Entretien avec Mohamed Nabil Benabdallah, secrétaire général du Parti du progrès et du Socialisme
Entretien réalisé par M’Barek Tafsi et Najib Amrani
A la veille du XIème congrès national du Parti du Progrès et du Socialisme, qui se tient les 11, 12 et 13 novembre courant à Bouznika, sous le mot d’ordre de « L’alternative démocratique et progressiste », le Secrétaire Général du parti, Mohammed Nabil Benabdallah, a souligné dans un entretien avec les journaux Al Bayane et Bayane Alyoume que le Parti du Livre renouvelle son engagement à redoubler d’efforts pour davantage de progrès et de démocratie dans le pays.
Il a également annoncé que ce congrès de transition va marquer le début d’une nouvelle ère d’adaptation plus forte du PPS avec la réalité marocaine et de réconciliation des Marocains avec les institutions politiques de leur pays et la politique, dans le but de les impliquer davantage dans la gestion des affaires de leur pays et de rétablir leur confiance dans le politique.
Décidé plus que jamais à œuvrer pour le renforcement de l’opposition institutionnelle et le rassemblement de la gauche, le PPS lance également un appel pressant aux jeunes et à tous ceux qui ont tourné le dos à la politique pour qu’ils assument pleinement leur responsabilité au lieu de se plaindre sans rien proposer en échange.
Diverses autres questions pertinentes relatives au contexte national et international dans lequel ce congrès se tient et au rendement mitigé du gouvernement ont été également abordées au cours de cet entretien :
Qu’est-ce qui marque le contexte national et international dans lequel se tient le 11ème congrès national du PPS?
R : Le 11ème congrès national du Parti du Progrès et du Socialisme se tient dans un contexte politique international et national complexe. Le monde, comme le souligne le projet de document politique du congrès, traverse une période d’instabilité et de perturbations. Une partie de ces perturbations est liée aux répercussions de la pandémie du Covid-19. D’autres à des conflits géopolitiques profonds et à la lutte pour le leadership mondial. La guerre dévastatrice qui se déroule en Ukraine l’illustre de manière claire.
Tous ces facteurs, pris ensemble contribuent à la détérioration de la situation au niveau national et international. Ils impactent négativement le niveau de vie des peuples du monde dont le peuple marocain évidemment et se traduit par une hausse des prix des produits de base dont en premier lieu, ceux des carburants et de nombreux autres produits de première nécessité.
Ce congrès se tient donc dans une situation nationale, caractérisée aussi par le renforcement de la centralité de notre cause nationale avec tous les acquis réalisés et les menaces qui la guettent.
Il se tient aussi dans une situation nationale très inquiétante sur les plans politique, social et économique, liée entre autres à la faiblesse du gouvernement actuel, qui ne joue pas pleinement son rôle par rapport aux défis qui se posent.
Dans ce contexte, le Parti du Progrès et du Socialisme représente une force principale au sein de l’opposition qu’il choisit de rallier depuis plus d’un an. De nombreux observateurs reconnaissent que le parti est à d’avant-garde de l’opposition, aussi bien au Parlement qu’à travers sa présence intense hebdomadaire pour adopter les positions et formuler des recommandations et des propositions ou attirer l’attention sur les défis qui se posent.
Ce congrès a des défis à relever en rapport avec le parti : comment le parti peut-il être en harmonie avec le mot d’ordre de la fidélité et du renouveau. Autrement dit, comment peut-il préserver son identité, son référentiel socialiste, progressiste et de gauche et en même temps être ouvert sur toutes les nouveautés sur le plan intellectuel et idéologique, politique, économique, social et environnemental. Un grand effort a été déployé dans ce sens.
En parallèle, comment le parti peut-il être non seulement une force politique distinguée, mais également une force de proposition économique capable d’être au niveau de sa responsabilité, de la place politique qui lui sied et du rôle qui lui revient.
