Le coup d’accélérateur donné à l’industrie automobile nationale, en faisant de ce secteur l’un des métiers internationaux du Maroc, a permis au Royaume de surpasser l’Afrique du Sud en tant que hub de construction automobile dans le continent. Outre le nouveau défi de Renault qui a décidé de porter sa capacité de production au Maroc à 500.000 véhicules par an, Peugeot donnera dès le début de l’année prochaine le feu vert à l’une de ses plus grandes usines au monde installée à Kenitra.
Le Royaume représente actuellement une plateforme internationale de l’industrie automobile. Outre la hausse du volume global du nombre de véhicules montés au Maroc, notre pays se positionne en tant que fournisseur majeur pour les usines automobiles européennes. En effet, le Maroc table sur la réalisation de 200 milliards de dirhams (MMDH) de chiffre d’affaires à l’export à l’horizon 2025 avec une capacité de production d’un million de véhicules, a annoncé, au cours du premier trimestre, le ministre de l’Industrie, de l’Investissement, du Commerce et de l’Économie numérique, Moulay Hafid Elalamy. «Nous allons largement dépasser les 100 MMDH de chiffre d’affaires à l’export prévus à l’horizon 2020, mais je vais prendre un nouveau pari et hausser la barre à 200 MMDH à l’export avec un million de véhicules en 2025», a indiqué le ministre qui s’exprimait lors de la cérémonie d’ouverture de la 5e édition du Salon de la sous-traitance automobile, placée sous le haut patronage du SM le Roi Mohammed VI.
C’est dans ce cadre que Renault a décidé de porter sa capacité de production au Maroc à 500.000 véhicules par an, faisant du Royaume l’un de ses principaux pôles de production. Pour ce faire, elle va doubler la capacité de production de la Somaca, à Casablanca.
Pierre angulaire de l’industrie marocaine
L’extension de la Société marocaine de constructions automobiles (Somaca) permettra de porter à 160.000 véhicules par an la capacité de production annuelle du site à l’horizon 2022. Ainsi, elle atteindra 500.000 véhicules, en incluant les 340.000 du site de Tanger.
Optant pour le même choix stratégique en investissant au Royaume, Peugeot qui table sur un important projet d’expansion, est en train de finaliser les dernières retouches sur sa nouvelle usine au Maroc, dont la mise en production est prévue au cours du mois de janvier. Le Wall Street Journal a affirmé dans un article récemment que les constructeurs automobiles mondiaux voient un grand potentiel de croissance en Afrique du Nord et sont en train de transformer la région en un hub de fabrication, relevant dans ce sens que Volkswagen, Renault, Peugeot, Hyundai, et Toyota ont investi des milliards de dollars en Afrique au cours des dernières années, attirés par des perspectives de croissance que d’autres marchés automobiles plus matures n’arrivent plus à offrir.
Jetant un focus sur les performances et les réalisations du secteur automobile, Elalamy a affirmé que le Maroc aspire à faire du secteur automobile un véritable vecteur de développement, précisant que l’industrie automobile est le premier secteur exportateur avec près de 70 MMDH de chiffre d’affaires à l’export réalisé en 2017, contre 40 milliards en 2014, soit 44,5% des exportations industrielles. En contribuant à la création d’emplois industriels à hauteur de 29%, le secteur automobile a enregistré la plus forte création d’emplois entre 2014 et 2017 avec 83.845 nouveaux postes, soit plus de 93% de l’objectif fixé à horizon 2020, faisant état d’une intégration locale en progression avec un taux dépassant, à ce jour, les 50% et qui sera porté à 65% en 2019, puis à 85% en 2023, avec l’activité de PSA (constructeur automobile).
S’arrêtant sur les atouts et les opportunités qui se multiplient pour les équipementiers et sous traitants, le ministre a fait savoir que le Maroc offre un cadre de stabilité et de sécurité avérées et constitue une base automobile attractive et compétitive aux portes de l’Europe, en plus de son réseau d’infrastructures aux standards internationaux. La vision déployée donne de la visibilité aux opérateurs et offre une base industrielle performante qui répond aux attentes des investisseurs, de même que la démarche des écosystèmes met en œuvre un mode de production qui assure des délais et des coûts d’approvisionnement optimaux, a-t-il poursuivi. Dans ce cadre, le ministre a relevé que les écosystèmes qui s’organisent actuellement autour des constructeurs, notamment, renforcent la capacité des fournisseurs et créent une forte demande en composants et équipements, rappelant l’engagement du groupe PSA de s’approvisionner localement à hauteur d’un milliard d’euros par an dès 2022.
Pour sa part, Renault s’approvisionne actuellement en pièces usinées à partir du Royaume à hauteur d’un milliard d’euros par an avec la perspective de réaliser le double et dépasser ainsi l’objectif initialement fixé (1,5 milliards d’euros/an), a-t-il ajouté.
Dans un rapport publié en mai dernier, le Fonds monétaire international (FMI) a félicité les décideurs de la région d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient pour avoir mis en œuvre des réformes économiques et financières ayant permis l’implantation des constructeurs mondiaux, qualifiés de locomotives qui accélèrent la croissance de toutes les branches de l’industrie automobile.
Badr Atabi