Marhaba, une opération tentaculaire à la portée minimalisée

Il en est de ces actions qui ne reçoivent pas tout le crédit qui leur est dû. L’opération «Marhaba» en fait partie, car souvent résumée à une simple formalité, une campagne de communication massive en quelques sortes pour souhaiter la bienvenue. Pourtant, ce dispositif gigantesque emploie près de 1000 soldats de l’ombre pour assister administrativement et médicalement les MRE en cas de besoin. Décryptage.

Cet été, l’agenda des Marocains résidants à l’étranger (MRE) et désireux d’écouler leur congé annuel en mère patrie est bien chargé. Vacances au bled riment cette année avec repos mais aussi avec le désir de passer Aïd el-Fitr et l’Aïd-el-Kébir entourés de la famille et des amis du pays dont ils sont nostalgiques. Et comme chaque année, depuis 1999, cette «migration pendulaire» de la diaspora marocaine est accompagnée de près par cette véritable fourmilière qu’est la Fondation Mohammed V pour la solidarité à travers l’opération «Marhaba».

Dans l’imaginaire collectif, «Marhaba» est liée au célèbre spot publicitaire de Najat Aâtabou, ou encore à la petite bouteille d’eau systématiquement offerte à chaque transitaire à son arrivée. Mais ce serait gravement diminuer de la portée de cette opération qui est loin de se confiner au symbolique.Son nom ne se résume pas à une simple «bienvenue». C’est une véritable bouée de sauvetage pour ceux qui se retrouvent dans le pétrin durant leur traversée annuelle vers la terre natale.

Du 5 juin au 15 septembre prochain, les cellules de Marhaba s’affaireront, à leur habitude, à l’assistance de quelque 3 millions de MRE en répondant à leurs besoins en matière d’assistance administrative et médicale. Imprévus et incidents de tout genre sont ainsi traités non-stop: abandon des passagers par leur autocar au niveau des sites frontaliers et des ports, perte de papiers personnels, vols et agressions, documents manquants et incidents divers… ; ceux qui y ont goûté peuvent en témoigner et salue l’intervention salvatrice de la Fondation.

Car pour ce qui est de la prise en charge sociale, la Fondation Mohammed V est un puissant interlocuteur. Ses sites d’accueil s’occupent de la gestion des problèmes des familles et individus à travers l’accompagnement administratif assuré en relais avec les partenaires de taille que sont la police, la douane, les compagnies maritimes et les autorités portuaires, mais aussi les ministères de la Justice, du Transport, de la Santé et celui délégué en charge de la communauté.

En ce qui relève de la prise en charge médicale, les équipes de Marhaba délivrent des interventions in situ, des premiers soins etdes transferts vers les CHU et hôpitaux. Cette mission est gérée par le pôle Humanitaire de la Fondation et prodiguée par des médecins et infirmiers bénévoles.Pour ses besoins, l’opération a enrôlé cette année 495 assistantes sociales et 307 médecins, infirmiers et ambulanciers.

Cette assistance est dispensée désormais dans 20 sites d’accueil,suite à l’ouverture de 3 nouveaux points cette année : l’un au port de Motril en Espagne, un autre à celui de Tanger Ville et un dernier à l’Aéroport de Marrakech Menara. Ceci relève le nombre de ce genre de structures dela Fondation à 5 à l’étranger et à 15 sur le territoire national. Ces points sont déployés dans les ports, les aéroports, les points frontaliers et des aires de repos spécialement aménagées par la Fondation.

En Europe, le service d’accompagnement social est déclenché soit à travers une prise en charge médicale coordonnée par les assistantes sociales avec la Croix rouge espagnole et les compagnies d’assurance, soit avec la «Guardia civile» espagnole pour ce qui est des cas de perte ou de vol, ou encore avec les services consulaires pour la remise d’une attestation de passage.

Derrière ce dispositif pharamineux, une ruche orchestrée depuis Rabat par le Bureau Central de Coordination lequel suit l’activité de l’opération au quotidien à travers les remontées d’informations effectuées par les différents sites. Ainsi, il prend la main sur les différentes situations auxquelles les MRE sont exposés, et s’assure de leur prise en charge par les départements concernés.

 

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Tanger, la destination maritime de prédilection des MRE

Pour les MRE, Tanger est un véritable pont naval sur le détroit. Ses deux principaux ports, Tanger Med et Tanger Ville, reçoivent plus de la moitié des arrivées maritimes de la diaspora marocaine d’Europe. Pour accompagner cet afflux croissant d’une année à l’autre, les différentes plateformes des deux infrastructures connaissent une amélioration incessante.
Pour se préparer à l’édition 2017 de l’opération «Marhaba», les autorités du port Tanger Med Passagers avaient enclenché un ensemble d’aménagements devenus opérationnels au début de la campagne. Nouveau schéma de circulation des véhicules, incorporation des aubettes de check-in aux accès réservées aux voitures, élargissement de cette dernière plateforme et séparation physique des flux d’entrée et de sortie des passagers piétons… Le volet infrastructurel a connu ainsi des remaniements aptes à assouplir davantage le trafic et à réduire le temps de passage par véhicules, le rendant capable de traiter avec fluidité le transit quotidien de 8.000 véhicules et 32.000 passagers. Le même souhait transparait à travers les perfectionnements établis au niveau des services : une organisation meilleure de la vente des billets par les compagnies maritimes au sein du port,extension de l’îlot de détente de 1.000 m², traitement des autocars en site déporté, et autres commodités à l’image de fontaines publiques réfrigérées. L’aspect communicationnel s’en retrouve également conforté : installation d’écrans LED au niveau des pré-embarquements et affichage des prix sur des tableaux électroniques par souci de délivrer l’information continue aux clients, mais aussi le lancement d’une application mobile, un service SMS et une station radio propres au port. En somme, que d’améliorations nécessaires au confort des quelque 1,8 millions de passagers, 420.000 véhicules et 2500 autocars prévus de transiter par ce port tout au long de la campagne Marhaba.
Du côté du port de Tanger Ville, le défi est tout autre. On y travaille d’arrache-pied sur la première reconversion d’un site portuaire au Royaume. Il y sera question du maintien des activités de croisière et de« Fast ferry », et du transfert de toutes les activités industrielles vers le Complexe de Tanger Med, pour permettre au port de se dévouer à l’activité touristique et d’y forger une réputation à l’échelle de la Méditerranée.
Sur la partie « croisière », Tanger Ville aspire à accueillir, une fois le chantier bouclé, 300.000 touristes à moyen terme. Sur le segment « plaisance », l’objectif est de doter Tanger de la plus grande marina de sa région avec 1.400 anneaux à l’horizon 2020. Quant au «Fast Ferry», le terminal réservé à l’activité sera modernisé (même qu’un téléphérique le connectera à la Médina de la ville), tout en maintenant la ligne Tanger – Tarifa (1,3 million de passagers par an dont 400.000 touristes).

DNES à Tanger Iliasse El Mesnaoui

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