Il s’agit en fait d’un congrès de transition dans le but de parvenir à une adaptation plus forte du parti avec la réalité marocaine. Pour ce faire, le parti s’est fixé un horizon stratégique dans le but de transformer le parti non pas au niveau de son référentiel, mais sur le plan de son rendement au cours des quatre prochaines années.
Il ne s’agit pas de simples amendements des statuts du parti ou du règlement intérieur. La question est liée à des pratiques, à une formation et in fine à la qualification des générations montantes pour qu’elles puissent s’acquitter des missions d’un parti au référentiel fort comme le Parti du Progrès et du Socialisme.
Qu’en est-il de la situation politique au Maroc et quel rôle peut jouer le PPS dans ce cadre?
La situation générale ne concerne pas uniquement le parti. Le problème est lié à la situation générale dans le monde et au Maroc. Dans les deux cas, cette situation au niveau international et national est marquée par la crise du politique. Cette crise de la pratique politique s’exprime à travers le fossé qui se creuse entre la dynamique des sociétés et l’action des institutions politiques.
Au Maroc, la scène électorale et le paysage des institutions élues ont été infiltrées par l’utilisation de l’argent. Ce ne sont pas des compétences qui les ont investis mais des parties influentes par leur argent. En témoigne évidemment ce qui s’est passé au cours des dernières élections.
Ces dérapages posent au parti des défis nouveaux, lui qui ne peut en aucun cas recourir à ces moyens qu’il dénonce, renoncer à ses principes et à son référentiel et perdre son identité. S’il le fait, il ne peut plus continuer d’exister, fidèle à lui-même.
Pour le Parti du Livre, le problème se pose de la manière suivante : que faire pour réconcilier ces masses mécontentes et désabusées, dont la majorité ne vote pas et ne participe pas aux institutions élues, avec la politique? Que faut-il faire pour les intégrer et leur trouver une place dans le monde politique et leur enseigner les principes et le référentiel du PPS ? Quand un jeune rejoint les rangs du parti, il n’adhère pas à un parti qui ressemble à tous les autres. Le parti doit lui apprendre les constantes fondamentales liées au référentiel intellectuel, au socialisme et à l’approche audacieuse du parti au niveau politique. C’est le défi fondamental du PPS aujourd’hui.
Pour ce faire, le Parti a engagé depuis plus d’un an, un débat interne pour tenter de trouver des solutions à tous ces défis.
C’est tellement compliqué que le parti, tout en étant conscient des difficultés à résoudre, la prochaine direction collective, en compagnie des directions provinciales, régionales et locales devront mettre en valeur ces changements.
L’idée qui prévaut pour ce faire, est de créer de l’intérieur du bureau politique et du comité central une instance réduite pour accompagner ce changement. Il ne s’agit pas uniquement d’ajouter un article ou deux aux statuts du parti ou au règlement intérieur, ou encore certains paragraphes du document politique. La question concerne l’inauguration d’une nouvelle ère d’adaptation et de renforcement du rendement du Parti du Livre.
Quelles sont les alliances possibles qui s’offrent au PPS dans ces conditions pour la réalisation des objectifs tracés ?
R : Rechercher des alliés est en fait un problème sérieux pour le parti, lui qui travaille actuellement au sein de l’opposition, en dépit du fait que celle-ci compte des forces politiques, avec qui le parti avait travaillé dans le passé à l’intérieur du gouvernement.
A partir de sa position, le PPS œuvre pour renforcer la coordination au sein de cette opposition hétéroclite, pour qu’elle soit influente et forte. C’est ainsi que le PPS déploie actuellement de grands efforts pour que les composantes de cette opposition adoptent une approche collective à propos des dispositions les plus importantes du projet de Loi de Finances 2023. D’autres forces ont refusé de se joindre à cet effort collectif.
Pour le PPS, cet effort est nécessaire pour que l’opposition institutionnelle soit audible et écoutée.
En parallèle, le parti déploie un effort inlassable pour le renforcement des éléments et des acteurs de l’alternative démocratique et progressiste, qui représente le mot d’ordre du onzième congrès national.
