Ce « besoin de politique »

Par Mustapha Labraimi

Presque tous les séniors, tels que définis par M. Akhannouch sous la casquette de président du conseil communal d’Agadir, ne cessent d’invoquer le nécessaire renouveau de la politique au royaume. Ceux et celles qui n’y pensent pas sont celles et ceux qui n’en veulent pas pour des raisons qui leurs sont propres sans relation avec l’inertie remarquée du champ politique national.

Tout est au mieux pour eux, leurs situations avant toute chose et leurs profits qui s’accumulent. Tant qu’ils ne sont pas touchés dans ses deux privilèges, leurs certitudes ne semblent pas s’éroder.

Certes les temps ont changé à tous les niveaux, aussi bien dans la société marocaine qu’au niveau international.

Ce dernier subit des tensions multiples et diverses telles que l’incertitude est devenue la base de toute approche géopolitique. Les prémisses d’un nouvel ordre international font que l’actuel « se trouve piétiné par ses garants ».Aux nombreuses manifestations de solidarité avec le peuple palestinien, à travers le monde, répond le cynisme de ceux qui alimentent la guerre génocidaire, permettant son expansion et couvrant ses méfaits.L’ONU elle-même est visée,par l’Etat félon qu’elle a créée en une terre qui n’est pas la sienne ; subissant ses violences verbales et les attaques de ses représentants. Et cela continue …

Le marché des armes est florissant alors que les états s’endettent de plus en plus ; mais tous font le bonheur de l’oncle Sam qui craint la dédollarisation qui s’annonce. C’est aussi par ce biais, l’usage du dollar en tant que moyen de paiement international, qu’il assure sa puissance, aidé en cela par les institutions bancaires issues de Bretton-Woods ; sousréserve que les pays bénéficiaires de leurs crédits mettent en œuvre les politiques d’ajustementqui leurs sont imposées, aux dépens de leurs peuples et de leurs indépendances.

Le changement climatique est devenu une réalité et impacte la vie sur la Terre. La gravité des risques encourus s’accroît et intéresse des domaines vitaux comme l’eau, les écosystèmes, la nourriture, la santé et la sécurité. Le développement durable projeté devient encore plus laborieux à réaliser, alors que les inégalités sociales et spatiales sont exacerbées.

Tout cela, et bien d’autres choses, se répercute dans notre société. Que faire, s’interrogeait l’autre, pour que la gestion des affaires publiques soit menée à bon escient, vaincre les difficultés et relever les défis que l’évolution du monde nous impose et ceux qui proviennent de nos aspirations légitimes au bienêtre et à la prospérité ?

Ce « besoin de politique » répond au « tout est au mieux » gouvernemental qui ne se soucie guère de l’atonie présente du champ politique national. Cela lui convient, espérant une reconduction dans les prochaines échéances électorales, par cette pratique de la paresse politique. Au fait, les prochaines échéances électorales seront-elles abordées dans le cadre d’une pratique politique saine, juste et équitable, respectueuse de notre constitution et qui permettra aux forces vives de la nation d’assumer une représentation véritable de la population. C’est là aussi un aspect fondamental pour redonner à l’action politique une vigueur et une rigueur nécessaires à la consolidationdes institutions et à celle dela pratique démocratique ? Il est temps de donner à notre jeunesse, celle qui est née avec l’avènement de Sa Majesté sur le trône de ses ancêtres, la possibilité de croire à l’engagement politique en retrouvant la confiance et l’efficacité d’un changement démocratique. Cette jeunesse est consciente de ce qu’elle peut faire pour son pays. Elle est motivée et rêve d’un Maroc meilleur, celui qui permet de « libérer les énergies et (de) restaurer la confiance pour accélérer la marche vers le progrès et la prospérité pour tous » ; devise jetée dans les oubliettes insondables du gouvernement actuel au lieu de la promouvoir.

On vivra alors le dépassement relatif de l’action politique « à distance » à travers les réseaux sociaux et celui de l’absentéisme. C’est alors que nos organisations politiques trouveront leur renouveau, par la compétition démocratique et la participation politique libérées des agissements clientélistes de toute nature et des résidus d’un passé autoritaire, d’une culture obscurantiste ou d’un extrémisme kamikaze. A elles d’assumer les conséquences de ce renouveau (en se renouvelant) sans lequel ce « besoin de politique » se trouvera agonisant.

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