Quand la diffamation et les insultes remplacent le dialogue franc et constructif

Le Chef du gouvernement se dérobe et ne répond pas à la Lettre ouverte n°2 lui adressée par le BP du PPS

M’Barek Tafsi

Le Secrétaire Général du Parti du Progrès et du Socialisme, Mohammed Nabil Benabdallah, a demandé à nouveau au Chef du gouvernement de répondre à la lettre ouverte qui lui a été adressée, le mardi 21 mai 2024, par le bureau politique du PPS, au lieu de donner l’ordre à un de ses lieutenants de riposter par la diffamation, l’insulte et des attaques personnelles à l’encontre de nobles militantes et militants du parti du Livre, qui se distinguent par leur droiture, leur sérieux, leur honnêteté et leur intégrité.

S’exprimant, lundi 27 mai lors d’une rencontre de communication au siège de la Chambre des représentants,  autour des développements politiques sur la scène nationale, programmée de longue date avec les membres du groupe du progrès et du socialisme à la Chambre des représentants avec à leur tête le président du groupe Rachid Hamouni, et en présence de membres du bureau politique et de représentants de la presse nationale, Benabdallah a souligné que ce qui intéresse le PPS en premier et dernier ressort c’est que le Chef du gouvernement réponde aux observations formulées dans cette lettre, par laquelle le PPS prend à témoin l’opinion publique du dialogue qu’il souhaite franc et constructif dans l’intérêt du pays et du peuple.

Le groupe parlementaire du PPS, meneur de l’opposition

Après avoir félicité les membres du groupe parlementaire du parti pour leur excellent bilan au sein de la Chambre des représentants et pour le travail qu’ils accomplissent, à travers leurs questions écrites et orales et leurs activités de contrôle du gouvernement, il a affirmé que le groupe du progrès et du socialisme se distingue aussi par ses efforts de coordination et de rapprochement des points de vue et des positions de l’opposition parlementaire. Il a également indiqué que le groupe parlementaire suit sur cette voie l’exemple de son parti, qui œuvre inlassablement pour concilier les différentes positions des membres de l’opposition dans le but de lui permettre de faire entendre sa voix, de faire face aux attaques du gouvernement et de proposer des solutions alternatives communes. Dans ce cadre, il reste beaucoup à faire, a-t-il toutefois reconnu.

Quant au Chef du gouvernement, a-t-il dit, il n’a pas toujours respecté le rendez-vous mensuel de venir répondre aux questions orales des parlementaires, pourtant prévu par la Constitution.

Au sein du parlement, qui constitue un espace politique par excellence pour l’exercice de la politique et de la démocratie, seules quelques propositions de loi ont été acceptées, a-t-il dit, estimant qu’un tel chiffre dérisoire témoigne de la place que le gouvernement accorde au parlement en tant qu’institution et pouvoir législatif.

Pour le gouvernement, le parlement n’est qu’une chambre d’enregistrement d’un exécutif qui prétend être un gouvernement politique, surtout qu’il dispose d’une majorité confortable.

La lettre du PPS a fait mal et suscité les réactions de grande bassesse

Selon le SG du PPS, les propos utilisés contre le PPS dénotent une grande bassesse, lesquels propos traduisent en fait le mal que la lettre du PPS a fait en exposant au grand jour devant l’opinion publique les 10 vérités sur les contre-performances du gouvernement, qui se targue d’avoir réalisé en deux ans et demi ce qu’il prévoyait de faire en cinq ans.     

Ce faisant, le Chef du gouvernement affiche un sentiment d’auto-satisfécit démesuré à propos du bilan à mi-mandat de son gouvernement, qui dépasserait toutes les attentes selon lui, c’est-à-dire, celles de son gouvernement et non des masses populaires.     

Pour le Chef du gouvernement, il s’agit d’un bilan exceptionnel, dont les réalisations équivaudraient à l’ensemble des prévisions du mandat de cinq ans. Il va plus loin en affirmant que ce bilan n’a jamais été réalisé dans le passé en cinq ans par aucun des gouvernements que le Maroc a connus.     

