Un problème de communication

Pass vaccinal 

Ouardirhi Abdelaziz

Depuis le jeudi 21 octobre 2021, les citoyens Marocains  sont confrontés à la réalité du pass vaccinal. Les restaurants, cafés, centres commerciaux, salles de sport, hammams en demandent.

Dans le même ordre et conformément à la décision gouvernementale liée à la gestion de la crise sanitaire et à l’instauration du pass vaccinal obligatoire, les administrations publiques et établissements privés adoptent eux aussi l’application de cette décision. Ils ne sont désormais accessibles qu’aux seuls détenteurs du pass vaccinal.

Face à cette décision, les avis des citoyens sont partagés.  Il y a ceux qui sont pour, qui adhèrent, car le pass vaccinal est pour eux synonyme d’une garantie sanitaire, d’une meilleure sécurité pour leur santé, comme il limite les risques de contamination.

En outre, ce sésame permet d’accéder à certains lieux jusque-là fermés. Comme il permet la levée des restrictions pour les voyages entre les différentes villes, et de ce fait contribue grandement à un retour progressif à la vie normale.

Mais comme il fallait s’y attendre, il y  a aussi ceux qui sont contre cette décision, qui a suscité une grande colère au sein d’une frange de notre population, puisqu’elle touche à un principe fondamental : celui des libertés individuelles et de la libre circulation telle que le stipule l’article 29 de la constitution.

 Des rassemblements ont eu lieu au niveau de certaines villes, dont Rabat, Marrakech, Casablanca, Oujda, pour dénoncer cette décision. Ce qui n’a pas manqué de faire réagir la classe politique, des associations, certains syndicats qui n’ont pas manqué cette occasion pour critiquer une mesure hâtive, décidée unilatéralement par le gouvernement qui n’a pas pris la peine de communiquer, d’informer et de sensibiliser la population.

Vifs débats

On ne peut pas balayer d’un geste cette mesure, qui quoi que l’on puisse en penser ou dire, est de nature à accélérer le retour à la vie normale tout en limitant les risques de contamination. Ce ne fut pas le cas, car cette décision n’a pas fait l’unanimité auprès de l’opinion publique.

Il est vrai que si le pass vaccinal avait fait l’objet d’une étude et analyse préalables , toutes deux destinées à mieux faire comprendre à nos concitoyens les véritables enjeux sanitaires et socio – économiques, dans un langage simple, clair, très argumenté ; cette décision aurait reçu une adhésion large de notre population .

Comme il fallait s’y attendre, la décision du gouvernement d’imposer un pass vaccinal a suscité un vif débat parlementaire .Le ton est monté  le lundi 25 octobre au parlement autour du pass vaccinal.

Invité à s’exprimer devant les représentants de la nation au sujet de l’obligation du pass vaccinal, sur le pourquoi de la rapidité quant à la prise d’une telle décision , et l’absence de communication , le ministre de la Santé, le professeur Ait Talab n’a pas été par quatre chemins pour défendre la décision gouvernementale , apportant des arguments qui plaident en faveur de l’imposition du pass vaccinal .

Une situation de décrue

Répondant aux questions des parlementaires, tant ceux de la majorité que ceux de l’opposition, Khalid Aït Taleb a tout d’abord mis en exergue les résultats très encourageants que le Maroc enregistre dans la lutte contre le coronavirus depuis le mois de Mars 2020. Il a rappelé que grâce aux hautes directives et orientations de sa Majesté le roi Mohamed VI, à la campagne nationale de vaccination, à la mobilisation constante des professionnels de la santé et des autorités, notre pays enregistre des indicateurs en nette amélioration. Ce qui se traduit par une tendance baissière des nouveaux cas de covid-19 et une baisse du nombre des décès.

Cette tendance à la baisse se maintient depuis plusieurs semaines, ce qui permet d’alléger considérablement la charge de travail des professionnels de santé, médecins, infirmiers et techniciens au niveau des différents hôpitaux.

Cette situation de décrue épidémique très notable des nouveaux cas de covid-19, permet aussi une nette diminution du taux d’occupation des lits des différents  services de réanimation, qui est passé de 60% à 6,2% actuellement, pour une capacité laitière de 5.250 lits. Un résultat très important, ce qui en clair signifie que notre pays est passé dans la zone verte.

La vigilance est le maître mot

Il est vrai que notre pays connaît pour l’heure une nette amélioration concernant la situation épidémiologique de la covid-19, grâce entre autres à la parfaite gestion de la pandémie, à une bonne organisation des ressources humaines, une excellente planification au niveau central et régional. Mais cela ne signifie pas que nous avons vaincu le coronavirus, nous devons rester très vigilants, faire preuve de responsabilité.

Les résultats obtenus depuis le lancement par sa Majesté le Roi Mohamed VI, de la campagne nationale de vaccination, le 28 janvier 2021 sont très encourageants.

Les différents centres de vaccination mis en place par le ministère de la santé au niveau des différentes régions du Maroc, ont permis de vacciner 23,6 millions de personnes, qui ont reçu la première dose, soit 77,5% de la population cible, alors que 21,4 millions ont reçu les deux doses, soit 70% de la cible. Le nombre de personnes qui ont reçu la troisième dépasse un million. Tout cela se traduit par une baisse continue des nouveaux cas de covid-19.

Devant les parlementaires le ministre de tutelle n’a pas caché sa grande satisfaction au regard de la situation épidémiologique en constante amélioration, tout en appelant devant les parlementaires, à la vigilance pour éviter les répercussions d’une nouvelle vague de la pandémie qui  n’est pas à écarter.

En effet, un peu partout au niveau mondial, l’épidémie semble repartir à la hausse, et dans ce contexte épidémique mondial, le Maroc n’est pas totalement à l’abri.

Le plaidoyer de Khaled Ait Talab

Tout en comprenant les réactions suscitées par l’obligation du pass sanitaire, le ministre de la Santé a tenu à rappeler que notre pays ne peut pas se permettre en ce moment précis de baisser la garde face à un virus qui reste non maitrisable, et qui ne cesse de muter, et dont les nouveaux variantes sont dangereux.

C’est pourquoi, Ait Talab , a tenu à préciser devant les parlementaires que  le pass vaccinal n’a pas pour objectif de limiter les libertés, mais plutôt de permettre aux personnes vaccinées de mener une vie relativement normale.

Le ministre de la Santé a souligné qu’une telle mesure va essentiellement limiter la propagation du virus à travers les non-vaccinés. Il n’a pas manqué de s’interroger sur la relance économique, qui reste tributaire d’une campagne de vaccination réussie qui prémunirait le Maroc d’une nouvelle vague de la pandémie ?

Et de continuer  à se poser des questions : « avec les restrictions, tout le monde se plaignait des répercussions économiques et sociales. Maintenant qu’on s’évertue à relancer la machine, on rechigne à se faire vacciner. »

Poursuivant son plaidoyer en faveur de ce document, le ministre a assuré que le pass vaccinal ne peut que contribuer à pousser les catégories non vaccinées à adhérer à la campagne nationale de vaccination, qui reste le seul moyen à même de garantir une protection contre les formes graves de la Covid-19.

En conclusion, on peut adhérer ou ne pas adhérer, ce qui n’est pas acceptable, et que nous ne pouvons admettre, c’est le manque de communication autour d’une question qui concerne tous les Marocains.

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