée de Foucault, notamment son Histoire de la folie et celle de la sexualité. Cette tendance a entièrement renouvelé l’histoire et la manière de l’écrire. On a redécouvert l’histoire des mentalités ou l’histoire culturelle : par ex. l’histoire de la mort (Ph. Ariès), de l’alimentation (Flandrin), de la vie privée (Veyne), de la famille (Ariès et Flandrin), de la peur (Delumeau), de la pudeur et du sentiment amoureux (Bologne), de l’hygiène, de la beauté et de la fatigue (Vigarello), du silence et des odeurs (Corbin), du visage (Courtine), du corps et des émotions (Corbin, Courtine, Vigarello), etc. Dans le même esprit je recommande sans cesse d’ailleurs Une histoire de la lecture d’Alberto Manguel, ouvrage passionnant qui se lit comme un roman.

Pour ce qui est des films il nous faudrait manifestement plus d’espace pour en discuter.

Parlez –nous de vos projets culturels /Artistiques à venir.

Mon nouvel essai, Nulle part qu’en haut désir, sort dans quelques semaines dans une collection de carnets d’écrivains. J’ai remanié mon volumineux livre Œuvres de chair. Figures du discours érotique pour sa réédition en poche en 2021. J’ai aussi un nouveau recueil de nouvelles qui arrive à maturité, un roman et un florilège d’essais littéraires et esthétiques parmi mes futurs projets.

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