Réédition de Kasbas berbères de l’atlas et des oasis
Ce livre magnifique est enfin réédité. L’incunable d’Henri Terrasse, «Kasbas berbères de l’atlas et des oasis. Les grandes architectures du Sud marocain» de 1938 vient d’être réédité chez Actes Sud à l’initiative du Centre Jacques Berque de Rabat dont j’ai eu l’insigne honneur de rédiger une (longue) préface critique.
Cet exercice m’a permis de me replonger dans la mise en patrimoine de cette période intense et m’a fait mesurer plus encore, derrière les préjugés et les impensés, le travail de fond accompli par ces hommes de passion. On aimerait des donneurs d’ordre suscitant ce type d’approches, il serait tant au moment où l’on s’apprête à détruire – sous prétexte de les reconstruire – de très belles mosquées du Sud marocain.
Non, décidément non, on ne reproduit pas avec du ciment – comme certains semblent le croire – des édifices en pierre ou en pisé.
Il faudrait initier une approche paysagère sur les sites historiques que sont les greniers et les kasbahs, mais aussi les villages et développer des zones de protection des monuments, si nous voulons conserver ces témoins d’une civilisation des oasis si fragilisés.
Je m’active autour de ksours, de villages, de greniers, tout en poursuivant l’utilisation du pisé dans une démarche contemporaine, que je n’oppose pas à la démarche conservatoire.
Cet ouvrage est le second d’une série commencée chez Actes Sud avec la réédition de «Le Jardin et la Maison arabes au Maroc» de Jean Gallotti (1926), à lire aussi comme du petit lait et aux images sépia qui ravissent.
«Kasbas berbères (1938) est un ouvrage remarquable, autant pour son aspect patrimonial que pour la qualité des images qu’il nous livre. Récit d’une fascination, celle de l’auteur pour cette architecture, récit d’un voyage dans cette région du Maroc qui était encore au XXe siècle un au-delà du monde, récit exploratoire enfin d’un patrimoine dont la reconquête et la protection commencent par ce texte, même s’il reste encore marqué de l’esprit de l’époque», peut-on lire sur la quatrième de couverture.
M.M