Selon le vice-Président de l’Académie diplomatique africaine
Propos recueillis par: Saad Bouzrou (MAP)
La nouvelle initiative africaine proposée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI pour atténuer la propagation de la pandémie liée au COVID-19 en Afrique est «non seulement pratique et réaliste, mais aussi inclusive et de bon sens», a affirmé le vice-Président exécutif de l’Académie diplomatique africaine (ADA), Mohamed H’Midouche.
L’approche participative, qui sous-tend cette initiative s’inspire des méthodes de management les plus modernes, à savoir le partage des «best practices» et l’adoption d’une approche de gestion axée sur les résultats, comportant des indicateurs de performance qui faciliteraient le suivi/évaluation de la matrice des actions qui seront approuvées et adoptées par les Chefs d’État africains dans les prochaines semaines, a souligné M. H’Midouch dans un entretien à la MAP.
L’engagement du Maroc à défendre les causes et les intérêts de l’Afrique ne date pas d’aujourd’hui, a-t-il précisé, relevant que c’est plutôt «une orientation immuable héritée de son Histoire et qu’il continue à réaliser avec assurance et fierté, faisant de lui un véritable «Honest Broker» et un interlocuteur crédible, un ami sûr sur qui on peut compter en toutes circonstances dans le bonheur et dans le malheur».
Cette initiative vient s’ajouter au palmarès des nombreuses initiatives royales concrètes en faveur du continent africain portant sur plusieurs problématiques d’intérêt stratégique et politique, a fait savoir M. H’Midouche, citant essentiellement l’annonce unilatérale de l’annulation du stock de la dette des pays africains, la proposition et adoption du Plan d’action relatif à la sauvegarde de l’environnement en Afrique lors de la COP21, ainsi que les fréquentes visites officielles royales dans une trentaine de pays subsahariens au cours des deux dernières décennies qui se sont concrétisées par la signature de plus de 1.000 accords de coopération et la mise en œuvre de divers projets dans des domaines très variés.
«En définitive, elle permettra aux pays africains de procéder à une évaluation objective et chiffrée de l’impact de la pandémie du Coronavirus sur leurs économies respectives tant au plan domestique que régional et international», a-t-il noté, poursuivant que l’objectif ultime est de «sauver la maison Afrique» du risque de propagation du «feu» que constitue le COVID-19, la sauvegarde des vies humaines et surtout la jeunesse qui constitue «la plus grande richesse et l’avenir de notre contient».
H’Midouche a, en outre, mis le point sur l’impact économique engendré par la pandémie actuelle, faisant savoir que la crise actuelle entraînera «une récession économique plus grave» que la triple crise agricole, énergétique et financières des années 2008-2009.
Cependant, il a estimé que les activités économiques reprendront progressivement selon le rythme de déconfinement que chaque État prendrait à son niveau en fonction de l’évolution de la pandémie.
En ce qui concerne le moratoire du G20 sur la dette des pays les plus pauvres, notamment africains, M. H’Midouche a avancé qu’il s’agit d’un «petit répit» et non d’une annulation de dette comme réclamée par certains dirigeants de pays africains, signalant au passage que la crise de Covid-19 va demander un effort économique beaucoup plus conséquent que l’effort consenti par le G20 pour le service de la dette.
«Le choc économique créé par la pandémie nécessite, pour être surmonté, des capacités budgétaires exceptionnelles. Or le poids de la dette africaine empêche les pays de dégager ces moyens suffisants pour y faire face», a-t-il souligné.
Dans le même sillage, il a tenu à rappeler que selon les chiffres officiels du Fonds monétaire international (FMI), la dette cumulée des pays africains a doublé au cours des dernières années et a atteint actuellement le chiffre record de 365 milliards de dollars dont 145 milliards (soit 39,73%) sont dus à la Chine, alors que le service de la dette s’élève quant à lui à 44 milliards de dollars.
H’Midouche a mis l’accent, par ailleurs, sur les enseignements qui peuvent être tirés par les pays africains après cette crise, lesquels visent, entre autres, à affecter des ressources budgétaires conséquentes au secteur de la santé et de la recherche scientifique, retenir le personnel soignant (médecins, infirmiers, aides-soignants etc.) en Afrique en améliorant substantiellement leurs émoluments et conditions de travail afin d’éviter ou de minimiser la fuite des cerveaux hors du continent ou encore de constituer des stocks stratégiques suffisants en investissant dans l’industrie pharmaceutique.
Quant aux pouvoirs publics qui se sont fortement mobilisés pour aider la population, il a recommandé de les encourager si ce n’est pas déjà fait et de concevoir et d’adopter des stratégies de sortie de crise comme en temps de guerre, en préparant des plans de reprises des activités au terme de la période de confinement.