Evoquant la lettre royale citée par le lieutenant en question, le Secrétaire Général a rappelé que le PPS l’avait bien reçue et comprise. Le parti avait également expliqué à l’opinion publique avoir payé le prix de sa résistance et de son engagement au sein d’une alliance dans le but de protéger les institutions et les partis politiques en particulier contre l’arrogance et le danger que représentait le nouveau venu en politique, sous l’impulsion d’une personnalité qui vient de se retirer de la scène politique.

Que le gouvernement évite le style de la bassesse et réponde aux dix questions contenues dans la lettre N°2 adressée au Chef du gouvernement pour mettre en garde le gouvernement contre les dysfonctionnements et lacunes qui entachent son bilan de mi-mandat, a-t-il dit, tout en rappelant que le PPS n’a pas du tout l’intention d’obtenir un quelconque portefeuille durant l’actuel mandat gouvernemental avant les élections de 2026.

Le PPS ne vise pas de portefeuille et ne renoncera pas à ses critiques des défaillances du gouvernement

Que le RNI (Rassemblement national des indépendants) sache aussi que le PPS n’a nullement l’intention de cesser de critiquer le gouvernement de manière objective et responsable ou de se contenter de critiques « late », comme il le souhaiterait. Le PPS ne renoncera pas à sa ligne de conduite de critiquer et de recourir à tous les moyens constitutionnels, dont celui d’adresser des lettres au Chef du gouvernement, chose que le RNI, qui préside la majorité, ne partage pas en prétendant, sur la base d’une interprétation bizarroïde de la Constitution que le PPS est hors-jeu.

  Pour le RNI, le PPS doit cesser d’être aussi dynamique qu’il l’est maintenant, lui dont le bureau politique se réunit régulièrement et publie des communiqués. Le PPS, d’après le RNI, doit se contenter de ses activités au parlement pour débattre des questions qu’il désire soulever avec le gouvernement.  

   C’est ainsi que l’opposition n’est respectée et reconnue par l’actuel parti qui guide la majorité que quand elle applaudit le gouvernement. En adressant une lettre ouverte au Chef du gouvernement, le PPS n’essaie qu’attirer l’attention du gouvernement sur le fait que le discours de satisfaction qu’il tient dénote une certaine arrogance et explique en même temps les réponses basses données il y a deux jours. Partant encore plus loin de ses sentiments de vanité et de fierté excessive, le gouvernement prétend avoir réalisé ce que personne n’a réussi à réaliser jusqu’à présent. Mais ce qui est grave encore, c’est que le gouvernement a fini par croire vraiment en ce qu’il dit, alors que la réalité est tout autre.

Le gouvernement complètement déconnecté de la réalité 

   Ceci s’explique surtout par l’absence totale de ce gouvernement et sa déconnexion de la réalité, a ajouté le SG du PPS, qui a rappelé que ses propos ne concernent pas les élus des partis de la majorité qui vivent au milieu des citoyens.

   Et Benabdallah d’affirmer aussi qu’il parle plutôt de ceux qui sont bien installés dans des bureaux et font appel à des bureaux d’études et à des experts qui n’ont aucun contact avec la société pour leur préparer des courbes et des tableaux qui ne reflètent guère la réalité amère des citoyennes et des citoyens. C’est ce qui explique évidemment leur allergie excessive aux critiques adressées à ce gouvernement.

   Tout au long de son histoire de 80 ans, le PPS est connu par son respect de toutes les parties. Il n’a jamais attaqué personne. Tout le monde sait que le PPS est un parti sérieux dans ses propos et ses analyses et souvent avec des chiffres à l’appui, a rappelé le SG du PPS. 

   C’est le parti qui a toujours exprimé son opinion avec courage et a reçu des coups pour cela durant son histoire.  Et c’est ainsi que le Parti du Progrès et du Socialisme continue de lutter et d’être présent sur la scène parlementaire et en tant que parti dynamique. Le PPS est un parti vivant, attaché à son identité et à ses principes fondateurs tout en adaptant son action à la réalité.

