Saoudi El Amalki
Vers quel sort s’achemine le bras de fer entre le corps enseignant et le ministère de tutelle ? A priori, c’est le gouvernement qui est interpellé par le pétrin dans lequel il s’est embourbé depuis des semaines. Ce sont des dizaines de milliers qui se manifestent dans les artères et s’attroupent devant les établissements scolaires, brandissant des slogans de colère. Écœurés par le mutisme et l’insouciance qui règnent à propos de cette dérive vers une année blanche guettant leurs progénitures, les ménages montent au créneau, en fustigeant avec virulence le gouvernement, pris au dépourvu. On se jette la balle de part et d’autre, sans mettre un terme à cette gangrène qui porte préjudice à la Nation toute entière. Ne dit-on pas que l’enseignement est la seconde cause juste après l’intégrité territoriale ? L’ancien chef de la commission chargée du Nouveau Modèle de Développement se trouve à présent dans de mauvais draps et s’inflige des coups de toutes parts, lui qui était il n’y a pas si longtemps, empli d’éloges de par la sagesse dont il fait montre à plus d’un titre. Il paraît bien que la couleur dont il s’est fait « peindre » pour la brûlante valise qu’il s’assigne au sein de l’Exécutif, lui a fait jouer de vilains tours, jusqu’ici. Il convient de rappeler que le fait de faire passer le projet de statut unifié de manière expéditive, sans le consentement des syndicats au préalable, semble être l’origine de l’échauffourée qui prend de l’ampleur comme une boule de neige. Il est bien vrai que des urgences relatives aux pressions du séisme du Haut-Atlas lui ont dicté cette précipitation fatale. Cependant, il aurait dû procéder au retrait du projet et le soumettre au dialogue bien avant la dérive, afin d’apaiser cette tension électrique. Pis encore, des sorties acrimonieuses de certains ministres irréfléchis en rajoutent, ainsi que cette profusion des coordinations mais également des extrémistes aussi bien de droite que de gauche, s’infiltrant dans les foules déchaînées des frondeurs pour tenter d’attiser encore davantage les grognes enflammées et de déstabiliser l’ordre établi. Le ministre ne sait plus à quel saint se vouer puisque pour une fois, il a péché par son manque de maturité à maîtriser ce dossier aussi délicat, tel qu’il le faisait son prédécesseur, à titre indicatif, avec beaucoup de tact et de finesse. Aujourd’hui, c’est tout l’Etat, à travers ses diverses institutions, qui devrait intervenir en vue de préserver aux générations montantes, le droit le plus absolu de recouvrer l’école, tout en reconsidérant les droits légitimes des acteurs de l’éducation et de la formation que sont les enseignants car sans une amélioration concrète de leurs conditions qui touchent tant leur bourse que leur dignité, on ne peut guère parler de la réforme et l’essor de l’enseignement !