Conjoncture
A quelques mois de dire adieu à une année marquée par une crise asphyxiante, les opérateurs économiques se projettent d’ores et déjà sur 2021 et tablent sur des perspectives prometteuses à même d’amorcer une relance durable et solide.
Ce regain d’espoir se confirme davantage avec les projections des différents établissements nationaux et internationaux qui laissent présager un rebond significatif à tous les niveaux. Encore faut-il garder les pieds sur terre et poursuivre les efforts visant à sortir le plus tôt possible de la crise sanitaire actuelle liée à la pandémie du nouveau coronavirus (covid-19).
D’ailleurs, le rapport préalable au Budget, publié vendredi par le ministère de l’économie et des finances et de la réforme de l’administration dans le cadre de la préparation du projet de loi de finances (PLF-2021), a indiqué clairement que les perspectives économiques pour l’année prochaine tiennent compte de la mise en œuvre du plan de relance post-coronavirus en vue de limiter les effets négatifs de cette crise sur le tissu économique et d’apporter le soutien nécessaire à la demande.
Ces perspectives, qui prennent aussi en considération des facteurs extra-économiques comme la maîtrise du covid-19, la réouverture des frontières à partir du 1er trimestre de l’année prochaine, prévoient une croissance économique nationale de 4,8% en 2021, portée par la valeur ajoutée agricole (+11%) avec l’hypothèse d’une production céréalière de 70 millions de quintaux (Mqx), ainsi que par celle non agricole (+3,8%).
Ces prévisions sont en ligne avec celles avancées par Bank Al-Maghrib (BAM) lors de son Conseil tenu en septembre dernier. En effet, la banque centrale table sur un rebond de 4,7% de l’économie nationale, reflétant une augmentation de 12,6% de la VA agricole, sous l’hypothèse d’une récolte céréalière de 75 Mqx et une amélioration de 3,7% de celle non agricole.
Parallèlement, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), qui a révisé jeudi dernier à la baisse ses prévisions économiques, s’attend à une croissance d’environ 3,5% en 2021 au Maroc.
«Dans une période marquée d’une très grande incertitude, je pense que ce qui va faire la différence entre les pays, particulièrement ceux du monde arabe, est le niveau d’implication et de la mise en œuvre de réformes capables de soutenir le pays et d’en augmenter sa résilience face aux chocs», a, dans ce sens, souligné Bassem Kamar, Economiste principal de la partie méridionale et orientale du bassin méditerranéen à la BERD.
Il a souligné que le Maroc est particulièrement mieux positionné que d’autres pays en matière de stabilité économique. «C’est une économie qui est stable et avance avec l’assainissement de l’activité économique et de la gestion macroéconomique avec le temps».
Cependant, M. Kamar a fait remarquer que «la situation de l’agriculture et la sécheresse survenue pendant la période semence, n’ont pas aidé l’économie et du coup on s’attend à une contraction de 5% en 2020».
Le commerce extérieur est plus que jamais porteur
Par ailleurs, le commerce extérieur, secteur névralgique pour toute économie de marché ouverte sur le reste du monde, devrait connaître un véritable bouleversement durant la période post-coronavirus, ce qui permettra notamment au Maroc de consolider davantage sa position dans les chaînes de valeurs continentales et mondiales.
Sur ce volet, le rapport préalable au Budget prévoit une augmentation de 12,6% de la demande étrangère adressé au Maroc en 2021, après un repli de 22,4% cette année.
Pour sa part, BAM s’attend à une hausse des exportations de 22,4% en 2021, à la faveur de l’accroissement de la production de l’usine PSA de Kénitra, ainsi que des importations de 17%, suite à une reprise des acquisitions de biens d’équipement et à un alourdissement de la facture énergétique.
Toujours en lien avec le reste du monde, les recettes de voyage devraient plus que doubler, mais se maintiendraient à un niveau largement inférieur à celui de 2019, alors que les transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE) progresseraient de 2,4%, estime la Banque centrale, ajoutant que les entrées des investissements directs étrangers (IDE) devraient revenir au niveau moyen observé avant la crise (l’équivalent de 3,2% du PIB).
Bien que ces chiffres demeurent des estimations qui peuvent faire l’objet d’une révision à la baisse comme à la hausse, l’optimisme et le regain de confiance des ménages et des entreprises s’avèrent fondamentaux pour réussir le pari d’une relance tant attendue après des mois de souffrance.