Reconnu pour son franc-parler, sa clairvoyance et ses analyses perspicaces, Ismail Alaoui, président du Conseil de la présidence du Parti du progrès et du socialisme (PPS) et président de la Fondation Ali Yata s’est livré un véritable diagnostic de la situation actuelle du pays en s’adonnant parfaitement à l’exercice des questions-réponses lors de son passage à l’émission «Daif Al Aoula», présentée par Mohamed Tijini et diffusée dans la soirée du mardi 19 avril 2017.
Ce fut une occasion pour le dirigeant du Parti du Livre pour tirer au clair un certains de points et répondre aux critiques notamment celles relatives à la participation de son parti à un gouvernement conduit par une formation d’obédience islamiste.
Il est inutile de rappeler, laisse entendre Ismaël Alaoui, que le PPS est un parti sérieux et responsable qui appartient à tous les progressistes marocains. Ceci-dit, le poids politique du PPS qui est d’ailleurs indéniable, ne se mesure nullement à sa capacité de négociation ou au nombre des sièges parlementaires, mais au sérieux dont le Parti fait souvent preuve, à ses positions clairvoyantes et à son attachement à ses principes, a déclaré Ismail Alaoui avant de souligner que le PPS quand il assume la responsabilité, il le fait conformément à ses convictions et ce avec abnégation et dévouement.
La réalité politique doit être perçue comme elle l’est
Il faut dire, estime l’ancien SG du PPS, que la réalité politique doit être perçue comme elle l’est et non pas comme le voulions, faisant dans ce sens allusion au moment où le Parti de la justice et du développement (PJD) a décidé d’apporter son soutien au gouvernement Abderrahmane El Youssoufi où personne n’a critiqué ce choix sous prétexte qu’on ait accepté l’appui d’un parti ayant un référentiel islamiste.
D’ailleurs, explique Ismaël Alaoui, le secrétaire général du PJD quand il a été désigné Chef du gouvernement en 2011, ce dernier a clairement annoncé qu’il n’envisageait pas un gouvernement sans la participation des partis de la koutla démocratique, composée outre du PPS, du Parti de l’Istiqlal et l’Union socialiste des forces populaires (USFP), sachant que la Koutla, a ajouté l’intervenant, était dans un était dans un état agonisant à cause du litige opposant l’USFP et le PI.
Certainement, cela dénote d’un manque de discernement en matière d’analyse chez la classe politique, surtout chez ceux qui n’ont pas manqué l’occasion pour formuler des critiques infondées à l’égard du PPS concernant son alliance avec le PJD, a asséné Ismail Alaoui, rappelant dans ce sens l’alliance du PJD et de l’USFP dans un certain nombre de conseils communaux et à leur tête la ville de Rabat, où la coalition des deux formations politiques a permis au dirigeant Fathallah Oualalou de prendre les commandes de la mairie de la capitale du royaume. Tout en soulignant que l’USFP demeure et demeure l’allié naturel du PPS, Ismail Alaoui a mis l’accent sur le fait que rien n’a changé pour que l’USFP change sa position et accepte de prendre part à un gouvernement dirigé par le PJD.
Ainsi, le dirigeant progressiste a appelé les différentes forces de gauche du pays à organiser un colloque national afin de diagnostiquer la situation de la gauche marocaine et ce dans le cadre d’une réflexion collective et dans le cadre d’une vision critique, positive et sincère afin d’aller de l’avant et servir les causes de la partie.
Le blocage a eu des effets néfastes sur l’économie nationale
S’agissant du blocage que le pays a connu récemment et tout en rappelant les effets néfastes que cette situation a eu sur l’économie nationale et sur le fonctionnement de l’Etat, Ismael Alaoui a mis en garde contre le danger du nihilisme et de l’abstention et qui ne sert, en fin de compte, que les intérêts de ceux qui veulent préserver le statu quo.
Par ailleurs, l’invité de l’émission s’est attelé dans son intervention sur l’importance du plan Maroc Vert (PMV) et son impact sur l’économie nationale. Certes positif mais pas suffisant. Autrement dit, la logique requiert de réduire l’écart entre les sources financières mobilisées pour le premier et le second levier. En termes plus clair, le budget consacré à l’agriculture d’exportation dépasse de dix fois l’enveloppe budgétaire destinée aux petits et moyens agriculteurs, soit 13 millions des habitants du monde rural et qui exploitent environ 9millions d’hectares. Un tel constat est synonyme du fait que cette catégorie est malheureusement reléguée au second plan dans la stratégie dédiée au développement de l’agriculture.
Abondant dans le même ordre d’idées, le président de la Fondation Ali Yata a mis en exergue plusieurs réalisations entamées par le gouvernement d’alternance dirigé par Abderrahmane El Youssoufi, et qui ont trouvé leurs prolongements dans le gouvernement de Benkirane, telles le régime de la couverture médicale.
A cela s’ajoute, a-t-il rappelé, les mesures positives mises en place quand il était ministre de l’éducation nationale. Ainsi, Ismail Alaoui a cité les décisions portant sur l’intégration des personnes du service civile, l’amélioration de la qualité de la relation avec les syndicats et l’obligation de la scolarité jusqu’à l’âge de15 ans. D’où la nécessité de rendre cette loi effective, a déclaré l’intervenant avec insistance.
Pour ce faire, Ismail Alaoui a appelé a ainsi à la réhabilitation de l’école publique, soulignant qu’il n’est plus acceptable d continuer à ternir l’image de cette institution et dépit de quelques défaillances de son fonctionnement. Bref, la réforme du secteur de l’enseignement est tributaire, outre de la volonté politique, de l’implication de tous les acteurs concernés, corps professoral, syndicats et les politiques…
Réhabiliter l’école publique
Concernant le secteur agricole, l’ancien ministre de l’agriculture, du développement rural et des eaux et forêts a rappelé les divers programmes lancés par son département et plus particulièrement ceux portant sur la gestion rationnelle de l’eau, la restauration des réseaux d’irrigation et l’élargissement du système d’irrigation « goutte à goutte », sans oublier le programme de la plantation d’arbres fruitiers à grande échelle notamment dans les zones du bour et les montagnes, baptisé TT (de Taounate à Taroudante).
Autre points non moins importants relevés par Ismail Alaoui, celui de sa trajectoire politique depuis son intégration des rangs du Parti communiste en 1962 son engagement en faveur de la défense des classes défavorisées et ses convictions aux valeurs de la justice sociale. Qui plus est, le militant du PPS a évoqué les objectifs auxquelles sont destiné la Fondation Ali Yata et le message royal adressé lors de la tenue de l’Assemblée générale constitutive de cette institution. Un message qui constitue une fierté pour toutes les militantes et les militants du Parti et aussi une grande reconnaissance de l’apport indéniable d’Ali Yata et le PPS durant et ce tous son parcours politique.
K. Darfaf