Venezuela: Trump perd la partie…

«Toutes les options sont sur la table». Cette phrase maintes fois répétée sur tous les tons lorsqu’il s’agit du Président Nicolas Maduro par tous les «stratèges» de la Maison Blanche – du président Donald Trump à son «envoyé spécial» pour le Venezuela, Eliott Abrams, en passant par son vice-président Mike Pence, son ancien conseiller à la sécurité nationale John Bolton ou encore  son chef de la diplomatie Mike Pompeo – a fait «plouf» en tombant à l’eau le 3 mai dernier.

Ce jour-là, l’opération paramilitaire «Gideon» montée, au petit matin et à l’aide de deux embarcations, par Jordan Goudreau, un ancien «béret vert» de l’armée américaine avec pour objectif d’envahir le Venezuela par la mer afin d’en chasser «le dictateur Maduro» fut un échec. Près de quatre-vingt dix hommes, lourdement armés, avaient entrepris une tentative de débarquement à Macuto, à une quarantaine de kilomètres de Caracas.

apidement neutralisée par les forces armées vénézuéliennes, l’opération a pris une allure rocambolesque ; ce qui poussera le président Maduro à évoquer, avec un sourire narquois au coin des lèvres, une «Baie des Cochons vénézuélienne»  en référence à l’opération ratée menée en 1961 par des exilés cubains avec l’aide de la C.I.A. pour renverser Fidel Castro.

Parmi les assaillants, deux américains Luke Denman, 34 ans, et Airan Berry, 41 ans ont été faits prisonniers. Ils encourent jusqu’à 30 ans de prison pour les faits de « terrorisme, conspiration, trafic d’armes de guerre et association de malfaiteurs » qui leur sont reprochés. Au milieu des huit assaillants qui ont péri se trouvait Robert Colina Ibarra alias «Pantera», un ancien capitaine de la Garde nationale vénézuélienne. Mais il est clair, pour Nicolas Maduro, que tout ce beau monde n’est constitué que de simples exécutants, des barbouzes chargés des basses besognes et que le «commandant en chef de l’opération» est bien le président Donald Trump. Et Juan Guaido dans tout çà ? Un simple remplaçant assis sur le banc de touche qui, après cet échec, aura du mal à reprendre sa place dans l’équipe…

Capturé le 11 mai dans l’Aragua, Jairo Betamy révèlera qu’à bord de la vedette rapide qui l’avait amené de Maicao, en Colombie, se trouvaient cinquante-quatre personnes ayant reçu pour instructions d’envahir le palais présidentiel de Miraflores et de capturer Maduro « mort ou vif». Au vu de tout cela, il semble donc que, pour certains, rien n’a changé depuis la fameuse «conquête de l’Ouest» et son extraordinaire «ruée vers l’or» puisque deux siècles plus tard, ceux-ci se comportent encore comme aux temps de l’âge d’or du cinéma américain en continuant à offrir au monde les mêmes scénarios que ceux de ces fameux «westerns» dont les studios d’Hollywood avaient le secret et que l’on pouvait résumer ainsi : «Attrapez-le mort ou vif !» ou encore «Pendez-le haut et court !»; ce qui est bien triste.

Mais la «tristesse» supposée entourer cette opération a été atténuée par son côté «burlesque» car le 1er mai, soit deux jours avant son exécution, la fameuse «Baie des cochons vénézuélienne» dirigée par Jordan Goudreau avait été évoquée minutieusement par l’Associated Press et présentée comme étant une «tentative ratée pour chasser Maduro conduite par un ancien béret vert».

Mais qui donc a communiqué à la presse le «scénario» du nouveau film de la Maison Blanche avant même sa projection? Qui donc a, par cette fuite, offert à Nicolas Maduro la possibilité de renforcer son pouvoir et, par la même occasion, sérieusement écorné le prestige d’un président américain obligé de battre de l’aile ? Ces questions étant, pour l’heure, sans réponse, attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

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