Le projet de loi de finances 2019 a entamé hier son périple législatif. Dans son exposé devant les deux Chambres du parlement, Mohamed Benchaâboun est revenu sur le contexte dans lequel le projet a été élaboré. A commencer par les mutations politiques et économiques au niveau international.
Le ministre de l’Economie et des finances cite particulièrement l’adoption de politiques protectrices et les tensions commerciales entre les grandes puissances, notamment entre les Etats-Unis et la Chine. Sans oublier les fluctuations des prix du pétrole et leurs effets.
Selon Banchaâboun, la hausse des prix du pétrole et du gaz ne sera pas sans impact sur les équilibres financiers. En effet, les prix ont augmenté de 40% par rapport à l’année dernière. Par conséquent, les dépenses de compensation pourront augmenter de 5 milliards de dirhams par rapport aux prévisions de la loi de finances de 2018. Et si l’on tient compte du recul des ressources tirées de la coopération étrangère, le déficit du trésor pourrait augmenter pour s’établir à 3,8% du PIB à fin décembre 2018 contre les 3% programmés dans le budget de 2018.
Benchaâboun a multiplié les arguments qui peuvent faire mouche auprès des parlementaires. «Ce PLF intervient dans un contexte interne dans lequel une mobilisation nationale est nécessaire pour concrétiser les instructions royales, notamment celles liées aux secteurs de l’emploi et de la santé», a-t-il dit. Le projet de budget consacre aux secteurs sociaux une enveloppe de 7 milliards de DH sous forme d’engagements du gouvernement.
A cela s’ajoutent 5 milliards de DH au titre de l’investissement public et 2,7 milliards supplémentaires pour exécuter les différentes réformes, particulièrement celles liées à la justice, aux CRI, au système de retraites, et à l’implémentation de la régionalisation. Selon le ministre, ces projets vont entraîner une hausse des besoins de financement du Trésor de plus de 27 milliards de DH au titre de 2019. «Ce qui nécessite de mobiliser des ressources supplémentaires afin de maitriser le niveau du déficit», a-t-il dit. Benchaâboun compte y faire face en améliorant le recouvrement des impôts des entreprises et d’exécuter de nouvelles mesures.
L’ambition est de mobiliser 5,7 milliards de DH supplémentaires par rapport aux dernières prévisions de 2018. Parmi les mesures prévues, la création d’une contribution sociale de la solidarité fixée à 2,5% sur les bénéfices des entreprises dépassant 40 millions de DH. A elle seule, cette mesure permettra au gouvernement de mobiliser 2 milliards de DH entre 2019 et 2020.
Pour booster ses ressources, le gouvernement propose aussi une cotisation minimale de 3% sur le prix de vente d’un bien immobilier. La mesure concerne les biens occupés à titre d’habitation principale depuis au moins 6 ans et dont le seuil minimum de prix de cession est fixée à 500.000 DH. Une nouvelle taxe dénoncée par aussi bien par les professionnels que les propriétaires. Mais c’est surtout le produit des cessions au secteur privé des participations de l’Etat dans les établissements et entreprises publics qui permettra de renflouer les caisses. La manne est estimée à 8 milliards de DH. L’on parle dans les couloirs de la privatisation de la RAM, Marsa Maroc et Maroc Telecom. Par ailleurs, les projets d’investissement seront aussi financés dans le cadre d’un partenariat entre l’Etat et les acteurs institutionnels. Ce montage permettra de dégager 12 milliards de DH.
Rappelons que le PLF table sur une croissance de 3,2% sur la base de prévisions d’une récole céréalière de 70 millions de quintaux, une moyenne du prix de gaz butane à 560 dollars la tonne et un déficit de 3,3%.
Hajar Benezha