Un documentaire à voir et à faire voir
Par Rachid Mountassar
L’école de l’espoir, documentaire de Mohamed El Aboudi, offre un moment de cinéma dans lequel se mêlent sensibilité, intelligence et poésie.
Il ne s’agit pas de n’importe quelle poésie puisque le travail dominant par cadre fixe des espaces nus, désertiques par fois chauds et par autres fois froids et glaciaux nous mettent aux prises avec une réalité crue et cruelle: dans le monde rural oublié et marginalisé le simple droit d’accès à l’éducation est inexistant.
Dans ce monde invisible des laissé pour compte, de celles et ceux qui n’ont ni voix ni vissages, des semi citoyennes et des semi citoyens se battent au quotidien dans l’indifférence totale des responsables politiques (communes, régions et autres institutions étatiques). Ils se battent quotidiennement pour avoir de l’eau potable, pour avoir accès aux services de santé et une école censée jouée le rôle d’ascenseur social.
Ce documentaire représente à plus d’un égard une double maquette ethnographique et sociologique. Ethnographique car il nous révèle la vie quotidienne d’une population nomade dont la vie tourne autour de l’élevage des moutons et le système de “production” qui l’accompagne. Sociologique dans la mesure où on voit comment le noyau social, la famille, se répartit les tâches quotidiennes ardues laissant difficilement la place à la scolarisation “obligatoire” des enfants.
Dans ces maquettes cinématographiques le documentaire nous montre (envie d’écrire il nous crache à la figure) une image réelle de ce Maroc profondément démuni, sous-développé dans le plateau des montagnes du haut Atlas.
La nudité des espaces vastes, leur aridité brûlante, leur sécheresse terrifiante nous sont jetées sur la figure avec une douceur troublante. Soigneusement cadrés, hautainement fixes, ces espaces donnent à ce documentaire toute sa densité poétique. Ils deviennent ainsi un personnage à part entière dans ce film documentaire qui se sert de l’oxymoron pour nous faire voir et revoir les évolutions et les métamorphoses d’un univers contrasté dans lequel l’espoir fait briller le regard pur des élèves du monde rural oublié.