Par Yosra Bougarba (MAP)
La note de cadrage du Projet de loi de finances (PLF) au titre du prochain exercice, adressée récemment aux départements ministériels, dresse d’ores et déjà, avec un optimisme bien justifié au regard des indicateurs, la physionomie d’une année cruciale pour la relance de l’économie nationale.
L’amélioration progressive de la situation économique, l’atteinte d’une récolte céréalière exceptionnelle, le déroulement de la campagne nationale de vaccination anti-coronavirus dans les meilleures conditions et la dynamique créée par les Marocains résidant à l’étranger (MRE) sont, entre autres, les variables qui entrent dans l’équation du raffermissement du tissu économique marocain pour enclencher une véritable reprise à tous les niveaux.
Des variables qui laissent, sans aucun doute, présager un tout nouveau départ pour l’économie marocaine en 2022, une année décisive pour amorcer la mise en œuvre de chantiers phares comme celui de la généralisation de la couverture sociale au Maroc, ainsi que des réformes structurantes, en particulier celles de la fiscalité et du secteur des établissements et entreprises publics (EEP).
Aussi, la réalisation des objectifs fixés dans le cadre du Nouveau modèle de développement (NMD), dévoilé fin mai dernier par la Commission spéciale sur le modèle de développement (CSMD), constitue une priorité durant le prochain exercice. Croissance: les conditions d’un rebond confortable sont là!
Sur le volet macroéconomique, ladite note de cadrage du PLF-2022 table sur une croissance économique de 3,2% pour l’année prochaine et ce, sur la base des priorités de ce texte et de la conjoncture nationale et internationale, laquelle est liée à l’évolution de la crise du nouveau coronavirus (Covid-19).
D’ailleurs, ces projections tiennent compte de l’hypothèse d’un prix moyen de gaz butane de 450 dollars/tonne et d’une récolte céréalière moyenne de 70 millions de quintaux (Mqx).
Ce taux de croissance reste «soutenable», d’après Abdelghani Youmni, Economiste et spécialiste des politiques publiques dans les pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée (PSEM). «Il est même probable d’enregistrer un taux de croissance proche de 4,2%», a-t-il estimé dans une déclaration à la MAP.
L’année 2022, a poursuivi M. Youmni, serait celle d’une croissance tirée par «le triomphe» de la vaccination et de la reprise de plusieurs secteurs comme le tourisme, les transports aérien et maritime, le textile et l’artisanat.
La relance économique serait également soutenue par «nos industries stratégiques», à savoir l’automobile, l’aéronautique et l’agroalimentaire, outre l’industrialisation par substitution aux importations, a-t-il ajouté.
Cependant, cet optimisme ne doit pas occulter certaines contraintes, dont le fait que «notre agriculture reste pluviale», a dit M. Youmni, notant que la production céréalière est un référentiel central servant à évaluer la campagne agricole.
Il a, à cet égard, rappelé que l’agriculture contribue à plus de 15% au produit intérieur brut (PIB) national, soit 180 milliards de dirhams (MMDH), emploie 46% des actifs du pays et génère plus de 250 millions de journées de travail.
De plus, l’économiste a fait remarquer que l’hypothèse d’un prix moyen de gaz butane de 450 dollars/tonne n’inclut pas le cours de change du dollar et cela concerne l’effort budgétaire que l’État a consenti depuis plusieurs années pour subventionner le gaz butane.
Concernant le facteur de la crise sanitaire actuelle, il a indiqué que «comme toutes les crises, il y a des perdants et des gagnants», relevant que l’emploi et la croissance seront redistribués et «le Maroc va devoir se positionner comme candidat légitime pour occuper une place dans le tour de table».
Malgré la montée des effets néfastes du Covid-19, cette crise se soldera par de nombreux «bienfaits» pour le Royaume, a prévu M. Youmni. «Le Maroc a fait preuve de solidarité, de résilience et de capacité de gouvernance en matière de gestion de l’épidémie, des contraintes sanitaires et hospitalières et de la stratégie de vaccination. Il a aussi enregistré des gains indéniables de productivité dans certains secteurs», s’est-il félicité.
Et de soutenir que les atouts du Royaume résident dans ses réformes institutionnelles et économiques «courageuses» et «volontaristes», ses infrastructures routières, aéroportuaires, maritimes et de télécommunications, sa proximité avec le continent européen, ainsi que sa position de hub entre l’Europe, l’Amérique et l’Afrique. S’y ajoute son «puissant» dividende démographique pour une population dont 65% des personnes sont âgées de 18 à 35 ans et une main d’œuvre flexible, habile et vigoureuse.
Généralement, M. Youmni a recommandé de donner au PLF-2022 davantage d’ouverture sur l’avenir, notamment les effets de la mise en place du NMD et les retombées probables du repositionnement géo-économique et géopolitique du Maroc.
Il a aussi préconisé d’aborder des points spécifiques comme l’allégement du coût du travail pour l’emploi des jeunes, l’évaluation du programme «Intelaka» et des modalités pour le booster, ainsi que les mesures d’accompagnement des entreprises pour préserver et relancer l’emploi.
Il s’agit aussi du soutien à l’agroécologie et l’agriculture du terroir pour conforter le monde rural, de l’activation de la régionalisation économique avancée et de la formation professionnelle des jeunes hommes et femmes aux compétences techniques, citoyennes, sociales et linguistiques.
Le Chef du gouvernement a publié récemment la note de cadrage adressée aux départements ministériels fixant les priorités et les grandes orientations du PLF-2022.
Cette note prévoit notamment la consolidation des bases de la relance économique, le renforcement des mécanismes d’intégration et de développement de la généralisation de la protection sociale, le renforcement du capital humain et la réforme du secteur public et l’amélioration des mécanismes de gouvernance.