Le pays a besoin d’un plan «Maroc de la recherche scientifique et de l’invention» (MRSI) pour booster l’œuvre de son développement durable sur des bases solides et réaliser des taux de croissance devant lui permettre de s’élever au rang des pays développés, a affirmé le conseiller parlementaire Abdellatif Ouammou.
Modèle de développement
Ripostant aux réponses du chef du gouvernement lors de la séance mensuelle du mardi 21 mai dernier, consacrée à la politique du gouvernement en matière d’enseignement, de formation professionnelle et de recherche scientifique, Ouammou a indiqué que l’on a en effet besoin d’un plan ambitieux pour le pays. Ce plan doit reposer non seulement sur l’augmentation des crédits consacrés à la recherche scientifique mais également et surtout sur une approche visant à faire de la recherche scientifique et du soutien de l’invention une politique publique forte, un levier fondamental du développement et une dimension de poids dans le nouveau modèle de développement en cours d’élaboration.
Selon le conseiller, le plan MRSI devra disposer de sa propre instance centrale et de sa stratégie, de son infrastructure d’instituts et de laboratoires et d’une situation semblable à celle des centres de la recherche scientifique dans les universités, les facultés de médecine et les centres hospitaliers universitaires, les instituts de la recherche agraire et les centres relevant des différents instituts et établissements publics, semi-publics et privés.
Produire et inventer
Le chercheur doit être considéré dans ces nouvelles structures non pas comme un simple fonctionnaire, mais comme un travailleur doté d’un statut matériel et moral qui l’incite à produire et inventer. Les travaux de ses recherches devront avoir une suite dans la production. Ils devront également être commercialisés et utilisés dans les différents aspects de la vie publique.
Le succès d’un tel plan est inéluctablement lié à la résolution de la crise de l’enseignement dans sa globalité, qui constitue la question mère, a-t-il rappelé.
Et ce ne sont pas les inventeurs et les créateurs marocains qui manquent, a-t-il dit, précisant que nombreux d’entre eux se sont distingués dans leurs domaines de recherche respectifs et remporté de prestigieuses distinctions et prix internationaux.
Accueillis ailleurs…
Ils sont accueillis ailleurs dans des centres de recherche étrangers et non pas au Maroc qui ne dispose pas de structures capables de les accueillir et de leur assurer les conditions de travail convenables.
Certains d’entre eux ont été reçus par Sa Majesté le Roi et décorés par des Wissams royaux, mais personne n’a pensé à créer de nouvelles structures capables de les attirer et leur donner l’opportunité de contribuer au développement de leur pays, qu’est le Maroc, comme c’est le cas en Asie où la recherche scientifique est érigée en secteur de base sur lequel repose le développement des pays, a-t-il relevé.
A l’intérieur même du pays et faute de structures d’accueil, de nombreux chercheurs et créateurs ont préféré aller ailleurs à l’étranger pour travailler et continuer d’innover, a-t-il dit, rendant hommage à tous les chercheurs marocains qui se sont distingués, par leurs propres moyens, dans divers domaines : physique, astronomie, médecine, nutrition, etc.
Il a par ailleurs indiqué qu’il est difficile de concevoir un nouveau modèle de développement plus performant que l’actuel sans recherche scientifique et sans apport de la communauté scientifique.
D’après lui, l’investissement dans le capital humain et social est de nature à doter le pays de davantage d’opportunités et de moyens de booster son développement, d’autant plus que le pays dispose depuis la deuxième moitié des années 70 d’un centre national de coordination et de planification de la recherche scientifique et technique (dahir du 5 aout 1976) et d’un centre national de la recherche scientifique et technique (CNRST, loi 00.80 de 2001), qui ne font pas parler d’eux.
Crise de l’Education
Mais pour que la recherche scientifique ait la place qui lui convient dans le développement du pays, il est d’abord nécessaire de résoudre une fois pour toute la crise du système de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique, loin de toute tendance réductrice des débats à la seule question de l’identité nationale, telle que perçue par d’aucuns.
Selon le conseiller, la réforme du système de l’enseignement relève de la responsabilité de tous : Etat, famille, organisations de la société civile et acteurs politiques et sociaux etc.
Loin du débat identitaire…
Malheureusement, d’aucuns continuent de dévier le débat à chaque fois que l’on tente d’avancer dans la recherche d’une solution à la crise. Ce fut précisément le cas au sujet de la loi cadre de l’éducation.
D’aucuns en ont profité pour dévier le débat de sa trajectoire pour lui donner un aspect identitaire étroit, estimant qu’ils détiennent à eux seuls les secrets de l’identité nationale. Par malheur, le débat a été réduit à la seule question de la langue d’enseignement et le pays semble avoir perdu encore une fois l’occasion de s’attaquer au problème qui ronge le secteur depuis des décennies, crise dont tout le monde parle sans en être peut être conscient.
M’Barek Tafsi