MALI : Peuls et Dogons sur le chemin de la paix

Attendons pour voir…

S’il est vrai qu’un accord de paix, entre les Peuls et les Dogons, passerait au second plan en ce moment où, en se réunissant à Ndjamena, la capitale tchadienne, les cinq pays du Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina-Faso, Niger et Tchad) tentent de coordonner leurs actions dans le cadre de la lutte anti-jihadiste avec l’appui de Paris qui, après leur avoir envoyé un contingent supplémentaire de 600 soldats, a fait passer les effectifs des forces françaises dans la région de 4.500 à 5.100, il n’en demeure pas moins vrai qu’il pourrait, également, faire évoluer l’approche des dirigeants impliqués dans la résolution de la crise protéiforme qui sévit au Sahel.

Frontalier du Burkina-Faso, le cercle de Koro au Mali est très affecté par les violences inter-communautaires au cours desquelles plus de 728 personnes auraient péri ces trois dernières années mais, également, par des attaques menées, depuis 2015, par des jihadistes sous les ordres du prédicateur Amadou Koufa, affilié à Al-Qaïda

Pour rappel, les affrontements entre les Peuls, majoritairement éleveurs de bétail et les Dogon essentiellement agriculteurs, s’étaient multipliés ces derniers temps ; ce qui avait poussé les deux ethnies précitées à constituer des « groupes d’auto-défense ». C’est, d’ailleurs, parce qu’ils s’étaient appuyés sur cette puissante milice constituée de « dozos », des chasseurs traditionnels, dite « Dan Nan Ambassagou » (les chasseurs qui se confient à Dieu), que les Dogons avaient été accusés, par certaines ONG et même par l’ONU, d’avoir perpétré des massacres dans les villages Peuls.

Mais bien que les autorités maliennes aient attribué aux Dogons le carnage dont furent victimes, le 23 mars 2019, les villageois de Ogossagou, ceux-ci ont clairement imputé aux autorités de Bamako les exactions perpétrées dans le cercle de Kovo qui avaient poussé un grand nombre de Peuls à aller chercher refuge dans la périphérie de Mopti, la capitale régionale.

Autant de raisons pour lesquelles, selon un communiqué émanant de l’ONG suisse « Centre pour le dialogue humanitaire » spécialisée dans les médiations, les communautés Peule et Dogon,  qui condamnent les violences en cours dans la région et qui restent soucieuses d’y ramener la paix et la stabilité, ont signé trois accords les 12, 22 et 24 janvier derniers.

Ainsi, en vertu des accords précités, les deux parties se sont engagées « à garantir l’intégrité physique et la libre circulation des personnes, des biens et du bétail », à « respecter les us et les coutumes de tous » et à faciliter la fréquentation des villages par toutes les communautés. Elles se sont également engagées à inciter les membres de leurs communautés respectives, à « œuvrer en faveur de la paix en pardonnant tous les actes passés et en diffusant des messages de cohésion et d’apaisement ».

Mais, s’il y a lieu de rappeler que les accords similaires qui avaient déjà été signés entre les Peuls et les Dogons n’avaient pas résisté à la poursuite des violences, il est important de préciser que grâce à ces nouveaux accords de paix signés entre les deux parties, des Peuls ont pu, pour la première fois depuis 2018, « accéder au marché de Koro » ; ce qui est un grand acquis sur le chemin de la paix mais comme il reste à savoir s’il résistera aux velléités de puissance et à la perfidie des uns et des autres,  attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI  

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