Portrait d’Agadir
Saoudi El Amalki
Que dire de cette femmeadmirable qui donne à l’Amour le sens chaste de tousses éclats. Un Amour éternel et indélébile enversson mari ?Toufik Smida n’est plus de ce monde, depuis déjà quasiment un an et demi, mais il ne s’est jamais éteint en celle dont le cœur ne bat que pour lui.Le défunt, de son vivant fut cardiaque puisque son cœurmaladif, l’avait trahi, mais il avait la chance d’avoir le cœur de son épousebien fort qui ne cessait jamais de l’aimer et qui pouvait supporter son horrible dessein, après sa disparition. Hayat Sali, puisque c’est d’elle qu’il s’agit,avait cette singularité de briller par le dévouement, de respirerla fidélité à pleins poumonset de se battre pour Assil, leur bout de chouqui côtoiera désormais la mère sans le père inhumé. Se savant que son cœur allait craquer à tout moment,Taoufik prenait soin de sa petite famille au sein de laquelle germait sa princesse tel le bourgeon de la fleur. Hayat se rendait au Québec pour clore ses études du MBA, alors que le regretté mari révélaità ses copains, non sans fierté,après avoir déposé sa bien-aimée à l’aéroport pour ce long voyage : « Si la mortm’eutsurvenu à présent, j’aurais déjà accompli ma mission ! ». Hayat répondait par ce glamour indescriptible qui l’aura habité à jamais, durant le retour de la diplômée,plus encoreaprès l’extinction de son époux. Elle ne se lasse pas de vénérer la notion de l’amour de la vie conjugaleau dessus de toute autre considération. A la différence des portraits qui ontprécédé, celui de Hayatest plutôt symbole d’authenticité de tout ce qui fait de l’existence denos jours,un sens tout à fait particulier. Ce présent portrait pourra paraître exceptionnel par son focus sur la thématique de l’Amour à souhait dont le héros agrémentaient l’histoire des Amours. Hayat est l’héroïne de ce portrait qui sort de l’ordre, car on a toujours l’habitude de « taire » en public, l’Amour qu’on éprouve à quelqu’un, encore plus à l’égard de son mari, comme « un tabou ou un sacrilège ».Hayat le dit, le brandit et le dévoile en toute solennité,pour Taoufik et en fera sa raison d’être, sans coup férir, tel que l’avaient fait Kaïss et Leïla ou encore Roméo et Juliette. « Pour Juliette, tous les chemins mènent à Roméo », disait le poète français, du siècle dernier, Roland Bacri, sur inspiration de la célèbre pièce du dramaturge anglais,WilliamShakespeare…Hayat en est un bel exemple de sincérité ! En signe d’estime à l’adresse de cette veuve sensationnelle, on se pressera de lui offrir un bouquet de rose et de lilas, tout on lui dédiant le poème de Arthur Rimbaud, intitulé « Sensation »
Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l’herbe menue :
Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l’amour infini me montera dans l’âme,
Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature heureux comme avec une femme.