Rachid Dahmaz, le Platon du tourisme

Portrait d’Agadir

Saoudi El Amalki

Quand Rachid Dahmaz s’adressait aux acteurs du tourisme d’Agadir-Souss Massa avec aisance et solennité, il séduisait l’assistance par ce ton étrange qu’ils n’ont peut-être pas l’habitude de concevoir dans la profession plutôt systémique, dictée par les velléités des conjonctures.

Au fur et à mesure, on se rendait compte qu’on avait à faire à un discours profond dont l’auteur faisait état d’une autre manière de s’y mettre vis-à-vis de la chose touristique, viscéralement articulée autour de l’aspect humain. Nonobstant, Rachid  ne s’apercevait nullement qu’il était en train de se faire contrarier par son style qui relevait de l’humanisme, puisqu’il empruntait les vertus de la « cité idéale » de Platon.

Seulement, tout en étant de tempérament rifain qu’il s’acharnait à se conduire comme il l’entendait, en homme  vertueux, magnanime et fougueux. Il a toujours aimé se faire convaincre et vaincre par ce qu’il a constamment cru être vrai, juste et noble, sans chercher à prendre le dessus sur l’autre, pour la simple raison que « L’enfer, c’est les autres ! », comme disait Jean Paul Sartre dans l’extrait de sa pièce théâtrale « huis clos ».

Rachid devait s’y prendre comme il a su le faire, depuis qu’il a dormi à la belle étoile, s’est servi de ses mains à faire de la plonge,  eu du mal à se faire des sous et a trimé pour devenir ce qu’il est maintenant, la tête sur les épaules, les pieds sur terre et la dignité au bout du nez.

« La victoire sur soi est la plus grande victoire ! », tonnait la maxime du concepteur de la république platonique. Durant son succinct passage à la tête du CRT, il prêchait l’adoration et la passion du travail, alors que les ténèbres du confinement asphyxiaient la vie et la nature imposée par la maudite pandémie. Il a mis sur pied, en dépit de cette entrave, nombre d’actions inédites auxquelles avait participé une pléthorique pléiade d’intervenants, depuis la plus haute sphère du département au bas de l’échelle.

Son humilité, sa pugnacité et surtout son aura créative et laborieuse, faisaient de lui un bien-aimé de tout le monde au point de s’ériger en idole des intellectuels comme des néophytes sauf peut-être, certains collègues de la maison dont l’esprit réducteur et borné s’en trouvaient gêné par son franc parler, sa vitalité et son sens de l’humour de bon vivant.

Rachid a de tout temps, rêvé d’une belle métropole où le tourisme serait Roi et où la résilience serait Reine, parce qu’il voulait à tout prix donner à la ville qu’il chérissait et adulait ce qu’elle lui avait donné, en contrepartie ! C’est pourquoi il s’adonnait au travail corps et âme, en rêvant de la cité idéale dont il avait débuté son aventure au perchoir du CRT.

« Les rêves donnent du travail ! », disait un jour Paulo Coelho, l’illustre romancier brésilien à cet égard. Il aura laissé sans nul doute, un beau souvenir de celui qu’il avait jeté son dévolu tout entier sur la valeur du travail, l’intensité de l’effort et l’amour qu’il s’est fait entourer dans la communauté de toute la région, car nul ne saurait passer sous silence cette détermination qui était sienne et son intégrité cristalline qui pétillait comme l’eau de roche et surtout sa fierté de patriote qui ne le quittait jamais d’une semelle.

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