  Et de rappeler que celui (NDLR : le président de la chambre des représentants) qui avait appris ses premières leçons de l’art oratoire au PPS, qui lui permettent aujourd’hui de s’exprimer au nom du parti qui gouverne, doit faire au moins preuve de respect envers ce parti qu’il dénigre aujourd’hui.

  Mieux encore, lors d’une séance plénière récente, ce personnage ne tarissait pas d’éloges envers le PPS, en affirmant qu’il s’agit d’un parti distingué qui joue un rôle fondamental dans l’opposition et que c’est un parti patriotique. Lors d’une dernière visite en Chine, il disait aussi en présence du président du GPS Rachid Hamouni, que ce dernier représente un parti séculaire, patriotique qui a 80 ans de lutte à son actif.  

   Mais qu’est ce qui a changé monsieur le président de la Chambre, s’est-il interrogé.

   Ce qui a changé, a-t-il répondu, c’est que le PPS a commis le crime d’avoir adressé au Chef du gouvernement la lettre N° 2, rappelant que la lettre N°1 avait reçu la même réponse. La dernière fois, c’était  un communiqué du même parti, qui n’était pas le destinataire de la lettre. Mais cette fois-ci la lettre N° 2 est enregistrée dans une vidéo.

   En donnant des instructions aux lieutenants, la seule réponse qu’on a reçue est celle qu’on a entendue, sans aborder la situation politique, l’emploi, la situation économique et le taux de croissance, la perte de confiance dans l’espace politique et le monde des affaires ainsi que d’autres questions brulantes. 

Le gouvernement cherche à faire taire le PPS

   A travers sa réponse, le gouvernement considère que le PPS ne doit pas répondre, lui qui avait reçu à l’instar d’autres personnes une lettre royale critique en ce qui concerne le dossier d’Al Hoceima. Rappelant qu’à l’origine, cette affaire remonte au scandale que le secteur de la pêche maritime dans la région avait connu après le décès survenu (NDLR : du poissonnier Mohcine Fikri) à cette époque, durant laquelle le RNI occupait le portefeuille du ministère de la pêche.

  On avait bien reçu cette lettre et avoir compris qu’elle était en rapport avec les positions du PPS, sa résistance et sa fidélité à une coalition gouvernementale, selon Benabdallah. Et tout le monde sait que le PPS respecte ses choix jusqu’au bout en tant que parti indépendant.

   Donc le PPS a payé le prix de sa position, chose dont tout le monde est au courant.

  Il a payé le prix de sa résistance devant les complots ourdis contre le paysage politique, fomentés par un personnage qui a quitté la scène politique…

Qu’on laisse le PPS s’acquitter de sa tâche dans l’opposition en tant que parti indépendant     

   Et le Secrétaire Général de recommander qu’on laisse le PPS tranquille, car si le président de la Chambre continue d’adresser des messages au parti, il doit le faire correctement en se limitant aux bilans des personnes lors de l’exercice de leurs fonctions officielles et non pas en s’attaquant à leurs personnes respectives, soulignant que l’attaque contre les personnes est l’arme des faibles.

  Mais ce qui est encore incompréhensible, c’est que le gouvernement ne répond pas en montrant ce qu’il a fait et ce qu’il n’a pas fait. Il répond de façon marginale et non officielle, par l’insulte et la diffamation, tout en prétendant que tout le monde a échoué et que le Maroc a pratiquement commencé en 2021, oubliant que le RNI fait partie des gouvernements que Maroc a connus depuis environ 45 ans.

  Selon le RNI, tous les gouvernements qui se sont succédé, depuis bien avant le gouvernement de l’alternance politique, ont échoué et seul l’actuel gouvernement dirigé par le RNI a réussi, oubliant aussi que l’ancien président du parti Ahmed Osman était Premier ministre.

Le PPS fidèle à ses relations avec le président fondateur du RNI

Tout en affirmant que le PPS apprécie hautement le parcours du RNI, à l’instar d’ailleurs d’autres partis politiques nationaux, il a indiqué que ce parti s’est distingué durant son histoire par sa contribution en matière notamment de renforcement de la démocratie et des droits de l’homme.

