Abbadi dénonce le défaitisme et le fatalisme de l’équipe Akhannouch

Le groupe du PPS au parlement 

M’Barek Tafsi    

 La raison d’être de tout gouvernement est d’assumer dans toutes les circonstances la responsabilité de faire face aux difficultés et non pas de se plaindre ou de se contenter de diffuser de mauvaises informations, a rappelé, lundi 18 avril, au chef du gouvernement Aziz Akhannouch le député Ahmed Abbadi, membre du groupe du progrès et du socialisme (GPS), lors de la séance plénière mensuelle consacrée par la Chambre des Représentants aux questions orales sur la politique générale.

Dans son intervention, le chef du gouvernement avait notamment affirmé que l’économie nationale devra enregistrer un taux de croissance de 1,5% en 2022 au lieu de 3,2% initialement prévus dans la loi de finances 2022 et que la flambée des prix des carburants et des autres produits de consommation et de services de base est en gros imputable à la crise entre la Russie et l’Ukraine, aux répercussions de la pandémie du Covid et à la situation de sécheresse qui sévit dans le pays.

Commentant ces propos, à travers lesquels le gouvernement se contente de justifier la dégradation de la situation en invoquant les causes précitées, sans annoncer de mesures pour y faire face dans le cadre d’un plan global, le député a expliqué que le chef du gouvernement n’avance pas les solutions attendues par les citoyens conformément aux promesses mielleuses faites auparavant.

Toutes les hypothèses avancées lors de la présentation de la loi de finances 2022 sont en effet dépassées, alors que la situation ne cesse de se dégrader suite à la flambée des prix des carburants et de la majorité des produits de consommation de base, à la baisse du pouvoir d’achat des citoyens et à l’exacerbation des difficultés des entreprises, a-t-il rappelé.

Et le député d’affirmer que toute personne objective ne peut contester le fait que la conjoncture internationale est perturbée et instable, que la sortie de la crise de la pandémie tarde à se réaliser, que le conflit entre la Russie et l’Ukraine a impacté négativement les cours mondiaux des matières premières et des produits énergétiques et que la rareté des pluies a compliqué davantage la situation au Maroc.

Toutefois et tout en comprenant parfaitement ces données, le PPS, qui exerce une opposition nationale, démocratique, responsable et constructive, souligne qu’il est du devoir du gouvernement d’intervenir à travers un plan économique clair et des mesures qui ont un impact palpable sur l’ensemble des couches et qui ne profitent pas à une catégorie à l’exclusion des autres et à un secteur tout seul.      

En ces moments difficiles, a-t-il dit, le gouvernement est appelé plus que jamais à mettre fin à la problématique du conflit d’intérêts et à remettre en service la société « LA SAMIR ».

En ce temps de flambée des prix des hydrocarbures, le gouvernement se devait de réduire pour une période limitée les impôts sur la consommation des carburants et d’imposer une diminution des bénéfices exorbitants des sociétés qui accumulent des milliards de dirhams de bénéfices sans aucun sens solidaire ou civique et sans respect des règles de la concurrence loyale et de la transparence. Et ce dans le but d’alléger le fardeau sur la classe moyenne, les salariés, les démunis et les petites entreprises.

Il était également possible de prévoir des subventions contre la flambée des prix en puisant dans les réserves supplémentaires épargnées lors de la dernière période de crise, a-t-il expliqué.

Le député s’est interrogé aussi sur le refus de mettre en œuvre l’article 4 de la loi relative à la liberté des prix et à la concurrence saine et loyale, qui autorise le gouvernement à prendre des mesures temporaires contre la hausse vertigineuse des prix pour faire face à une situation exceptionnelle.

Selon le parlementaire, « l’Etat social » dont le gouvernement se réclame n’est pas un simple slogan creux qui doit lui servir à embellir son image.