Le PPS s’active également pour la renaissance de la gauche, sachant d’avance qu’il s’agit d’un problème difficile, parce que cette dernière est toujours en train de se rechercher, même au niveau international. Au Maroc, elle n’est pas dans une bonne position, compte tenu des divergences entre ses composantes.
Pour ce qui le concerne, le PPS travaille au milieu de tout cet imbroglio dans le but de rassembler les différentes forces et rapprocher les points de vue.
Face à la crise du politique et de la crise de confiance, le PPS avait également appelé, lors d’une réunion avec deux partis politiques de la majorité actuelle, à agir pour redresser la situation.
Ensemble, le PPS et les deux autres partis avaient en effet souligné la nécessité pour le pays de rétablir la confiance et de dépasser la crise.
Pour ce qui le concerne, le PPS œuvre dans la limite de ses moyens pour le rassemblement du mouvement social et citoyen pour sortir le pays de cette situation et impliquer les différentes expressions sociales. Encouragé par les résultats, le parti est décidé à poursuivre ses efforts en direction de toutes les bonnes volontés désireuses de travailler dans ce sens.
Est-ce que les partis politiques s’acquittent-ils de leurs missions ? Sont-ils à la hauteur de leurs responsabilités vis-à-vis du pays et des citoyens ?
R : Le document politique à soumettre au congrès national insiste sur trois responsabilités : la stabilité du pays est indispensable pour l’avenir et l’essor de la démocratie et c’est l’Etat qui en est responsable en premier. L’on doit être parfaitement conscient à ce propos de la nécessité d’élever la valeur de l’espace politique avec toutes ses composantes.
L’espace politique : ce sont les partis politiques, les institutions élues, les organisations de la société civile et tous les acteurs qui s’activent au sein de cet espace politique.
Procéder aux réformes requises, y compris celles concernant le système électoral.
Lors de la dernière réunion de l’opposition avec le chef du gouvernement, j’ai évoqué ces réformes à entreprendre le plus vite possible au cours des quatre prochaines années, au lieu d’attendre la dernière heure.
Ces réformes sont nécessaires pour donner une nouvelle impulsion à l’espace politique.
La deuxième responsabilité est celle des partis politiques. Ces derniers doivent défendre leur existence, leurs attributions et prérogatives, leur rôle, l’indépendance de leurs décisions et leur identité. Ils doivent également lutter contre la crise de confiance à travers leurs pratiques et actions, leurs déclarations, leur situation interne, leur démocratie interne et leur réactivité interne. Ils doivent donner une autre image de l’action politique.
La participation de la société et du citoyen est indispensable. Ce dernier doit comprendre que pour la réalisation du changement escompté et le rétablissement de la confiance, il doit militer. Tous les acquis réalisés jusqu’à présent au Maroc sont le fruit des luttes menées et des sacrifices consentis par de nombreuses générations pour que le pays dispose d’un Parlement, de conseils élus, de partis politiques qui travaillent dans la légalité et d’une Constitution.
Nous devons militer ensemble pour traduire dans la réalité les aspirations et les attentes exprimés. C’est une lutte ouverte, car il ne suffit pas d’avoir un document comme la Constitution de 2011. Le plus important est la lutte de tous les acteurs pour donner un contenu et de la consistance à cette Constitution.
L’Etat, les partis politiques et le citoyen ont des responsabilités. Le citoyen doit comprendre qu’il ne doit pas continuer de se comporter en spectateur, se contenter de critiquer, de refuser tout ce qui se passe et répéter qu’il est déçu.
Si les expressions sur les réseaux sociaux n’expriment quelquefois de manière indécente que le mécontentement et le refus, elles ne proposent pas d’alternatives.
Si cette alternative existe, il vaut mieux la consolider, sinon il faut la créer. S’ils estiment que les partis politiques sont incapables de satisfaire les réponses des citoyens, ils n’ont qu’à faire comme les anciennes générations et créer d’autres partis politiques « plus efficaces et plus performants et plus rentables ».