A l’époque, la direction de ce parti comptait de grandes personnalités avec lesquelles le PPS et sa direction entretenaient de bonnes relations, avec en tête le président fondateur Ahmed Osmane. Et Benabdallah d’affirmer qu’il entretient toujours des relations de respect avec lui, à un moment où personne ne demande de ses nouvelles.

Le PPS était au gouvernement avec le RNI et si on avait réussi, on a réussi ensemble et si on a échoué on a échoué ensemble, car la responsabilité est collective, a-t-il expliqué.

Et dire, que l’on doit rester au parlement pour discuter, il faut rappeler que c’est en dehors du parlement, que le RNI tenait dans le passé des réunions pour critiquer le gouvernement et que prétendre que les autres gouvernements n’ont rien fait n’est pas sérieux et qu’il s’agit en fait d’un discours rétrograde, a-t-il soutenu

Retour express à la lettre ouverte  

Revenant à la lettre ouverte adressée au Chef du gouvernement, il a souligné que c’est le bureau politique qui en est l’artisan et que sa rédaction est l’œuvre de militants du parti, qui consentent des sacrifices quotidiens pour servir leur parti.

Cette lettre a fait mal au RNI. Et c’est pour cela qu’il a osé s’attaquer au parti et à ses militants de cette manière, a-t-il dit, rappelant que la seule réponse du RNI, par le biais d’un autre responsable d’ailleurs, concerne le fait que le Maroc a été élu président du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies.

Mais ce qui incompréhensible à ce niveau c’est que personne n’ignore que cette élection du Maroc n’a rien à voir avec le RNI et qu’elle est le fruit des efforts diplomatiques du Maroc sous la supervision directe de Sa Majesté le Roi.

Et Benabdallah de recommander au RNI de faire preuve d’humilité, quelles que soient ses réalisations, qualité qui distingue les sages.

Et proférer des menaces à l’encontre d’institutions crédibles (HCP et CESE)  qui s’acquittent convenablement de leurs tâches, depuis une longue date, sans qu’aucun gouvernement précédent ne les menace, représente une violation de la Constitution.

Protéger le pays et ses institutions contre la prévarication et les prévaricateurs pour éviter le chaos

Et Benabdallah d’évoquer la lettre N°2, selon laquelle le gouvernement n’a rien fait sur le plan politique et démocratique, car cet espace dérange le gouvernement. Le gouvernement a en fait peur de cet espace. Avec l’actuel gouvernement, la protection des institutions contre la prévarication et les prévaricateurs pose problème depuis 2021. Il faut les protéger contre l’utilisation excessive de l’argent pour prévenir une véritable catastrophe en prévision des élections de 2026, si rien n’est fait. Surtout pour les partis politiques.

Les dernières élections ont été entachées d’irrégularités relatives à l’utilisation excessive de l’argent.

Que le gouvernement réponde aussi à la question de savoir pourquoi le taux de chômage a augmenté, pourquoi le climat des affaires empire de plus en plus, pourquoi le gouvernement refuse de mettre en œuvre les recommandations du Conseil de la Concurrence, pourquoi les prix des hydrocarbures sont toujours très élevés par rapport même à des pays sans hydrocarbures, pourquoi le gouvernement fait la sourde oreille aux appels visant à la préservation des ressources hydrauliques du pays face à leur exploitation à des fins surtout agricoles, alors que le pays a besoin d’eau potable.

Pourquoi le gouvernement refuse-t-il aussi de répondre à des questions précises concernant notamment la sécurité alimentaire et énergétique, la hausse des prix, l’aggravation de la pauvreté, et surtout les difficultés réelles dans le cadre de la mise en œuvre de la couverture sanitaire et du slogan de l’Etat social.

Selon le gouvernement, huit millions de personnes dont les noms ont disparu après leur transfert du RAMED n’existent plus.

Que le gouvernement réponde aux interrogations du PPS au sujet des difficultés rencontrées en matière d’octroi et de distribution du soutien direct, a-t-il dit, appelant encore une fois à l’adoption d’une loi de financement de ce soutien.

Il est également revenu sur l’essor réservé par le gouvernement au Nouveau modèle de développement, qu’il occulte à présent en bloc, avant de soulever d’autres questions concernant l’environnement.

Top