L’Etat social est une notion qui revêt une profonde signification et requiert pour sa réalisation des politiques et des mesures audacieuses, car il s’agit d’un Etat qui oriente, protège et intervient dans le cadre d’une stratégie précise et prend les dispositions nécessaires pour assurer la souveraineté et la sécurité alimentaire, hydrique, énergétique et médicamenteuse.

Il signifie aussi des services publics de qualité accessibles à tous, la lutte contre l’analphabétisme et le chômage, la mise en place d’une échelle mobile des salaires et la mise en œuvre des dispositions de l’Etat de Droit dans le domaine économique, de l’égalité et de la justice devant l’impôt.

Il signifie de même l’approfondissement du processus démocratique et la promotion de l’égalité et des libertés, des chantiers fondamentaux qui ne nécessitent pas de budgets pour leur réalisation.

Tout en émettant l’espoir que le gouvernement saisisse la signification et la portée de ces concepts liés à l’Etat social et réussisse dans sa mission de faire sortir le pays de cette situation difficile, il a rappelé que toutes les conditions lui sont plutôt favorables : une constitution qui accorde de larges prérogatives à l’Exécutif, une majorité institutionnelle confortable, un modèle de développement qu’il a lui-même pris comme référentiel et une paix sociale qu’il importe de préserver sans oublier que le Maroc dispose à l’international de partenaires diversifiés.

Mais ce qui est inadmissible, a-t-il dit, c’est de voir le gouvernement se féliciter du fait que les produits soient disponibles sur le marché sans se soucier des souffrances des Marocains et des entreprises étouffés par la flambée des prix de ces denrées.

Oui il est vrai que le gouvernement a pris des mesures au profit de certaines catégories à l’exclusion d’autres et de quelques secteurs, décisions que le PPS considère dans l’ensemble comme positives, tout en évitant de s’attarder sur leurs insuffisances, leurs limites, la faiblesse de leur gouvernance et diverses autres défaillances qui entachent leur mise en œuvre.

Toutefois, le Parti ne peut pas s’empêcher d’exprimer ses regrets que ces mesures soient isolées les unes des autres, ne soient pas à la hauteur des difficultés de l’étape et qu’elles manquent d’harmonie, de globalité et de vision dans le cadre d’un plan de réformes profondes.

D’autant plus qu’il s’agit aussi de mesures timides, catégorielles et sectorielles qui n’ont pas un impact plus large sur les couches sociales.La situation difficile actuelle requiert également la mise en œuvre de l’Etat de Droit et de la transparence dans le domaine économique, la lutte contre la rente, la prévarication et le monopole et le lancement d’une réforme fiscale équitable pour lutter contre l’évasion et la fraude et réduire les exonérations.

Après avoir souligné l’incapacité de la loi du marché à booster de manière automatique le développement du pays et assurer le bien être des citoyens, il a affirmé que la réalisation de cette œuvre est dialectiquement liée à la mobilisation et à la détermination du gouvernement à lutter contre la précarité et la pauvreté à travers la mise en œuvre d’instruments équitables pour la répartition des richesses et le règne de la justice sociale et spatiale.

En un mot, a-t-il dit, les larges couches sociales y compris la classe moyenne attendent du gouvernement de prendre des mesures concrètes et effectives, efficientes et fortes à même de préserver leur pouvoir d’achat et à améliorer leur situation sociale.

A l’ouverture de son intervention, le député du PPS s’était félicité, au nom de son groupe parlementaire, des victoires remportées par la diplomatie marocaine, sous la conduite éclairée de Sa Majesté le Roi, qui renforcent la position distinguée du pays sur les plans régional et international et qui l’approchent vers la résolution définitive du conflit artificiel autour de son intégrité territoriale.

Pour y parvenir, il est toutefois nécessaire de renforcer le front intérieur à travers l’édification notamment d’une économie forte qui repose sur le rôle stratégique de l’Etat et qui soit au service de l’homme et la promotion de la justice sociale et de la démocratie, a-t-il recommandé.

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