Que propose le PPS dans ces conditions ?
R : Le PPS propose que l’on commence dès à présent à organiser des rencontres entre les partis politiques et les représentations principales de l’Etat et d’autres institutions relevant notamment du ministère de l’Intérieur, comme ce fut le cas lors de la dernière réunion avec le chef du gouvernement. Au cours de cette rencontre, on a passé en revue un certain nombre de questions en rapport surtout avec le social. J’ai fait remarquer au chef du gouvernement lors de cette réunion qu’il doit communiquer avec les citoyens dans le but de restaurer la confiance et remplir la scène. Je lui ai dit également que ce qui surprend surtout, c’est que le gouvernement ne parle ni de la politique, ni de la démocratie, ni des droits humains, ni d’autres questions qui préoccupent l’opinion publique. Il importe donc pour le moment de faire en sorte de rétablir la confiance, d’œuvrer pour consolider les droits, promouvoir l’égalité homme-femme, les droits économiques, politiques, sociaux et culturels. Il importe aussi d’avancer au niveau des libertés collectives et individuelles dans le but de créer un climat d’apaisement en ce qui concerne notamment certaines questions médiatiques, qui ont résulté de procès ou en cours d’examen au sein des tribunaux. Il est également nécessaire de trouver les meilleures formules possibles pour clore définitivement les suites de certains Hiraks. L’Etat a certes fait des efforts à ce sujet, mais tout le monde est également appelé à déployer des efforts supplémentaires pour clore définitivement ces dossiers. Et ce dans le but ultime de promouvoir un climat propice à la mobilisation et de se mettre d’accord sur la manière de mettre en œuvre de manière saine et constructive la Constitution. Il faut faire en sorte que toutes les institutions prévues dans la Constitution soient opérationnelles et que leurs membres soient désignés à l’instar du cas de l’instance chargée de la parité. Toutes ces actions sont en mesure de contribuer à la création d’un climat propice avant de voir comment réconcilier les citoyens avec les partis politiques, la politique et les élections. Ce sont là les premières actions à entreprendre.
J’ai dit aussi au chef du gouvernement : vous êtes trois partis politiques au gouvernement pour lesquels les électeurs ont voté. Vous avez la majorité écrasante au Parlement, dans les Régions, et tous les conseils élus. Mais que faites-vous de tout ça ? Si vous ne réalisez pas les réformes escomptées, il est difficile aux partis de l’opposition de le faire. Donc j’espère que nous allons dans ce sens.
La question concerne également les forces politiques capables effectivement d’avoir le courage de poser toutes ces questions. En toute sincérité, le PPS a le sentiment relatif d’être dans une sorte de solitude, d’être isolé.
Revenons, M. le secrétaire général, à ce 11ème congrès national du PPS, ou en sont les préparatifs sur le plan organisationnel tant au niveau national qu’au niveau des régions et des instances parallèles ?
En toute sincérité et en toute franchise, nous avons rencontré quelques difficultés au début parce que nous nous sommes pris avec un peu de retard et on n’a eu que cinq mois pour mettre en place le dispositif préparatoire. Après les élections générales, et c’est tout à fait normal, il y a eu un relâchement à cause de la fatigue, mais aussi des craintes, de doutes, des réactions mitigées et des coups de colère de la part de certains militants qui n’ont pas accepté les résultats des élections dans leur globalité au vu de leur rôle dans la préparation de la campagne du parti… etc.
La direction du parti a voulu donner le coup d’envoi des préparatifs en novembre 2021 pour secouer un peu les instances locales et parallèles et les différents secteurs. Dans ce contexte particulier, le bureau politique est resté dynamique, solidaire, vaillant, actif ; il est resté debout et a tenu à impliquer le Comité central à l’occasion de plusieurs sessions pour insuffler progressivement un vent de mobilisation générale dans les différentes structures du parti et les sortir de leur immobilisme. Comme vous le savez, le PPS est un parti démocratique au premier sens du terme. Nous ne sommes pas une direction isolée qui va tenir un congrès formel en invitant des congressistes sans se conférer aux statuts et règlements internes du parti.
