Iran : Les peines de mort en constante augmentation

Attendons pour voir…

 Nabil EL BOUSAADI

« Pendez-les, haut et court » n’est pas, cette fois-ci, le titre d’un de ces « western » américains dont Hollywood nous avait gavé, durant de nombreuses années, et qui s’étaient attelés à nous faire croire que le monde est divisé en deux catégories – à savoir, d’un côté les bons cow-boys blancs toujours victorieux et, de l’autre, les indiens, des sauvages toujours perdants – mais la triste réalité des exécutions, par pendaison, qui ont lieu quasi-quotidiennement, au pays des mollahs iraniens, en ce moment où l’horreur du génocide perpétré, à l’encontre des civils palestiniens, par une armée à la solde du gouvernement le plus fasciste qu’ait connu l’Etat d’Israël depuis sa création, a tellement captivé l’attention du monde entier que plus personne n’y prend garde même si mercredi dernier, 9 personnes, dont un afghan, avaient été exécutées, par pendaison, dans la cour de la prison de Ghezel Hesar, à Karaj, dans la banlieue de Téhéran.    

Après la publication par Iran Human Rights (IHR), basé en Norvège, d’un rapport révélant que plus de 600 personnes ont été exécutées en Iran depuis le 1er Janvier 2023, son directeur, Mahmood Amiry-Maghaddam, considérant qu’avec une moyenne de deux exécutions par jour, l’Iran, qui avait pris, au début de la semaine dernière, la présidence du Forum social du Conseil des Droits de l’Homme des Nations-Unies, détient, désormais, un record inédit en matière d’exécutions, a appelé la communauté internationale à réagir car son « silence est un consentement indirect à ces crimes » perpétrés par un régime qui utilise la peine capitale pour semer la peur après les manifestations qui avaient fortement secoué le pays, durant plusieurs mois, après la mort, en septembre 2022, de la jeune Mahsa Amini, pendant sa garde-à-vue suite à son arrestation, par la police des mœurs, pour n’avoir pas porté « correctement » le voile supposé lui couvrir intégralement les cheveux.

Aussi, après avoir rappelé qu’en Août dernier, un homme et une femme, Abolfazl Barat Vakili et Leila Kholghi Sakachayi, avaient été condamnés à mort, pour « adultère », par un tribunal de Téhéran, le directeur d’IHR a exhorté « la communauté internationale à ne pas tolérer que des exécutions aient lieu pour des relations sexuelles consenties […] au 21ème siècle par un gouvernement qui siège aux Nations-Unies ». 

Occupant le deuxième rang, en nombre d’exécutions, après la Chine, la République islamique iranienne fait, ainsi, partie des pays où l’application de la peine de mort est la plus poussée dès lors qu’elle s’applique même aux crimes non-violents et qu’elle n’exclue pas les mineurs coupables de crime.

Mais en étant soucieuses, néanmoins, d’arrondir les angles en écartant toute violation du pacte international relatif aux droits civils et politiques et de la convention internationale des droits de l’enfant dont l’Iran est signataire, les autorités iraniennes considèrent la peine de mort infligée aux mineurs comme relevant des « qisas », c’est-à-dire des « réparations », et non pas des « i’dam » ; à savoir, des « exécutions ».

Or, pour les organisations de défense des droits de l’homme, cette distinction n’a aucune valeur du moment que cette catégorisation n’est pas « reconnue par le droit international ».

Il y a lieu de signaler, toutefois, que lorsque le meurtrier est un mineur et que les juges sont forcés de prononcer la peine de mort, cette sentence peut être « réexaminée » et commuée en peine privative de liberté quand la famille de la victime le souhaite et opte pour une compensation financière.

Le nombre des exécutions, au pays des Mollahs, va-t-il baisser en ce moment où les militants des droits de l’Homme ont marqué leur consternation face à l’augmentation des exécutions concernant des personnes accusées de trafic de drogue après leur diminution suite aux modifications qui avaient été apportées au Code pénal iranien ? Attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI 

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