Attendons pour voir…
Soucieux de voler au secours de son ancienne colonie du Guyana, désormais, plongée dans une crise inédite avec le Venezuela au sujet de l’Essequibo, un territoire riche en pétrole, couvrant les deux tiers de la superficie totale du pays et abritant quelques 125.000 personnes, soit un cinquième de la population guyanaise, le Royaume-Uni a décidé, ce dimanche, d’envoyer, dans la région, son patrouilleur le HMS Trent, qui, après avoir été basé dans la Méditerranée, était parti, au début de ce mois, dans les Caraïbes, dans le cadre de la lutte contre le trafic de drogue.
Mais si, du communiqué du ministère britannique de la Défense qui considère que Guyana est un « allié régional et (un) partenaire dans le cadre du Commonwealth », il ressort que Londres a décidé d’y envoyer le HMS Trent « pour une série d’engagements dans la région » – ce qui a été dénoncé, par le Venezuela comme étant une «provocation» – la BBC a tenu à préciser, de son côté, que ce patrouilleur va participer aux manoeuvres militaires qui auront lieu après Noël avec certains pays alliés du Royaume-Uni.
Pour l’histoire, rappelons que le contentieux qui oppose le Venezuela à Guyana aurait démarré en 1811 puisqu’au moment de la proclamation de son indépendance et de son détachement de la couronne espagnole, le Venezuela comprenait l’Essequibo.
Mais comme l’Empire britannique contrôlait le territoire voisin qu’il avait acquis en 1814 en vertu d’un traité signé avec les Pays-Bas mais dont la frontière occidentale n’avait pas été clairement délimitée, en 1840, les anglais avaient chargé du tracé de cette frontière l’explorateur Robert Schomburgk qui avait, délibérément, adjoint au territoire initial quelques 80.000 kilomètres carrés supplémentaires.
En récusant cette décision, le Venezuela avait, alors, soumis cette affaire à l’arbitrage de la Cour de Paris qui avait donné raison aux britanniques.
Or, en 1949, le témoignage post-mortem d’un juriste américain avait révélé que les britanniques avaient exercé une grande pression ladite Cour.
Fort de cette révélation, le Venezuela avait alors commencé à revendiquer ce territoire à telle enseigne qu’au moment de conférer, au Guyana, son indépendance, Londres avait signé, avec Caracas, un accord qui reconnaît ce différend territorial sans, pour autant, le résoudre et le laisse, ainsi, en héritage au jeune Etat du Guyana.
Mais la tension, qui était latente depuis lors entre les deux pays, est montée d’un cran, en septembre dernier, lorsqu’en réaction au lancement, par le Guyana, d’appels d’offres pétroliers, Caracas avait organisé, le 3 décembre, un référendum portant sur le rattachement de l’Essequibo au Venezuela.
Sachant, enfin, que, bien que lors de leur récente rencontre du 15 Décembre à Saint-Vincent-et-les Grenadines, le président guyanien Ifraan Ali et son homologue vénézuélien Nicolas Maduro s’étaient engagés à ne pas recourir à la force pour aplanir leur différent et à « s’abstenir » d’intensifier ce conflit de quelque manière que ce soit, ceux-ci continuent à camper sur leurs positions, attendons pour voir…
Nabil El Bousaadi