Décédé à l’âge de 97 à Midelt
Mohamed Nait Youssef
Dimanche 21 novembre, la ville de Midelt s’est réveillée sur une triste nouvelle : la mort du dernier frère de Tbhirine, Jean Pierre Schumacher. Il avait 97 ans. Ce dernier était l’un des moines de Tibhirine rescapés de la tuerie de 1996, en Algérie. Le film de Xavier Beauvois « Des hommes et des dieux » retrace d’ailleurs cette histoire tragique et douloureuse. Sur la terre marocaine, Jean Pierre Schumacher a retrouvé la paix, la lumière et le vivre en commun au monastère Notre-Dame de l’Atlas où il a vécu jusqu’au dernier jour de sa vie. Discret, comme le veut la tradition, ce moine a œuvré également pour la promotion des valeurs de la paix, du partage, de l’hospitalisation et de dialogue. «J’ai le regret de vous annoncer à tous les amis de Notre-Dame de L’Atlas et de Tibhirine que notre cher père Jean Pierre Schumacher nous a quittés pour rejoindre ses chers frères de Tibhirin. Il est parti en paix, comme il l’a été toute sa vie. », a annoncé Jose-Luis Navarro, frère hôtelier au monastère Notre-Dame de l’Atlas.
Dans la nature fabuleuse de Midelt, sur une petite colline, le monastère Notre Dame de l’Atlas, connu par son architecture puisé dans le style de la région, accueille depuis 2000 une petite communauté de moines de l’Ordre cistercien observance (trappistes), issue de Tibhirine en Algérie. Cette communauté a été fondée en 1988, à Fès. Ce sont en effet deux survivants, à savoir Amédée, mort en 2008, et Jean Pierre Schumacher qui vient de rendre l’âme, qui ont pu échapper au massacre de Tibhirine.
Le monastère Notre-Dame de l’Atlas est une adresse contournable des visiteurs de la ville de Midelt. Niché sur une colline, cet espace accueillant est non seulement un lieu de culte mais aussi une demeure pour les échanges et le dialogue. Jean Pierre Schumacher recevait les visiteurs avec son sourire habituel. Il était près à chaque moment de déclencher une conversation conviviale et fructueuse. La beauté et l’hospitalité sont les maitres mots des lieux. La vue magnifique sur le Haut Atlas à l’horizon coupe le souffle. Ce long bâtiment vêtu de la couleur ocre se compose deux parties ; une partie monastique et une autre en rapport avec l’hôtellerie. Des constructions annexes renforcent la capacité d’accueil de ce lieu : des chapelles dédiées au Père de Foucauld et au Père Peyriguère, des dortoirs de groupes… On y trouve aussi un grand jardin et un cimetière des sœurs franciscaines, précédentes occupantes des lieux.