DNES à Marrakech Mohamed Nait Youssef
Le débat bat son plein au FIFM. Andreï Zviaguintsev, réalisateur et scénariste russe, a donné une leçon de cinéma, mercredi 29 novembre, dans le cadre de la 20ème édition du Festival International du Film de Marrakech. Cinéaste majeur de son époque, Zviaguintsev ayant réalisé en 2003, son premier long-métrage «Le Retour», a été primé à plusieurs reprises : Lion d’or de la Mostra de Venise 2003, le Prix Luigi De Laurentiis, et le Prix CinemAvvenire. Andrey Zvyagintsev a fait ses études à l’institut de théâtre de Novossibirsk avec Lev Belov avant d’intégrer l’Académie russe des arts du théâtre (GITIS), à Moscou.
«J’ai fait une faculté de théâtre. J’ai suivi les films du Musée du cinéma de film à Moscou, et c’est là où j’ai appris la technique du cinéma. J’ai vu une quantité importante de films.», a-t-il révélé.
Faire un film est une aventure. En effet, son film «Le Bannissement» qui a été sélectionné en compétition officielle du Festival de Cannes 2007, a décroché le Prix d’interprétation masculine pour son comédien Konstantin Lavronenko.
Mikhaïl Kritchman est un cadeau du ciel
«Il faut dire qu’il faut essayer de risquer et de s’aventurer pour trouver sa propre voix, c’est un peu comme le mythe Sisyphe.», a affirmé le cinéaste, ajoutant que «chacun vient avec son propre bagage cinématographique pour arriver à tisser quelque chose.»
Andreï Zviaguintsev est revenu sur sa collaboration avec son chef opérateur Mikhaïl Kritchman avec lequel il a travaillé depuis toujours.
«On est deux frères. On s’est rencontrés dans une série. Lui aussi n’a pas fait d’études cinématographiques. C’est quelqu’un qui est talentueux, il donne de la perception au travail. C’était un cadeau du ciel.»,a-t-il confié.
Par ailleurs, le réalisateur a mis l’accent sur son film «Elena», récompensé par le Prix spécial du jury de la section. Un certain regard au 64e Festival de Cannes.
«J’étais toujours l’œil de l’observatoire. C’est important d’avoir cet œil, observateur objectif. En effet, en changeant le monde, on change la manière de filmer.», a-t-il rappelé.
Le cinéma, c’est aussi la direction et le choix des acteurs. «J’aime travailler avec les interprètes qui ont du charisme et du caractère. C’est un choix très fort dans ses films. Je ne travaille pas avec les acteurs mais je les choisis. C’est une longue démarche. C’est la moitié du travail.»,a-t-il fait savoir.
Sur sa démarche du travail, Andreï Zviaguintsev a mis la lumière sur la direction de la comédienne et actrice Nadejda Markina dans le film, « Elena».
«On faisait des essais avec l’actrice. C’était un peu compliqué au début. Par ailleurs, Nadejda Markina est une actrice qui est extrêmement fine.», a indiqué le cinéaste. Et d’ajouter : «j’attends de la vérité de mes personnages parce qu’ il faut un moment où le personnage prend la place de l’acteur.»
Sur le plan de l’écriture, Andreï Zviaguintsev est revenu sur sa collaboration avec le scénariste Oleg Negin. «C’est une amitié qui a débuté depuis longtemps. C’est un dialogue permanent avec symbiose. Oleg Negin est quelqu’un qui est intelligent et talentueux. Notre amitié est solide.», a-t-il fait savoir. Concernant ses inspirations et les idées motivant ses choix, le cinéaste a souligné que c’est quelque chose qui vient de l’extérieur. «C’est mystérieux. Je ne savais pas d’où venait l’idée de ce déclic pour un film, parfois un livre. C’est vraiment compliqué de répondre à cette question.», a-t-il affirmé.
Par ailleurs, Andreï Zviaguintsev a révélé que le tournage de son prochain film est programmé pour le mois d’avril prochain. « Je vais ressembler toute l’équipe qui est actuellement dans les quatre coins du monde et je serai heureux de les retrouver. Ça sera aussi la tâche du producteur.», conclut-il.