Port obligatoire du masque: Expliquer et convaincre

Le ministre de la Santé, à l’instar du chef de gouvernement, vient d’appeler, de nouveau, à «l’obligation du port de masque pour freiner la propagation du virus». Mais ces sorties médiatiques, à force d’avoir défendu le contraire, sèment encore le doute dans les esprits.

Cette attitude est perçue comme une marche en arrière, pour ne pas dire un cafouillage gouvernemental, qui a porté un sacré coup à l’image du gouvernement, déjà ternie par le manque de mesures sociales envers les populations les plus touchées par la pandémie.

Car si l’on exclut l’obligation de se conformer aux gestes mesures barrières, où la visibilité était meilleure, le port du masque avait fait l’objet de controverses incompréhensibles.

Ce changement d’attitudes, d’ailleurs pas seulement chez nous, est dicté par «l’apparition de cas graves et un nombre de décès en hausse», selon le ministre.

Il est vrai aussi que le virus circule plus encore, au niveau planétaire, et fait, chez nous de plus en plus d’infections graves et de décès.

Le prix du cafouillage scientifique

Mais, cinq mois après l’apparition du premier cas de coronavirus au Maroc, l’on découvre, réellement, l’importance des décisions prises auparavant, présentant le port du masque de protection comme inutile pour les non-malades, et préconisé, exclusivement pour les malades et le corps médical.

Il faudra avouer que le Maroc n’est pas seul dans le cafouillage scientifique, avec ce genre de rétropédalage…

Et si la communauté scientifique, OMS en tête, était largement divisée, au niveau mondial, sur la question, il faudra souligner la légèreté qui a marqué les avis sur l’utilité du port du masque.

Il est vraiment désolant de voir des sommités scientifiques dire une chose puis son contraire, alors que le principe de protection contre les microbes (dont le virus fait partie) est fortement acquis depuis la nuit des temps et le fameux bacille de Koch provoquant la tuberculose, qui faisait de grands ravages.

Mais ce qui surprend c’est l’implication de politiques de premier plan, de présidents d’Etat, de chefs de gouvernement, de ministres, de responsables sanitaires de haut niveau, à côté d’experts médicaux dont on ne sait plus pour quelle raison. Cela avait hautement choqué le citoyen lambda. Et, aujourd’hui, il a besoin d’explications convaincantes, autrement il prendrait la nouvelle mesure comme une décision politique et non sanitaire.

Et presque toute la tribu a cru en eux et même défendu, avec conviction, le non port du masque de protection.

D’aucuns, en mal de moyens à temps, pénurie de masques oblige, avaient soutenu que le port du masque n’est utile que pour les malades et les médecins traitants.

Chez nous la mise en branle de la machine de production des masques (ah nous sommes devenus une puissance industrielle exportatrice !) avait fait douter les Marocaines et les Marocains, après la fameuse déclaration initiale du chef de gouvernement, réduisant le port du masque aux seuls malades (qui se comptaient par quelques centaines) et aux chirurgiens…

Pourquoi, dès lors que le gouvernement avait cette certitude, s’est-il lancé dans la fabrication des masques dont on ne connait pas encore les dividendes pour le Trésor public ?

La parole aux scientifiques

Et, trois mois durant, lors du pénible confinement, ce qui n’était pas obligatoire le devient sans aucun effort d’explication pédagogique ni didactique.

Imaginez que vous dites aux citoyens que ce n’est pas la peine de mettre un masque de protection car le coronavirus ne circule pas dans l’air et que le malade doit le porter pour protéger les autres, au même titre que les intervenants médicaux. Et puis, plus tard, dire l’inverse en appelant au port du masque en raison de la circulation du virus.

Mêmes les virologues et les experts en microbiologie ne savent pas encore le mode de transmission du virus. L’on nous avait «convaincus» que le virus ravageur ne vit pas dans l’air et qu’il descend par terre et sommé de laver le bas de nos souliers à l’eau de javel qui contient du chlore qui tue le corona. Soit. On nous a convaincus    que la distanciation sociale et les gestes barrières sont suffisants pour vaincre le mal. D’ailleurs la période de confinement était intégralement marquée par le respect de ces règles.

Il est vrai que, chez nous, les ravages sanitaires, contrairement à ceux socio-économiques, étaient minimes. Mais une attitude sereine, en matière de décisions, manquait cruellement au point que le citoyen ne savait plus ce qui était vrai dans toutes ces déclarations contradictoires.

Avouons que, même au niveau mondial, la connaissance et le savoir scientifique ne sont pas au top, valeur d’aujourd’hui, trop d’inconnues persistent sur le virus…

Mais le citoyen a pour obligation de se protéger contre le mal du siècle.

Il ne doit pas faire preuve de relâchement et continuer à respecter les gestes barrières et le port du masque. Des pratiques à insérer dans notre vie d’aujourd’hui et, peut-être, celle de demain.

Mais expliquons sans faux-fuyants, donnons la parole aux scientifiques qui savent…

Mohamed Khalil

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