La Chine suspend les accords d’extradition entre Hong Kong et plusieurs pays

Dans une conférence de presse donnée ce mardi, Wang Wenbin, le porte-parole de la diplomatie chinoise, a annoncé que son pays «a décidé de suspendre les traités d’extradition entre Hong Kong et le Canada, l’Australie et le Royaume-Uni ainsi que tous les accords de coopération en matière de justice pénale».

Or, cette mesure de rétorsion ne revêt qu’une portée symbolique car, en signe de protestation, tous ces Etats avaient unilatéralement suspendu lesdits accords dès la promulgation, par la Chine le 30 juin dernier, de sa fameuse loi controversée sur la sécurité nationale à Hong Kong. Cette loi qui marque la fin de Hong Kong en tant que territoire libre et qui fait craindre, à l’opposition démocrate hongkongaise, un grave recul des libertés en vigueur, a été mise en place à l’effet de permettre à Pékin d’assurer la stabilité dans l’ancienne colonie britannique, de mettre fin au vandalisme qui, en 2019, avait émaillé les manifestations «pro-démocratie» qui s’étaient déroulées dans ce territoire qui compte 7,5 millions d’habitants et, enfin, de contrecarrer toute velléité d’indépendance.

C’est ainsi que, pour Claudia Mo, une députée hongkongaise du camp pro-démocratique, «cette loi est faite pour terroriser, intimider, réduire Hong Kong à néant, faire de Hong Kong un territoire dans lequel il n’y aura plus de dissidence, plus de manifestations, plus d’opposition».

Pour rappel, après la rétrocession, par les autorités britanniques, de Hong Kong à la Chine en 1997, les libertés individuelles y étaient protégées. Aussi, ses habitants jouissaient d’une autonomie sans aucune commune mesure avec celle en vigueur en Chine continentale et bénéficiaient d’une liberté de presse et même d’une justice indépendante; tout ceci, en application de la clause « un pays, deux systèmes » dûment fixée par l’acte rétrocédant ledit territoire aux autorités de Pékin.

Pour dénoncer la loi sur la sécurité nationale à Hong Kong qui constitue, à leurs yeux, un grave recul des libertés dans ce territoire dès lors qu’elle « sanctionne la subversion, la sécession, le terrorisme et la collusion avec les forces étrangères »,  Washington et plusieurs capitales occidentales avaient appelé la Chine à surseoir à sa promulgation. Cette dernière ayant fait la sourde-oreille, les ministres des Affaires étrangères des pays de l’Union européenne avaient décidé, le 13 juillet dernier, à Bruxelles, d’une part, de limiter les exportations d’équipements utilisables pour la surveillance et la répression à Hong Kong et, d’autre part, de mettre en place des dispositions permettant aux habitants de l’ancienne colonie britannique d’accéder facilement au vieux continent grâce, notamment, à des visas, des bourses et des échanges universitaires.

Après avoir déclaré, ce mardi, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Winston Peters, que «l’adoption par la Chine de la nouvelle loi sur la sécurité nationale a érodé les principes de l’Etat de droit (et) violé ses engagements auprès de la communauté internationale», la Nouvelle Zélande a mis en garde ses citoyens quant aux voyages dans l’ancienne colonie britannique au motif qu’elle ne peut plus «avoir confiance dans l’indépendance du système judiciaire de Hong Kong par rapport à la Chine».

Mais si, pour Pékin, tout ceci constitue une «ingérence grossière dans (ses) affaires intérieures», comment pourrait-on envisager la suite ? Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

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