Les risques d’une entente sur les prix sont latents

Libéralisation des prix des produits pétroliers

La libéralisation des prix des produits pétroliers devrait, au début, se traduire par une amélioration de la qualité des services et de la baisse des prix du fait, notamment de la concurrence et de la tendance baissière des cours mondiaux du pétrole. Néanmoins, les conséquences de cette libéralisation des prix des hydrocarbures risquent de se sentir sur le moyen et le long terme. Le risque d’une entente sur les prix reste latent même si la loi sur la concurrence l’interdit.  

Dans une déclaration à Al Bayane, M’hammed Grine, membre de la présidence du Parti du progrès et du socialisme (PPS), précise que la libéralisation des prix des produits pétroliers suppose le libre jeu de l’offre et de la demande. Or, dit-il, dans ce cas de figure, la demande se situe dans une position de faiblesse (consommateur) et de déséquilibre dans la relation client/fournisseurs. Pour lui, cette libéralisation traduit une forte application de la théorie de la vérité des prix qui s’inscrit fondamentalement dans l’approche ultralibérale des organismes internationaux. Grine estime que les conséquences de la libéralisation des produits pétroliers et d’une éventuelle entente sur les prix restent latentes à moyen et long terme et que les pouvoirs publics se doivent de mettre en place les instruments nécessaires pour empêcher les 12 sociétés de distribution de répercuter la totalité de la hausse sur les prix. Le problème dénoncé actuellement par la RAM (royale air Maroc) s’inscrit dans ce cadre. La compagnie trouve que la hausse opérée sur les prix du kérosène est au-dessus de ce qu’ils devraient être en fonction du niveau des cours mondiaux sur le marché du brut.

M’hammed Grine confirme par ailleurs que c’est le consommateur qui va souffrir le plus de toute entente sur les prix. Il ajoute que la réforme de la Caisse de Compensation devrait aboutir à une formule intelligente qui ne se réduit pas à la simple libéralisation des prix ou une décompensation des produits pétroliers mais qui doit se répercuter sur les prix de vente, notamment en cas de baisse des cours.

L’idéal, explique-t-il, serait de mettre en place un fonds pour placer les excédents du différentiel des prix en cas de baisse importante sur le marché international du brut. De même, il est souhaitable, de son avis, de réaliser des études sur une période transitoire de six mois pour évaluer le bilan de cette expérience et son impact sur les niveaux des prix, la qualité et le comportement du consommateur et des acteurs du secteur.

La libéralisation des prix de vente des produits pétroliers augure celle de tout un secteur stratégique de l’économie nationale, souligne Grine. Il est convaincu, qu’aujourd’hui rien n’empêche un opérateur de créer sa propre raffinerie. Le Maroc, explique-t-il, s’est prémuni contre le problème d’approvisionnement via la livraison directe d’essence et de carburant raffiné.

Cela a beaucoup de sens. Le Maroc est considéré aujourd’hui comme un hub vis-à-vis de l’Afrique, confie notre interlocuteur, en annonçant que le Maroc peut se positionner comme acteur majeur dans le raffinage au service des marchés africains et de l’Europe du Sud. Les cas de réussite dans les autres secteurs, notamment l’industrie automobile, le solaire et dans une moindre mesure, l’aéronautique et prochainement, le raffinage sont autant d’atouts pour notre économie. Notre pays dispose des moyens pour aller de l’avant, conclut Grine qui considère toutefois que le Maroc avance globalement à une vitesse supérieure à celle de chaque marocain pris individuellement !

Fairouz El Mouden

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