Au PPS, l’organisation du congrès et la désignation des congressistes obéissent à des procédures et des règles très strictes. Il faut tenir des congrès régionaux, des réunions locales, des assemblées générales conformément au statut général et au règlement organisationnel. Aujourd’hui, je suis en mesure d’avancer que nous avons réussi, étape par étape et progressivement à accélérer le rythme des préparations et je suis personnellement très satisfait du résultat. Si vous m’aviez posé la question il y a trois, j’aurais répondu qu’on était devant des difficultés réelles.
Aujourd’hui, je peux vous dire que près de 95% des structures du parti aux niveaux local, provincial, régional et sectoriel ainsi qu’au niveau des structures parallèles se sont réunies et ont examiné le document politique et le projet des statuts du parti, tenu leurs congrès ou assemblées générales, élu leurs instances, mandaté leurs congressistes et proposé leurs représentants au Comité central. Ceci prouve que le l’esprit et le climat de mobilisation a atteint un niveau élevé et la dynamique politique interne est très vive, parfois même intense, et on assiste à une course et une forte concurrence des militantes et militants pour participer à ce Congrès et décrocher une place dans les instances dirigeantes du parti. On peut dire que le parti a retrouvé sa dynamique et tous les indicateurs annoncent une grande réussite de ce congrès qui sera marqué par l’unité des rangs. Et je veux dire sans langue de bois et sans chercher à pervertir la réalité, que ce résultat est le fruit d’un travail minutieux mené dans un esprit participatif. Je saisi cette occasion pour remercier les camarades de la base à la commission nationale préparatoire et aux membres du bureau politique qui ont travaillé durement pour nous permettre d’atteindre ce résultat. Leur dévouement et leur engagement sont la preuve que le PPS est un parti vivant et dynamique.
Bien sûr, cela ne doit pas occulter les problèmes et difficultés dont pâti notre parti, que ce soit au niveau organisationnel ou au niveau de nos capacités de mobilisation et de recrutement et de notre insertion dans la société et notre présence dans des espaces sociaux ou professionnels. A tous ces niveaux, nous avons des lacunes que nous sommes appelés à combler et que nous devions traiter avec sincérité et franchise. Nous devons procéder à une autocritique profonde afin de déceler nos insuffisances à tous les niveaux organisationnels, de la direction nationale à la base. Car avant de critiquer les autres au sein du parti, il faut d’abord procéder à une autocritique personnelle.
Donc ce congrès sera l’occasion d’évaluation de notre action. Si aujourd’hui, les conditions sont réunies et l’unité des rangs est consolidée, le plus grand défi pour ce congrès est de parvenir à désigner une direction nationale. C’est-à-dire, un secrétariat général, un bureau politique et un comité central, capable à côté et avec les autres structures du parti de dépasser les insuffisances, les lacunes, les déficiences et les manques et le renforcement de la présence du parti sur les plans organisationnel, populaire, électoral afin qu’elle soit au niveau de sa présence politique.
Ceci malgré les résultats positifs réalisés ces dernières années.
Même si d’aucuns estiment que c’est la taille naturelle du PPS …
Par rapport aux dernières échéances, et comme je l’avais souligné au lendemain des élections, notre parti méritait de réaliser un score meilleur, c’est même une évidence. La situation particulière dans laquelle s’est déroulé ce scrutin, et l’usage massif et sans précédent de l’argent ont impacté sérieusement la représentativité du PPS. Mais en dépit de tout cela, nous devons procéder à une autocritique. Car si on était fortement et suffisamment ancré dans la société et les espaces publiques, aucune force n’aurait pu réduire notre performance politique. Le premier défenseur de la place et de la représentativité politique du parti, c’est le parti lui-même.
