par Mustapha Labraimi
Généralement, nos capitalistes ne reconnaissent pas leur capitalisme ; et encore moins qu’ils s’approprient les moyens de production pour maximaliser leurs profits. Ils ne veulent pas apparaitre comme des profiteurs dans une société où, le plus souvent, l’enrichissement reste marqué par le doute sur son origine et son accumulation ; alors que les inégalités sociales deviennent criantes.
C’est ainsi que le président Akhannouch se proclame social-démocrate !
Piqué par l’intervention d’une jeune conseillèreUsfp sur certaines rubriques du budget de la commune d’Agadir, il éloigne (kida ! comme disent les Égyptiens) la politique du champ communal et affirme débattrede la polarisation social-démocratie/libéralisme avec les séniors …
La prérogative du président du conseil communal est ainsi pratiquée, d’une part, par l’usage de l’interruption « démocratique » du son, gestion du temps imparti à toute intervention sauf celle du président, et d’autre part, en bottant en touche sans répondre à l’interpellation de la jeune conseillère qui, il faut le relever, ne s’est pas laisser intimider par les « précisions » de Monsieur le président.
Plus que les « chauffes » enthousiastes des manifestations partisanes, la jeunesse marocaine mérite d’être écoutée et encouragée dans son engagement politique. On ne peut rabrouer une critique en la prenant d’en haut avec un machisme apparent. La reddition des comptes est inscrite dans la constitution et le respect de la femme est un devoir.
La social-démocratie du Chef du gouvernement est sollicitée sur le terrain au lieu de son instrumentalisation verbale en réponse à l’interpellation d’une jeune conseillère dont l’identité socialiste a été à la base de son élection au conseil communal d’Agadir. L’existence même de ce dernier est d’essence politique ; le nier ne peut contribuer à renforcer le processus démocratique dans son ensemble et à retrouver la « voie de la confiance ».
La volonté de limiter le champ politique à un cénacle réduit l’opportunité du débat démocratique, la clarification et la mobilisation des forces vives de la nation dans le cadre de la consolidation du processus démocratique, sans laquelle tout développement restera circonscrit.
Dans la réalité du quotidien, pratiquant une politique néolibérale tous azimuts, le Chef du gouvernement n’a jamais fait sentir sa sensibilité sociale-démocrate. Entre autres faits, lors du renchérissement des hydrocarbures, rien n’a été entrepris pour amortir ses effets sur le pouvoir d’achat des masses populaires. Ce dernier est encore malmené par la hausse des prix qui se généralise, libéralisation et circuits commerciaux aidant. La démocratie sociale est loin d’être une préoccupation du Chef du gouvernement. Prônant le moins d’Etat et « le laisser faire » du marché que des secteurs sociaux aussi importants que l’enseignement et la santé connaissent une situation de crise qui semble perdurer.
Si la question sociale se retrouve dans ses discours, elle reste en deçà des aspirations de la population. Entre autres situations, le retrait du projet de loi 54-23 concernant la CNOPS et la CNSS montre la fébrilité maladive de l’action gouvernementale, son approche unilatérale et, en fin de compte, son échec pour réaliser au mieux la généralisation de la couverture médicale. Un social-démocrate aurait cherchéauparavant à affermir l’approche participative avec ses partenaires sociaux avec lesquels il s’est engagé « dans un dialogue social autour des importants chantiers à entreprendre ». A moins que le Chef du gouvernement ne considère ceux-là même comme « minimes » pour se faire. Séniors, où êtes-vous ?
L’action menée par le Chef du gouvernement, sous-tendue par son projet néolibéral, est loin de la « société juste » promise ; « celle où la pauvreté et la marginalisation n’existent plus et oùl’écart social entre les individus, les groupes, les régions et lescommunes ne se fait pas sentir. ».
Pure fiction quele président Akhannouch soit social-démocrate.