«Si le Maroc n’est pas éligible, il faudra qu’on nous explique», a prévenu auprès de l’AFP Moulay Hafid Elalamy, le président du comité de candidature qui s’est dit « confiant » sur la validation technique de son dossier par la Fifa pour l’organisation du Mondial-2026, ultime étape avant le vote final du 13 juin à Moscou. «Ce n’est jamais gagné» d’avance, a-t-il néanmoins ajouté alors que la décision de la «Task Force» (commission d’évaluation) doit être publiée «début juin, au plus tôt vendredi 1er juin», selon une source proche du dossier.
Question : La «Task Force» doit décider de l’éligibilité des dossiers pour le Mondial-2026. Êtes-vous confiant ?
Réponse :« Nous avons travaillé avec la Task Force de la Fifa en amont en préparant le bid book ce qui a pris une bonne partie de notre énergie de façon à répondre à l’ensemble de tout ce qui est requis par la Fifa. Puis nous avons reçu l’équipe de la Task Force avec laquelle nous avons passé en revue l’ensemble des points et des questions qu’ils avaient. Cela m’a semblé extrêmement satisfaisant pour eux. Deuxième étape, ils ont voulu approfondir le sujet et ils ont diligenté des équipes de techniciens très professionnels avec lesquels nous avons échangé sur des sujets plus profonds concernant la candidature du Maroc, donc mon sentiment est très favorable».
Q: Vous ne craignez donc pas de voir votre dossier écarté avant le vote du 13 juin?
R : «Ce n’est jamais gagné évidemment, avant l’heure ce n’est pas l’heure et après l’heure ce n’est plus l’heure. Aujourd’hui nous sommes dans les startings blocks, nous sommes sur les rails, ce qui a été présenté est qualitatif. Si on devait ne pas passer à l’étape suivante, il faudra qu’on nous explique pourquoi et de façon suffisamment convaincante. Je suis très confiant, je pense que les gens de la Fifa sont professionnels, ont rencontré en face d’eux des gens tout aussi professionnels qui ont géré cette candidature avec beaucoup d’attention — non pas en essayant de fabriquer ou de préfabriquer des réponses aux questions mais en essayant de voir si la stratégie du pays pouvait intégrer cette candidature. J’ai cru comprendre à travers les commentaires des gens de la Task Force que le dossier marocain est très sérieux».
Q : Sur 207 votants, combien de soutiens le Maroc pense-t-il réunir pour le Congrès du 13 juin en cas de «qualification» pour l’élection ?
R : «Evidemment je le sais mais je ne le dirai pas. On table sur tout le monde, sur tous les pays, nous avons des blocs avec des relations plus privilégiés que d’autres, néanmoins le soutien que la candidature marocaine a suscité est bien au-delà de ce que l’on espérait. Je ne dirai rien, chacun à ses secrets de fabrication. On ne met pas ses atouts sur la place publique».
Q : Certains spécialistes évoquent «une géopolitique du sport». Pensez-vous que les prises de positions des pays en faveur d’un candidat à l’organisation du Mondial sont liées à des questions géopolitiques?
R: «La Fifa est très claire : pas d’interférence politique dans le sport. L’objectif, c’est ce qui est dans les statuts et dans les souhaits, j’espère que le sport restera en dehors du champ politique. Ce sont des domaines totalement différents… Cette Coupe du monde est supposée apporter de la fraternité, de la sérénité, du partage, de la tolérance. Et bien, j’espère que les politiques s’en tiendront là. Le sport est un moyen de rassembler, de rallier les gens, il ne faudrait pas que ce soit pollué par des considérations autres».
Q : De ce point de vue les déclarations du président américain Donald Trump, qui a menacé de sanctions politiques les pays qui ne soutiendraient pas la candidature du trio Etats-Unis/Canada/Mexique, jouent-elles en faveur ou en défaveur du Maroc?
R :«On est resté sur un sujet technique et sportif. On n’a émis aucun commentaire sur la candidature amie, car ce sont des amis. Dans le sport, ce sont des combats, mais pas de vrais combats, des combats sportifs. C’est un jeu, on est sur un terrain de jeu. Je m’abstiens de donner des réponses sur des positions politiques. Ce n’est pas un champ politique mais un champ sportif».
Propos recueillis par Sophie Pons (AFP)