Vous avez encadré une série de congrès régionaux. Pouvez-vous nous parler de votre impression sur la présence des jeunes au sein du PPS et en général de la capacité du parti à recruter et à les encadrer ?
Vous allez remarquer à l’ouverture de ce congrès, de par sa structure, la présence d’une forte majorité de nouvelles recrues. Il y a de nouvelles compétences féminines, des jeunes cadres et plusieurs sections régionales regorgent de jeunes prometteurs qui ont rejoint le parti avant les élections, et d’autres à l’occasion de la campagne. Ce nouveau souffle est certes important mais n’a pas encore atteint le niveau escompté. Mais il constitue un indicateur de continuité. C’est cet équilibre et cette recette que nous devons atteindre pour qu’on puisse évaluer le degré de renouvellement de nos cadres et de notre continuité. Car ce parti, je dois le rappeler, a une identité forte et nous devons poursuivre l’effort de séduction et du recrutement des jeunes mais en préservant notre identité. Il y a des potentialités prometteuses qui ont réussi à rejoindre les structures du parti et beaucoup le souhaitent sincèrement, mais n’ont pas pu. Je reçois beaucoup d’appels de jeunes qui ont rejoint le parti mais n’ont pas pu décrocher la représentativité de leurs structures. Je peux vous garantir que la proportion des congressistes qui n’ont pas participé au dernier congrès est très élevée. Le plus important pour nous, au lendemain d’un rendez-vous électoral est d’avoir des structures, d’être capable de recruter des jeunes et de les aider à participer et à s’impliquer dans la vie du parti ; le plus important est de renforcer les liens entre ces nouveaux éléments et le parti. Bien entendu, on est appelé à doubler d’efforts au niveau de la formation, et d’inculquer les valeurs du parti et son éthique. Et de leur côté, ces jeunes doivent comprendre que pour occuper des postes de responsabilité, ils doivent militer, se battre et persévérer. Il ne s’agit pas de faire acte de présence au sein des structures dirigeantes sans prouver et démontrer que cette présence contribue au rayonnement du parti. Ce parti est fondé sur une valeur fondamentale : le sacrifice, qui est la valeur fondatrice et la finalité ultime du PPS. Il faut respecter l’esprit du travail collectif au détriment de toutes considérations subjectives ou intérêt personnel.
Ce travail n’est pas facile, et nous devons dans le même temps trouver les formules adéquates pour parrainer les ambitions légitimes et loyales, qui est sommes toutes naturelles. Ceci nécessite également une grande compréhension de la part des anciens. Car, souvent, les anciens camarades, que je salue fortement et énergiquement, sans qui ce parti n’aurait jamais existé, mais tout le monde doit se rappeler que nous aussi, avant d’être des anciens on était des novices et nous avons été parrainés et encadrer par les anciens.
La capacité de recrutement du parti, sur le plan quantitatif et qualitatif est plus importante au niveau des secteurs que celui des sections locales et régionales. Partagez-vous ce constat ?
L’existence du parti a toujours été conditionnée par le renforcement de sa présence au sein des couches sociales, des milieux professionnels et autres. C’est pourquoi nous avons créé des structures pour les jeunes, les femmes, les scouts, les enfants…, un centre d’études, des associations d’avocats, d’artisans, d’ingénieurs, d’universitaires, les transporteurs… nous avons chargé ces structures de s’ancrer dans son milieu et de faire connaitre le parti. Je tiens à les féliciter pour le travail accompli pour la préparation de ce congrès. Nous avons remarqué une grande dynamique de la Jeunesse socialiste, qui a réalisé un travail essentiel, de même que l’OPEM qui agit dans un espace très large, les scouts, le forum parité et développement qui ont travaillé et je souhaite qu’elles aillent poursuivre leur dynamisme. Le PPS n’est pas un parti qui travaille à l’occasion des élections ou des congrès. Cette dynamique doit pouvoir continuer sans arrêt et ceci est le plus grand défi qui se pose à la prochaine direction du parti.