«Notre filière a amorcés des résultats manifestement positifs»

Entretien avec Fouad Saa

Propos recueillis par  Moha Moukhlis

Le professeur Fouad Saa est Docteur en linguistique amazighe, enseignant chercheur à l’Université Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès (FLSH). Il est également Président de la Filière de la langue amazighe et coordinateur du Master de l’amazighe à la même faculté. Il a publié plusieurs articles scientifiques (en arabe et en français), réalisé des traductions en arabe, notamment les ouvrages «Revitalisation de la langue amazighe: Défis, Enjeux et Stratégie» d’Ahmed Boukous et «Graphie et orthographe amazighe» du Centre d’Aménagement Linguistique (IRCAM), et en amazighe: «Rubaâiyat Omar Al Khayam» (IRCAM). A son actif également un ouvrage intitulé « Aspect de la phonologie et de la morphologie de l’amazighe de Figuig» (publié par l’IRCAM). Enfin, M. Saa a encadré plusieurs thèses de Doctorat sur l’amazighe et a participé en tant que membre à plusieurs jurys de Prix nationaux.

Pour commencer, je vous demande un bref bilan de la recherche linguistique amazighe

Il m’est difficile de faire un bilan de la recherche linguistique amazighe vu le nombre de recherches menées récemment et actuellement ou déjà publiées par les chercheurs qui se font de plus en plus nombreux dans le domaine. Toutefois, on peut dire que la recherche en linguistique amazighe ne cesse de s’accroître et de se diversifier selon les langues dont les travaux sont publiés (Anglais, Français, Italien, Arabe et amazighe…) et selon les domaines de leur investigation sans oublier les thèses et mémoires de Master qui témoignent d’un avenir et d’une relève dans le domaine.

Quelle valeur ajoutée attribuez-vous aux traductions que vous avez réalisées?

La première remarque que je dois signaler et que mes traductions vers la langue arabe, notamment des deux ouvrages suscités, est d’actualité en cette phase d’implantation de l’amazighe dans le marché culturel, comme elles sont d’une première nécessité pour les étudiants des filières et enseignants de l’amazighe et tous ceux qui ont des difficultés à lire aisément en langues étrangères.

Pourquoi avoir consacré une partie de vos travaux à l’amazighe de Figuig?

En linguistique, il est préférable de travailler sur les données qu’on maitrise bien d’une part et d’autre part lorsque je préparais ma thèse aucune thèse n’a était soutenue sur ce parler et on ne connaissait que peu de chose sur cette variété de l’amazighe. Actuellement, on dispose de trois thèses dont deux sont publiées et de nombreux ouvrages et articles sur sa littérature et ses aspects linguistiques. Enfin, lorsqu’on s’intéresse à une variété de l’amazighe mal servie, on ne fait qu’élargir notre connaissance sur l’amazighe en général et apporter des réponses ou on ouvre des pistes de recherche sur des questions qui alimentent la curiosité et l’intérêt des chercheurs à étayer les modèles théoriques qui ne cessent de se développer avec le temps.

Etes-vous satisfait de la formation dispensée dans les Filières de l’amazighe (à Fès)?

Malgré les difficultés que nous avons rencontrées par moment à maintenir la progression prodigieuse de notre expérience à implanter les études amazighes à Fès, on peut dire que tout ce que nous avons accompli comme tache de dispenser des cours sur l’amazighe en licence et en master et de maintenir la continuité et l’épanouissement de cette structure par le recrutement de nouveaux professeurs compétents et de même spécialité, a donné beaucoup de satisfaction aux étudiants et à tous ceux qui suivent de prêt nos actions dans ce domaine de l’enseignement supérieur.

Quelles compétences sont acquises au niveau du Master de l’amazighe?

On dispose actuellement de deux masters accrédités par le Ministère qui offrent aux étudiants l’occasion d’approfondir leur connaissance et de développer leurs compétences en matière de littérature et de linguistique amazighes. En observant et en suivant les débouchés que ces masters ont ouvert à nos étudiants dont la majorité a intégré l’enseignement, on ne peut que se réjouir des résultats manifestement positifs que notre filière a amorcés.

Que représente pour vous l’officialisation de la langue amazighe?

L’officialisation de la langue amazighe me parait tout à fait naturelle dans un pays ou l’amazighe est ancestrale, vivant et vecteur d’une culture. Du point de vue juridique, son officialisation va lui permettre de prendre la place qui lui revient par sa présence dans le marché des biens linguistiques.

Quels sont vos futurs projets?

J’envisage m’occuper davantage des la recherche et mes passions de traductions et de renouvellement de mes connaissances et léguer mes responsabilités de gestion et de coordination à mes collègues pour qu’ils en assurent la relève et la continuité.

Votre dernier mot.

Je suis rassuré et satisfait des résultats et des acquis auxquels nous sommes arrivés, après plus d’une décennie d’acharnement sur la consolidation de la filière des études amazighe à Fès, et ce grâce à tous les efforts qui se sont conjugués, dans un contexte national d’innovation, pour soutenir et maintenir l’ouverture et la pérennité d’un département de langue et culture amazighes, à l’université Sidi Mohammed Ben Abdellah à Fès, à coté d’autres filières, qui ont pris depuis, la même initiative à Agadir, Oujda et Nador.

Étiquettes , ,

Related posts

Top