L’OMS fait le ménage en Asie

Mauvaise conduite

L’Organisation mondiale de la santé a envoyé cette semaine sa numéro deux en Asie pour remplacer au pied levé – fait inédit – un directeur régional accusé de racisme et de mauvaise conduite.

Fin janvier, les graves accusations visant le directeur régional de l’OMS pour le Pacifique occidental, le Japonais Takeshi Kasai, médecin de formation, avaient été révélées par les médias.
Quelques jours après, le 29 janvier, le directeur général de l’OMS, l’Ethiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus, avait annoncé qu’une enquête était en cours et indiqué que l’OMS était « au courant de certaines préoccupations depuis fin 2021 ».

L’OMS n’avait donné depuis aucune autre information sur l’enquête, jusqu’à ce jour.
« Le directeur régional pour la région du Pacifique occidental, Dr Takeshi Kasai, est en congé. Durant l’absence du directeur régional, la directrice générale adjointe, Zsuzsanna Jakab, assurera la continuité des activités » de la région, a brièvement indiqué l’OMS à l’AFP, confirmant une information publiée par l’agence de presse Associated Press.
D’origine hongroise, la Dr Jakab est devenue le bras du droit du Dr Tedros en 2019 après avoir exercé les fonctions de directrice régionale de l’OMS pour l’Europe depuis 2010.
Elle doit arriver cette semaine à Manille, où se trouve le siège de la direction de l’OMS pour la région du Pacifique oriental, afin de prendre temporairement la relève du Dr Kasai, d’après une source bien informée.

« Elle est là-bas pour assurer la continuité », a-t-elle indiqué à l’AFP.
Cette même source a précisé que l’enquête visant le Dr Kasai est toujours « en cours ».
Contrairement à d’autres agences de l’ONU, à l’OMS les directeurs régionaux sont très puissants. Ils sont élus par les Etats membres de la région qu’ils dirigent, même si leur élection est par la suite confirmer par les Etats membres du comité exécutif de l’OMS.
C’est la première fois qu’une telle situation se produit à l’OMS, et il est donc difficile de savoir comment les choses vont se dérouler, d’autant que l’enquête interne sur les accusations, détaillées dans un courriel dont l’AFP a obtenu copie fin janvier, est toujours en cours.
Le Dr Kasai s’est dit prêt à collaborer à toute enquête.

Il a pris la tête de la direction régional du Pacifique occidental en 2019, après avoir travaillé pendant plus de 15 ans à l’OMS.
Des dizaines de collaborateurs de l’OMS ont déposé une plainte interne le visant en octobre dernier avant d’envoyer un courriel à la mi-janvier aux pays membres du Conseil exécutif de l’agence onusienne.
Dans ce courriel, ils accusent M. Kasai d’avoir un « leadership autoritaire et raciste » mais aussi d’avoir partagé régulièrement des informations privilégiées avec le ministère japonais des Affaires étrangères, de n’avoir pas voulu critiquer la Chine ou encore d’avoir « gaspillé » l’argent des donateurs.

La Dre Jakab a occupé plusieurs postes de haut rang dans l’administration sanitaire au niveau national et international ces trente dernières années et a notamment été directrice fondatrice du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (CEDC) à Stockholm, considéré comme un centre d’excellence respecté sur le plan international dans le domaine de la lutte contre les maladies infectieuses.
Plusieurs pays, qui réclament une OMS plus transparente et plus digne de confiance, avaient fait part de leurs préoccupations après cette nouvelle affaire.
L’organisation – l’une des plus puissantes agences des Nations unies – était déjà sous forte pression des principaux donateurs qui ont estimé qu’elle avait tardé à agir après le scandale des violences sexuelles commises par certains de ses employés en République démocratique du Congo pendant une épidémie d’Ebola (2018-2020).
L’OMS a fait depuis son mea culpa, et promit de faire mieux.

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