Kinder contaminés aux salmonelles
Après les pizzas Buitoni, les chocolats Kinder: le parquet de Paris a annoncé jeudi avoir ouvert une nouvelle enquête sur un possible scandale sanitaire, après des plaintes dénonçant une contamination aux salmonelles liée à la consommation de produits Kinder fabriqués dans une usine Ferrero belge.
Cette enquête préliminaire a été ouverte le 25 mai pour « tromperie aggravée par le danger pour la santé humaine », « atteintes involontaires à l’intégrité physique » et « mise en danger de la vie d’autrui ».
Le Pôle santé publique du tribunal judiciaire de Paris s’est saisi « sur le fondement des retraits et rappels effectués par la société Ferrero, des éléments communiqués par Santé Publique France et de la plainte de l’association Foodwatch » de défense des consommateurs, déposée le 19 mai, a précisé le parquet à l’AFP.
L’association a elle-même regroupé plusieurs plaintes de familles de victimes.
Cette nouvelle enquête sur la sécurité alimentaire intervient peu après celle visant les pizzas Buitoni commercialisées par le groupe Nestlé, à l’origine de plusieurs cas graves de contamination d’enfants par la bactérie Escherichia coli.
La salmonellose, due à une bactérie, provoque des symptômes proches de ceux d’une gastroentérite parfois aiguë: diarrhée et crampes abdominales, légère fièvre, vomissements.
Début avril, à l’approche des fêtes de Pâques, le géant italien de la confiserie Ferrero avait procédé au rappel de tous les produits fabriqués dans son usine d’Arlon, en Belgique, après le signalement de dizaines de cas de salmonellose possiblement liés à la consommation de ses produits chocolatés dans plusieurs pays d’Europe.
Etaient concernés les Kinder Surprise, Kinder Mini Eggs, Kinder Surprise Maxi 100 g et Kinder Schoko-Bons, dans tous les pays où ils sont distribués, et quelle que soit leur date de péremption.
Le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies a indiqué qu’au 3 juin, 392 cas confirmés et 22 probables de Salmonella Typhimurium monophasique avaient été identifiés dans les pays de l’Union européenne et en Grande-Bretagne.
Les enfants de moins de 10 ans ont été les principales victimes de cette infection, sans qu’aucun décès ne soit recensé à ce jour.
Dans l’hexagone, Santé publique France a comptabilisé à la date du 2 juin 118 cas, donc 22 ont dû être un temps hospitalisés.
La justice belge a ouvert le 11 avril une enquête pour établir d’éventuelles responsabilités au sein de l’usine d’Arlon. Une enquête dirigée depuis le 19 avril par un juge d’instruction.
Le géant italien, aussi connu pour sa pâte à tartiner Nutella, a reconnu « des défaillances internes » qui ont entraîné « des retards dans la récupération et le partage d’informations dans les délais impartis ».
Le groupe a été alerté le 23 mars par les autorités britanniques d’une possible contamination à la salmonelle de ses produits. Mais, selon les agences sanitaires de surveillance européennes, le premier cas détecté, en Angleterre, remontait au 21 décembre, sans que le lien avec les chocolats Kinder n’ait alors été établi.
Ferrero a assuré avoir, le 15 décembre, identifié et bloqué dans son usine belge des lots contaminés et dit avoir pris des mesures d’hygiène pour éliminer la présence de la bactérie.
Depuis début avril, plus de 3.000 tonnes de produits Kinder ont été retirés du marché en France.
L’usine d’Arlon a été perquisitionnée mercredi dans le cadre de l’enquête belge, ainsi que cinq autres sites Ferrero à Bruxelles et au Luxembourg.
D’après des enquêtes internes, la contamination proviendrait « d’un filtre situé dans une cuve à beurre laitier » et y serait arrivée « soit par des matières premières contaminées, soit par des personnes », avait indiqué fin mai le directeur général France de Ferrero, Nicolas Neykov, dans un entretien au Parisien.
Le groupe a reçu plus de 150.000 demandes de dédommagement et 90% de ces demandes ont été « satisfaites », avait-il précisé.
Ferrero a demandé la réouverture de l’usine d’Arlon dès le 13 juin. Le groupe, qui a reconnu des défaillances, annonce que 50% des contrôles sanitaires seront désormais réalisés par un laboratoire extérieur homologué alors que « pour l’heure » tout repose sur un système d’auto-contrôle en interne.